Salim Lamrani
DEPUIS le début du mois de février 2014, les secteurs
d’extrême droite de l’opposition multiplient les actes
criminels au Venezuela dans le but de provoquer un
bouleversement de l’ordre constitutionnel et de
renverser le président démocratiquement élu Nicolas
Maduro. Les violences ont causé la mort d’une trentaine
de personnes, dont plusieurs membres des forces de
l’ordre. Le plan d’action a été élaboré dès janvier 2014
par trois leaders de l’opposition : Leopoldo Lopez,
président du parti Voluntad Popular, Maria Corina
Machado, députée à l’Assemblée nationale, et Antonio
Ledezma, maire de Caracas. Tous trois ont publiquement
appelé à un coup de force contre le gouvernement légal
et légitime de la République bolivarienne du Venezuela.

Le gouvernement des États-Unis mise sur
la rupture de l'ordre constitutionnel au
Venezuela pour renverser le président
démocratiquement élu, Nicolas Maduro. |
Dès le début, les États-Unis se sont opposés à Hugo
Chavez et à la Révolution bolivarienne, malgré son
caractère démocratique et pacifique. Depuis 1999,
Washington apporte un soutien politique, diplomatique,
financier et médiatique à l’opposition vénézuélienne. En
2002, George W. Bush avait même orchestré un coup d’État
contre le président Chavez avec la complicité de
l’oligarchie vénézuélienne, d’une partie de l’armée et
des médias privés du pays. Aujourd’hui, l’administration
Obama soutient ouvertement les tentatives de
déstabilisation de la démocratie vénézuélienne, en
apportant son concours à l’extrême droite.
Le Département d’État a ainsi défendu les
manifestations violentes au nom de « la liberté
d’expression ». Il a exigé des autorités vénézuéliennes
qu’elles libèrent les responsables de ces actes qu’il
estime « injustement détenus », alors que plusieurs ont
été arrêtés les armes à la main. John Kerry, secrétaire
d’État, a même menacé le Venezuela de sanctions.
Cependant, Washington se retrouve isolé sur le
continent américain. En effet, l’immense majorité des
pays de la région ont condamné les violences orchestrées
par l’opposition et ont apporté leur soutien au
gouvernement légitime de Nicolas Maduro. Le 7 mars 2014,
l’Organisation des États américains, traditionnellement
conservatrice et alignée sur Washington, et qui regroupe
l’ensemble des nations du continent à l’exception de
Cuba, a infligé un camouflet à l’administration Obama.
Une résolution, adoptée par tous les pays à l’exception
des États-Unis, du Canada et du Panama, a exprimé la «
solidarité » et l’« appui [de l’OEA] aux institutions
démocratiques, au dialogue et à la paix en République
bolivarienne du Venezuela ». Dans une allusion à la
position de Washington, l’OEA a appelé au « respect du
principe de non intervention dans les affaires
intérieures des États » et a exprimé « son engagement en
faveur de la défense des institutions démocratiques et
de l’État de droit ». Elle a également condamné
l’attitude de l’opposition en exprimant « son refus le
plus énergique de toute forme de violence et
d’intolérance ». Enfin, l’OEA a fait part de son « plein
appui ainsi que de son encouragement des initiatives et
des efforts du gouvernement démocratiquement élu du
Venezuela et de tous les secteurs politiques,
économiques et sociaux pour qu’ils continuent d’avancer
dans un processus de dialogue national ».

Maria Corina Machado (à gauche), Antonio
Ledezma (au centre) et Leopoldo Lopez (à
droite) sont les chefs de file de
l'opposition vénézuélienne dont Washington
se sert comme pions dans sa stratégie pour
provoquer la chute du gouvernement. |
De son côté, l’Union des nations sud-américaines, qui
regroupe les 12 pays de la région, a condamné « les
récents actes de violence ». « Toute demande doit être
canalisée de façon pacifique, par la voie démocratique
et en respectant l’État de Droit et ses institutions »,
a-t-elle souligné. Elle a également exprimé sa «
solidarité » avec « le peuple et le gouvernement
démocratiquement élu de cette nation » et a décidé de «
soutenir les efforts du gouvernement de la République
bolivarienne du Venezuela pour établir un dialogue »
avec tous les secteurs de la société. Dans une évidente
allusion aux États-Unis, l’UNASUR a fait part de son «
inquiétude face à toute menace contre l’indépendance et
la souveraineté de la République bolivarienne du
Venezuela ».
Michelle Bachelet, présidente du Chili, qui a
accueilli à Santiago du Chili la réunion de l’UNASUR, et
a manifesté son soutien total à Nicolas Maduro et
condamné les partisans de la rupture l’ordre
constitutionnel. « Nous n’accepterons jamais personne,
que ce soit un individu ou un pays, qui incite à travers
des mécanismes violents à renverser un président
légitimement élu », a-t-elle affirmé, dans une nouvelle
allusion aux États-Unis. Selon elle, les conflits
doivent être résolus par la « voie du dialogue et de la
paix ».
Cristina Fernandez, présidente de l’Argentine, a
également exprimé son rejet des tentatives putschistes
et a manifesté son soutien « à la démocratie
vénézuélienne », en rappelant que l’actuel pouvoir tire
sa légitimité des 18 processus électoraux sur 19 qu’il a
remportés lors des 15 dernières années. Elle a appelé
l’opposition à ne pas renoncer à la voie démocratique,
soulignant la possibilité d’organiser un référendum
révocatoire en 2016 à mi-mandat qui permettrait
d’organiser des élections présidentielles anticipées en
cas de victoire. « Le Venezuela est le seul pays de la
région à disposer d’un tel système qui permet de
révoquer le président », a-t-elle souligné. Par ailleurs,
elle n’a pas manqué de dénoncer les tentatives de
déstabilisation orchestrées par les États-Unis, et elle
a mis en garde contre les « interventions extérieures et
étrangères, car il serait désastreux de permettre que
des vents étrangers détruisent un pays frère comme le
Venezuela ». Fernandez a également dénoncé « la
tentative de coup d’État "de velour" contre la
République bolivarienne du Venezuela ».
Tout comme durant la présidence d’Hugo Chavez, les
États-Unis n’ont pas renoncé à s’attaquer à la
Révolution bolivarienne démocratique, pacifique et
sociale. Ils s’opposent au Président Maduro et
soutiennent l’opposition putschiste. De leur côté, les
médias occidentaux, principal relais de cette tentative
de déstabilisation, ont manifestement pris fait et cause
pour les partisans de la rupture de l’ordre
constitutionnel et contre la démocratie vénézuélienne.