AVEC la réélection du président Juan Manuel Santos,
les Colombiens ont sauvé le processus de paix en offrant
la possibilité de conclure d’une manière satisfaisante
les dialogues de paix avec les forces des guérillas –
qui opèrent depuis plus de 50 ans dans les profondeurs
de la jungle du pays –, et d’inaugurer, du moins
l’espère-t-on, une nouvelle étape démocratique dans la
politique de ce pays d’Amérique du Sud frappé par la
violence rurale et urbaine.

Le président Juan Manuel Santos a été réélu pour un
second mandat après avoir axé toute sa campagne sur la
paix avec les guérillas.
Juan Manuel Santos, qui a fait sienne la bannière de
la paix pendant sa campagne électorale pour un second
mandat jusqu’en 2018, a remporté une nette victoire sur
son rival, le candidat de la droite dure Oscar Ivan
Zuluaga, du Parti Cambio Democratico et poulain de
l’ancien président Alvaro Uribe, qui a échoué dans sa
tentative pour battre Juan Manuel Santos.
Le résultat est sans appel : 50,89% pour Juan Manuel
Santos avec 7,76 millions de voix, et 45% pour Oscar
Ivan Zuluaga avec 6,70 millions de voix. Viscéralement
hostile aux « terroristes » de la guérilla, Zuluaga
s’était engagé, s’il gagnait les élections, à mettre fin
au processus de paix, imposant de nouvelles conditions à
la poursuite des dialogues avec la guérilla, que celle-ci
aurait probablement refusées.
La réélection de Juan Manuel Santos a suscité
l’espoir de voir se poursuivre les discussions avec les
Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée du
peuple (FARC-EP) et aboutir à la fin définitive du
conflit après 19 mois de conversations à Cuba, l’un des
pays garants du processus.
Jusqu’à présent, les discussions dans la capitale
cubaine ont porté leurs fruits sur trois des cinq points
retenus par les deux camps. Pour les observateurs, le
moment de ramener la paix est venu en Colombie.
Face au risque d’une victoire de l’extrême droite,
qui pourrait signifier la fin du processus de paix, le
président Santos (conservateur) a reçu le soutien des
organisations de gauche, de la population indigène, des
syndicats, des paysans, des victimes du conflit, du
groupe de la Constituante de 1991, de vastes secteurs
d’organisations de femmes, d’intellectuels et d’artistes,
d’écologistes, de leaders politiques et d’hommes
d’affaires.
Cependant, le message envoyé par les électeurs ne
s’adresse pas seulement aux gouvernement, mais aussi aux
guérillas qui, sans renoncer à leurs principes se
doivent d’être attentives à la clameur populaire et
contribuer à opérer un changement dans la politique
colombienne, en faisant preuve de sérieux et de bonne
volonté.
À présent, le soutien accordé par les organisations
populaires, politiques et sociales devrait susciter une
réponse positive de la part du président réélu qui, dans
son premier discours après la victoire, a promis un
changement dans la composition politique de son Exécutif
et s’est engagé à « continuer d’œuvrer en faveur des
secteurs les plus vulnérables. L’enjeu était d’opérer un
changement de cap pour le pays à partir d’une cause : la
paix », a-t-il dit.
Une chose est sûre : lorsque le nouveau gouvernement
du président Santos commencera son mandat, le 7 août
prochain, la population et tous ceux qui lui ont apporté
leur soutien exigeront les changements attendus pour en
finir avec la violence, satisfaire les revendications
des paysans et assurer la tranquillité des Colombiens,
en dépit de la haine et des obstacles dressés par
l’extrême droite dirigée par Alvaro Uribe.
Ces élections devraient marquer le début d’une
nouvelle ère pour la Colombie, où les forces de
l’extrême droite redoubleront d’efforts pour saboter, à
travers des provocations, des attentats et des
assassinats politiques, le second mandat du président
réélu afin d’empêcher les changements promis. (Fragments
tirés de Cubahora).