Un nouveau président
élu
au Costa Rica
• L’abstention atteint les 43 %
Joaquin Rivery Tur
LUIS Guillermo Solis, professeur d’histoire et de
sciences politiques, âgé de 53 ans, a été élu nouveau
président du Costa Rica sans difficultés, son adversaire,
Johnny Araya, ayant renoncé il y a plusieurs semaines à
faire campagne, sous prétexte de sondages défavorables,
du manque d’argent et de la mauvaise gestion
gouvernementale dont il a accusé la présidente Laura
Chinchilla.

Luis
Guillermo Solis a été élu à la présidence de
la République. |
Cependant, son nom apparaissait sur les bulletins,
puisque la Constitution costaricienne interdit à un
candidat de se retirer entre les deux tours.
Luis Solis prendra les rênes dupays à partir du 8 mai.
Pour beaucoup d’analystes, il devra faire face à une
tâche difficile du fait de la bureaucratie, de la
lenteur administrative et des pressions des entreprises
privées, a déclaré l’agence DPA.
Le lendemain de sa victoire, Luis Solis a promis de
lancer ce qu’il a appelé une « révolution à la
costaricienne ». Pour ce faire, il comptera sur le
soutien des plus de 1,3 million de voix obtenues le
dimanche 6 avril qui l’ont porté à la présidence.
Cependant, selon l’éditorialiste Ernesto Ramirez, le
fait que le nouveau président ne pourra pas compter sur
la majorité à l’Assemblée législative, où il n’a obtenu
que 13 sièges alors qu’il en avait besoin de 29 pour en
exercer le contrôle, vient s’ajouter aux difficultés de
Solis.
Bien que son adversaire J. Arraya, du Parti
Libération nationale (PLN), qui n’avait obtenu que 20 %
des suffrages au 1er tour, se soit retiré de la
campagne, il a obtenu 18 députés au Parlement, qui sera
un des plus divisés que le Costa Rica ait connu. Cela
conduira certainement Luis Solis à chercher des
alliances avec les groupes minoritaires, y compris les 9
députés du Frente Amplio, seul parti franchement de
gauche et qui n’a pas franchi la barre du second tour.
Parmi les difficultés qui l’attendent, le nouveau
gouvernement devra affronter les inégalités qui se sont
creusées ces dernières années et qui ont transformé le
Costa Rica en un des pays les plus inégalitaires
d’Amérique latine, avec une pauvreté de 20 % et un taux
de chômage qui a atteint les 7,3 % en 2013.
Dans ce pays d’Amérique centrale, l’autre obstacle
auquel Solis devra faire face est la corruption de deux
présidents qui ont été mêlés à des scandales qui ont
secoué le pays, et qui ont conduit les électeurs à
s’éloigner du PLN.
Solis a promis d’impulser une sorte de révolution
éthique et de transparence dans la gestion
gouvernementale, et c’est certainement ce qui lui a
permis de gagner les élections dans un pays où la
population semble lasse du bipartisme et de 8 années au
pouvoir du PLN. Il a annoncé qu’il négocierait cartes
sur table.
Pour les analystes politiques, une des grandes
préoccupations de ce début du 21e siècle est le trafic
de drogue, l’augmentation de la délinquance et du crime
organisé dans une société qui semblait tranquille. Luis
Solis s’est prononcé en faveur de la lutte contre ces
fléaux et le renforcement de la coopération avec des
pays comme les États-Unis, l’Union européenne, la
Colombie et le Mexique.
À propos de son futur gouvernement, le président a
appelé à l’unité nationale pour atteindre la prospérité
du pays. « Qu’il n’y ait plus de divisions entre
nous, que la pluralité porte ses fruits ».