Lidice Valenzuela
Garcia
LA Banque du Sud sort de sa léthargie. Sept ans après
l’émergence de cette idée au sein de l’Union des nations
d’Amérique du Sud (Unasur), le panorama politique de la
région a subi des pertes sensibles, comme le décès des
président Nestor Kirchner, d’Argentine, et Hugo Chavez,
du Venezuela, deux piliers de l’intégration. Depuis, de
nouveaux dirigeants sont apparus en Amérique latine.
Le
président Hugo Chavez a été l'un des grands promoteurs
d'une nouvelle architecture financière en Amérique
latine.
Le président Hugo Chavez, précurseur et défenseur de
l’intégration latino-américaine et caribéenne, faisant
référence à la création d’une banque de développement du
Sud, soulignait que cette institution serait… « différente
de celles qui existent déjà ». Et d’ajouter : « Garder
la plupart de nos réserves dans les banques du Nord est
simplement stupide ».
La gravité d’une telle situation se confirme de nos
jours avec l’Argentine qui, obligée de placer son argent
dans des banques à New York, voit les fonds qu’elle
avait déposés bloqués par un juge nord-américain qui
répond aux intérêts des grands capitaux impérialistes.
L’acte de constitution de la nouvelle entité au
service des intérêts économiques de pays membres de
l’Unasur – un vigoureux mécanisme d’intégration né
également sous l’impulsion d’Hugo Chavez –, fut signé à
la Casa Rosada de Buenos Aires, siège du gouvernement de
la République argentine. C’était en décembre 2007, la
veille du premier mandat de Cristina Fernandez de
Kirchner
Le document fut paraphé par les présidents du Brésil,
d’Argentine, du Venezuela, de Bolivie, d’Uruguay,
d’Équateur et du Paraguay, mais depuis, les résultats
n’ont pas été à la hauteur des espérances escomptées en
raison d’événements survenus dans notre région. Par
ailleurs, la nouvelle entité ne pouvait être créée sans
l’aval du Parlement de chaque pays.
Le Brésil n’a jamais ratifié l’Acte, et au Paraguay
le projet n’a pas fait l’objet d’une approbation
parlementaire.
Cependant,
les membres de l’Unasur estime qu’après la tenue au
Brésil, de la réunion du BRICS et de la tournée latino-américaine
des présidents de Russie, Vladimir Poutine, et de Chine,
Xi Jiping, l’Amérique latine se doit d’avoir une
contrepartie bancaire, surtout si les projets entre la
nouvelle Banque du BRICS (un fonds de 100 milliards de
dollars) et les pays d’Amérique du Sud sont mis en œuvre.
L’idée initiale du lancement de la Banque du Sud
était de se doter d’une entité régionale chargée de la
protection et de la promotion des économies nationales
sans avoir à se soumettre aux diktats des institutions
financières qui répondent aux intérêts des nations
hégémoniques comme les États-Unis et certains pays
membres de l’Union européenne qui contrôlent le Fonds
monétaire international (FMI) et la Banque mondiale
(BM).
Ces deux entités sont des instruments qui ont
démontré leur incapacité dans le développement des
nations sous-développées. Le FMI est, cela a été
confirmé par les réalités historiques, un instrument de
la politique extérieure des États-Unis, qui intervient
directement dans la politique de ses débiteurs.
La
Banque du Sud apparaît comme une alternative aux
institutions multilatérales de crédit.
Ce fonds dirige les politiques néolibérales qui,
après avoir mis en crise les économies nationales,
obligent les gouvernements à adopter des mesures
d’ajustement structurel contre leurs populations,
victimes de la cupidité de l’impérialisme US et des
grands capitaux mondiaux.
Quant à la Banque mondiale, elle intervient dans les
décisions ordinaires des gouvernements des pays endettés.
L’une de ses politiques consiste à obliger ces États à
privatiser leurs grandes entreprises afin qu’elles
soient rachetées par les transnationales nord-américaines
et européennes.
