Martin Hacthoun
LE lancement d’Arsat-1 a mis
l’Argentine sur la voie de la souveraineté satellitaire,
et offre l’occasion à l’Amérique latine de profiter des
avantages de ce succès scientifique et technologique.
« Nous construisons un grand pays satellitaire
», a déclaré Matias Bianchi, directeur du projet
Arsat depuis Kourou, en Guyane française, après le
décollage et le vol de la fusée Ariane-5, qui a
mis le capteur spatial en orbite de transfert elliptique.
« La souveraineté satellitaire est un fondement
essentiel, un outil pour l’indépendance technologique,
décidé par le président Nestor Kirchner lorsqu’il a créé
la Société argentine Satellital (Ar-Sat) », a
souligné Bianchi.
« Cette décision stratégique a pour but de
protéger les positions orbitales qui nous reviennent et
de nous permettre d’opérer avec des satellites fabriqués
en Argentine », a-t-il ajouté.
Pour le secrétaire des Communications, Norberto
Berner, qui s’est également rendu à Kourou pour
l’occasion, le projet Arsat est d’un intérêt
important pour le pays et la région, et il l’a défini
comme « un événement historique qui doit être
prolongé dans le temps ».
En termes pratiques, il s’agit d’une des réussites
technologiques les plus importantes réalisées par
l’Argentine ces derniers temps, et qui lui permet de
faire partie du groupe des sept pays qui, en dehors de
l’Union européenne, fabriquent des satellites.
Quatre d’entre eux sont des pays émergents et
appartiennent au groupe dynamique Brics : Russie, Chine,
Inde et maintenant l’Argentine.
Cette mise en orbite permettra au pays de ne plus
avoir à louer de satellites. Non seulement elle lui
confèrera la souveraineté et fera reculer la fracture
numérique, mais elle permettra aussi d’économiser les 25
millions de dollars par an de location.
Par ailleurs, a souligné Bianchi, ce satellite répond
à une politique d’inclusion sociale car son signal sera
capté par des écoles rurales et jusqu’à des endroits
auparavant inaccessibles par l’intermédiaire d’un câble
de fibre optique.
Ce satellite a été mis au point par le groupe
Ar-Sat, une société anonyme appartenant à l’État
argentin : 98 % sont gérés par le ministère de la
Planification et 2 % par celui de l’Économie.
Parmi d’autres applications, il étendra la diffusion
de la télévision numérique ouverte, assurera le réseau
Internet et le transfert de données, et il élargira le
champ de la téléphonie mobile. Arsat-1 a coûté
250 millions de dollars, un investissement qui sera
amorti en sept ans, ont annoncé leurs directeurs.
Ainsi, l’Argentine ne pas perdra pas la position
orbitale 81, très convoitée car elle couvre les
États-Unis jusqu’aux îles Malouines. Le Royaume-Uni
espérait l’acquérir par le biais de l’Union
internationale des télécommunications.
Un autre avantage : l’accès à Internet connaîtra une
baisse de prix, de même que les communications par
téléphonie mobile. La télévision numérique ouverte va
s’étendre, ce qui pourrait aboutir à une réduction du
coût des services de distribution.
Dans un discours à la télévision nationale après le
lancement du satellite, la présidente Cristina Fernandez
a déclaré qu’Arsat-1 bénéficiera aux
entreprises publiques – et également privées – pour
l’exportation de services.
Après avoir félicité les scientifiques impliqués dans
le projet, la présidente a déclaré : « au moment où
les vautours aux ailes noires veulent s’emparer du
présent, et d’autres de l’intérieur veulent abolir nos
rêves, nous leur disons que les rêves ne s’abolissent
pas, que l’avenir ne s’abolit pas. »
La chef de l’État a ainsi fustigé les fonds vautours
qui attaquent le pays, ainsi que les dirigeants de
l’opposition qui ont menacé d’abroger les lois récentes
adoptées par le Congrès et promulguées par son
gouvernement.
« Comme les ailes de l’Arsat, les ailes de
l’Argentine sont déployées : ce ne sont ni des ailes
d’abolition, ni de destruction, ce sont des ailes de
construction, ce sont les ailes blanches du progrès de
la science de la technologie, de l’égalité, de la patrie
», a souligné la présidente.
Elle a annoncé que 70 % de l’Arsat-2 est déjà
construit, qu’il devrait être lancé l’année prochaine,
ce qui permettra aux entreprises publiques et privées
d’exporter des services de télécommunications.
La présidente a aussi informé que l’Arsat-3
est déjà ébauché, ce qui va développer et optimiser
toute la fibre optique déployée au cours des dernières
années dans le pays. (PL)