LES résultats des élections législatives
anticipées qui se sont déroulées le 26
octobre dans une Ukraine divisée, confirment
la victoire attendue de la droite, qui
s’oriente vers l’application de mesures
conformes aux intérêts de l’Union européenne
et de l’OTAN.
Avec ces élections en Ukraine, à
l’exception des républiques populaires
autoproclamées de Donetsk et Lougansk, où
des élections se sont déroulées le 2
novembre, et où l’offensive de l’armée de
Kiev se poursuit, les secteurs putschistes,
aujourd’hui au pouvoir, entendent s’offrir
une légitimité et éliminer du même coup les
partisans du président déchu Viktor
Ianoukovitch.
Deux partis arrivent en tête : le bloc du
président Petro Porochenko, élu en mai
dernier, sur la promesse d’une alliance avec
l’Europe et une économie plus efficace, et
le Front populaire du premier ministre
démissionnaire Arseni Iatseniouk, ont fait
jeu égal avec environ 22% des suffrages
exprimés. Cependant, le scrutin étant
proportionnel, Porochenko obtiendrait
environ 132 sièges à l’Assemblée et
Iartseniouk, 82.
D’autres partis, qui ont franchi la barre
des 5%, des suffrages seront représentés au
Parlement : le parti Samopomitch (Entre-aide),
d’Hanna Hopko, maire de Lviv (ouest de
l’Ukraine), avec environ 11% des voix, suivi
du Bloc d’opposition, regroupant des anciens
membres du Parti des régions de l’ancien
président Viktor Ianoukovitch, environ 9%.
Le Parti radical d’Oleg Lyashko, qui se
profilait en deuxième position quelques
jours avant les élections devra se contenter
de seulement 7% des voix.
Quant aux ultranationalistes du parti
Svoboda (Liberté), ils entrent au Parlement
avec 6,3%, de même que le parti d’extrême
droite Batkivshchyna (Patrie), de l’ancienne
première ministre, Yulia Timochenko, qui
obtient une représentation in extremis, avec
5,6% des suffrages à ces élections.
Les partis pro-européens enlèvent donc la
majorité des sièges à la Rada suprême (300
sur 400), ce qui permettra à Porochenko de
former une coalition au Parlement pour
introduire des réformes structurelles et
demander son adhésion à l’Union européenne.
Il convient de signaler que la
participation atteint à peine 52% et que le
ministère de l’Intérieur a reçu plus de 300
rapports concernant des irrégularités au
cours du scrutin.
Quant à la Russie, soucieuse de reprendre
le dialogue pour sortir de la crise dans la
région, elle a reconnu ces élections, même
si elles n’ont pas concerné l’ensemble du
territoire ukrainien.
« Nous reconnaîtrons les élections, car
il est très important pour nous que des
autorités apparaissent enfin, qui ne se
consacrent pas à lutter les unes contre les
autres, ni à entraîner l’Ukraine à l’Ouest
ou à l’Est, mais à faire face aux réels
problèmes auquel le pays est confronté »,
a déclaré le ministre russe des Affaires
étrangères, Sergueï Lavrov, devant la presse
internationale.
Sur un ton conciliateur, le ministre
s’est dit « convaincu » que la Russie
trouvera un interlocuteur au sein du nouveau
gouvernement et à la Rada suprême. Il a
annoncé également qu’il prévoit de
rencontrer son homologue ukrainien dès que
celui-ci aura été désigné.
« Évidemment, nous n’avons jamais
suspendu les contacts ; j’ai même eu des
entretiens avec ceux qui n’ont pas été élus
et qui ont pris le pouvoir à travers un coup
d’État », a signalé Lavrov.
La disposition de Moscou de dialoguer
avec les nouveaux représentants de Kiev
répond à la volonté de revenir aux accords
de Minsk de cessez-le-feu du 5 septembre, de
même qu’au mémorandum de Paix du 19 de ce
même mois afin de créer une zone
démilitarisée entre l’armée ukrainienne et
les milices populaires.
Au-delà de la diplomatie, le ministère
des Affaires étrangères russe reconnaît que
la progression des nationalistes et des
radicaux au Parlement ukrainien ne fait
qu’aiguiser les tensions dans ce pays marqué
par une lutte politique interne et la crise
économique, une situation qui pourrait
amener le Parlement à recourir une nouvelle
fois aux armes pour résoudre les problèmes
par la force. (Rédaction Granma
international)