Les principaux objectifs de la Banque du Sud sont la
réduction de la pauvreté dans laquelle vivent 60
millions de Latino-américains, la promotion de l’équité
sociale et la croissance économique des pays de la
région. Par ailleurs, dans son rôle de promoteur du
développement économique et social, elle se veut une
entité de financement, de formation et d’assistance
technique.
Afin d’apporter du capital et recevoir de l’aide, il
faut tenir compte des différentes caractéristiques
individuelles des particularités de chacun des pays
membres. Par exemple, leurs réserves internationales
disponibles, la situation de la balance des paiements,
la participation du commerce international, le Produit
intérieur brut, etc.
Ceci dit, dans le cadre de la dynamique des nouvelles
relations établies par une grande partie des pays
latino-américains avec la Russie et la Chine, la Banque
du Sud connaît un nouvel essor grâce aux transformations
et aux politiques d’inclusion économiques et sociales
adoptées par plusieurs pays d’Amérique latine, comme la
Bolivie et l’Équateur.
Depuis le 2 juillet, trois réunions, dont une de haut
niveau, ont eu lieu pour décider de l’entrée en
fonctionnement de la Banque du Sud dans le deuxième
semestre l’année en cours. Celle prévue en ce mois de
septembre a pour but de revoir le chronogramme de mise
en œuvre.
À l’issue d’une récente réunion à Caracas des
présidents du Marché commun du Sud (Mercosur), le
président vénézuélien Nicolas Maduro a annoncé
l’approbation de documents visant à « accélérer les
pas » de la nouvelle entité bancaire.
Le président a mentionné l’accord permettant à la
nouvelle entité de « se rapprocher du processus de
création de la Banque des BRICS pour construire des
relations de travail ».
La 2e Réunion ordinaire du Conseil des ministres de
la Banque du Sud a entamé la procédure de nomination des
directeurs de l’organisme, ainsi que du comité ad hoc
chargé de la mise en service de la banque.
L’objectif prioritaire est d’établir les règlements
et les procédures dans les trois prochains mois. Un
chronogramme concernant les apports des pays membres a
également été adopté. Dans un premier temps, l’Argentine,
l’Uruguay, le Venezuela, l’Équateur et la Bolivie
verseront jusqu’à 170 millions de dollars. Le Paraguay
et le Brésil n’apporteront encore aucune contribution
tant que l’accord ne sera pas ratifié par leur Congrès
respectif.
Le gouvernement du président équatorien Rafael Correa
a été le premier à ouvrir un compte à sa Banque centrale
pour le dépot de 8 millions de dollars comme capital
initial de la Banque du Sud.
Le ministre équatorien des Affaires étrangères
Ricardo Patiño a signalé à la chaîne publique Ecuator TV
que la Banque du Sud « a beaucoup tardé à ouvrir ses
portes, alors que la décision a été prise il y a sept
ans », mais qu’elle peut commencer ses opérations avec
cinq pays.
Patiño a confirmé que « les pays les plus grands
déposeront 2 milliards de dollars pour créer un compte
de 7 milliards jusqu’à obtenir un capital de démarrage
de 20 milliards.
Même si nous sommes en train de compléter cette somme,
« nous estimons que la Banque du Sud peut déjà ouvrir
ses portes, qu’elle dispose des ressources et peut
commencer ses opérations ». Elle aura son siège à
Caracas et des succursales en Bolivie et en Argentine.
Le 26 janvier 2008, les pays membres de l’Alternative
bolivarienne pour les peuples de Notre Amérique (ALBA)
ont paraphé l’Acte de constitution de la Banque de
l’ALBA, quelques jours après la signature à Buenos Aires
du document établissant la création de la banque du Sud.
Aussi bien la Banque du Sud que la Banque de l’ALBA
constituent d’importants leviers pour le développement
économique et social des pays de notre Amérique et leur
affranchissement de la dépendance historique entraînée
par les dettes extérieures et les conditions imposées
par le grand capital (Tiré de Cubahora)