Les fonds vautours
résolus à
dépecer l’Argentine
Joaquin Rivery Tur
LES fonds spéculatifs des états-Unis dits « vautours »
car ils font leur apparition quand un État est aux abois,
sont résolus à ruiner les efforts de l’Argentine pour
sortir de ses difficultés financières.

La présidente argentine Cristina Fernandez a qualifié
les fonds vautours de prédateurs sociaux.
Le problème remonte à la crise financière de 2001 qui
déboucha sur un soulèvement populaire. Après le départ
du président Fernando de la Rua en décembre, quatre
présidents se succèdent en dix jours. Nestor Kirchner,
vainqueur des élections anticipées d’avril 2003, relance
l’économie et négocie un plan de restructuration d’une
dette extérieure qui s’élève à 100 milliards de dollars.
Ainsi, l’exécutif argentin lance des offres d’échange de
titres de dette à deux reprises, en 2005 et 2010,
auxquelles 93 des créanciers obligataires de l’Argentine
ont adhéré.
Dans le cas présent, il s’agit de fonds
d’investissement qui après le défaut ont acheté ces
titres pour 20% de leur valeur nominale et qui ensuite
ont refusé la proposition d’échange de 2005 et sa
réouverture en 2010 pour saisir la justice new-yorkaise
à l’encontre de l’Argentine.
Après avoir acquis les titres de la dette à des prix
dérisoires, ce petit groupe s’est présenté devant le
tribunal du juge Thomas Griesa, dans le district sud de
New York, pour exiger un remboursement intégral de la
créance argentine qu’ils avaient achetée pour une
bouchée de pain. Plus value espérée : 1 600% ! Ce qui
situerait ce pays d’Amérique du Sud au bord de la
faillite.
Le
juge fédéral nord-américain Thomas Griesa a démontré sa
partialité vis-à-vis des fonds vautours.
Le juge Griesa, vraisemblablement impliqué dans la
manœuvre visant à mettre l’Argentine le dos au mur, a
néanmoins nommé un intermédiaire pour mener les
discussions entre les fonds vautours et le gouvernement
de Cristina Fernandez, mais sans résultat, l’intention
étant de précipiter l’Argentine dans une situation de
défaut de paiement, ce qui provoquerait une crise sans
précédent pour son économie et une inflation fulgurante.
En réalité, 93% des créanciers ont accepté
volontairement de restructurer une partie de la dette
argentine, mais le juge Griesa a bloqué ces paiements
tant que tous les détenteurs de bons de la dette ne
seraient pas remboursés, empêchant ainsi Buenos Aires de
payer ses créanciers et plaçant le pays dans une
situation de « défaut sélectif ».
Cette décision est illégale, la législation de New
York établissant qu’il est interdit d’acheter une dette
dans l’intention de poursuivre le débiteur en justice.
Le juge Thomas Griesa ne semble pas bien connaître
les lois de son propre État et semble être allé trop
loin dans une collusion judiciaire avec les vautours de
la finance pour contourner cette interdiction.
Lors d’un litige avec un fonds vautour qui avait
débouché sur la saisie de la frégate Libertad dans un
port étranger, la présidente argentine Cristina
Fernandez de Kirchner avait rappelé que « les fonds
vautours se jettent sur les morts, sur les pays endettés
et en défaut de paiement. Ce sont des prédateurs
sociaux ».
Il est curieux de constater que même la Banque
mondiale estime que plus d’un tiers des pays ayant
rempli les conditions de leurs programmes de
rééchelonnement de leur dette souveraine ont été la
cible d’au moins 26 fonds financiers spéculatifs.
Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie, devait
déclarer au New York Times : « Nous avons eu beaucoup de
bombes autour du monde et celle-ci en est une que les
États-Unis tirent sur tout le système économique
mondial ».
Le ministre brésilien des Finances Guido Mantega a
appuyé la thèse du gouvernement argentin : « Je ne pense
pas que l’Argentine soit en défaut de paiement, car elle
est en train de rembourser sa dette. Elle affronte une
situation exceptionnelle, car c’est un juge des
États-Unis qui l’empêche de payer ».
La BM a précisé que les fonds vautours ont réussi à
se faire verser jusqu’à un milliard de dollars des
dettes souveraines, et réclament aujourd’hui 1,3
milliard à l’Argentine, ce qui représenterait une
catastrophe pour ce pays, et cette bombe US pourrait
infliger des dommages terribles à la restructuration des
dettes de pays développés devant prochainement recourir
à ce mécanisme. La décision du juge Griesa menace
d’aggraver la situation du monde pauvre.
Le gouvernement argentin a annoncé qu’il porterait
l’affaire devant la Cour internationale de justice de La
Haye contre la décision du juge Griesa.
Le secrétaire général de la présidence Oscar Parrilla
a annoncé que l’Argentine profitera de toutes les
tribunes internationales pour dénoncer les agissements
des fonds vautours. « L’Argentine recourra à toutes les
actions juridiques et politiques dans le cadre des
organismes internationaux, que ce soit la Cour
internationale de La Haye, le G-20 ou les Nations Unies »,
a-t-il dit.
Avec le soutien du Groupe des 77, du Mercosur, de
l’ALBA, de l’UNASUR et du Mouvement des pays non alignés « L’Argentine
veut aller plus loin. Nous irons sur toutes les scènes
internationales pour dénoncer et démontrer la barbarie
des fonds vautours, qui ont spolié plusieurs peuples,
notamment d’Afrique, en raison de leur faiblesse.
Aujourd’hui, ils sont face à un gouvernement, le
gouvernement argentin, qui ne va pas se laisser faire »,
a souligné le responsable argentin.