Brésil, Uruguay, Bolivie : Les urnes plus
fortes que les marchés
Jean Ortiz
Les «
latinos », appelés avec mépris « sudacas » en Espagne,
sont masos. Ils en redemandent ! Le latifundium
médiatique et ses « terratenientes » de la politique
pensaient « libérer », faire tomber le géant brésilien
pas assez docile à leurs mirettes, et non aligné sur la
« libre » entreprise, le « libre » commerce, la « libre
» soumission... Les adversaires de cette liberté en cage
préfèrent l’intégration régionale équitable aux
génuflexions enchaînées devant l’Union européenne et les
États-Unis. Les temps changent... « L’arrière cour des
États-Unis » est aujourd’hui la soumise Union
européenne.
Dilma,
donnée battue, et rebattue, et rabattue, n’est selon la
plupart des médias de l’empire qu’« élue de justesse ».
Je traduis : il est juste qu’elle soit élue avec 51,64%
des suffrages exprimés... tout comme l’avait été «
victorieusement » Monsieur Normal en France.
Après la
campagne haineuse, violente, calomnieuse, mensongère,
que Dilma a essuyé de la plupart des médias brésiliens
(aussi libres que sardines en boîte), et de tous les
candidats coalisés derrière le très droitier Aécio Neves,
sa réélection constitue un évènement majeur. Le clivage
gauche-droite a été réactivé et peut pousser Dilma à
s’attaquer au « modèle », à promouvoir des changements
structurels, une réforme politique... Le peuple
brésilien a majoritairement refusé le retour au
néolibéralisme pur et dur et non faussé. Il sait que les
salaires ont augmenté, que le taux de chômage est bas,
que la redistribution a sorti de l’extrême pauvreté plus
de 35 millions de personnes, et ce malgré tous les
malgré.
En Uruguay
voisin, le candidat du « Front large », l’ex-président
Tabaré Vasquez, « modéré », a obtenu plus de 47% au
premier tour ! « Pepe » le modeste, le vraiment normal,
a bien fait son taf. En Amérique du sud les malades se
portent bien, merci ! A faire rêver nos « démocraties
occidentales » en passe de devenir « Républiques
bananières ».
Et plus
encore : les Indiens boliviens ont flanqué une claque
magistrale au « poker du mal » : FMI, BM, OMC, UE, BCE.
« El Evo »
a dédié sa victoire à Fidel et à Chavez !! Des bolchos
!! Evo a été réélu pour la troisième fois dès le premier
tour avec 61% des voix. Des scores « soviétiques », à
faire crier au bolchévisme le patron du canard
vénézuélien « Tal Cual », Teodoro Petkoff, ancien
guérillero devenu « plus libéral que moi tu meurs » et
coqueluche des médias français.
Oh, rien
n’est irréversible, mais le « reflux », « l’usure », «
la restauration néolibérale », tant annoncés par les
cireurs de bottes de l’empire et du capitalisme,
finalement ces prédictions s’apparentent plutôt à la
marée montante. Que d’enseignements et d’encouragements
pour nous ! Que de raisons pour redoubler de
solidarité... Solidaires comme le soleil ; « inti » en
aymara, la langue de Evo Morales. « Jallalla » ! Vive !
Non non non
la révolution n’est pas morte.
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