Monsieur le Secrétaire général,
Messieurs les chefs d’État et de
gouvernement,
Excellences,
Illustres délégués,
Nous vivons dans un monde globalisé qui
avance vers la multipolarité, à une époque
marquée par la menace à la survie de
l’espèce humaine.
Le gouvernement des États-Unis et l’OTAN
ne pourront pas inverser cette tendance à
travers un nouveau partage du monde par la
force des armes. Mais il existe un risque
sérieux : en tentant de le faire, ils
risquent de rendre ce monde ingouvernable.
Les énormes arsenaux nucléaires et
conventionnels accumulés, les dépenses
militaires annuelles imposées de 1 750
milliards de dollars, et la hausse des
dépenses militaires à un minimum de 2 % du
PIB exigée à tous les pays de l’OTAN, ne
sauraient résoudre les problèmes de la
pauvreté, la faim, les épidémies, les vagues
migratoires ni conjurer les crises de
l’économie mondiale, environnementale,
alimentaire, énergétique et hydrique.
Comme cela a déjà été démontré, là où
sera appliquée la dénommé « Guerre non
conventionnelle », décrite dans la
Circulaire d’entraînement 18-01 des Forces
d’Opérations spéciales, et les nouveautés de
la Révision quadriennale de la Stratégie de
défense des États-Unis, toutes deux datant
de 2010, le chaos s’imposera, à travers la
déstabilisation ou la destruction des
États ; la prolifération de groupes violents
et extrémistes ; la destruction des nations,
des cultures et des religions, lesquelles ne
manqueraient de menacer la paix, la sécurité
régionale et internationale.
Nous devons rejeter la militarisation du
cyberespace, le contrôle illégal et secret
des systèmes informatiques de certains pays
qui les utilisent dans des actes agressifs
contre des pays tiers, dans le but
d’encourager les conflits, ainsi que
l’espionnage global de gouvernements et de
sociétés entières.
L’application extraterritoriale des lois
des États-Unis, au détriment d’autres
nations souveraines, est de plus en plus
agressive, alors que certains ont de plus en
plus recours aux sanctions unilatérales,
notamment financières, en tant qu’instrument
de politique étrangère. L’utilisation de
leurs cours de justice pour imposer des
amendes exorbitantes, y compris à leurs
alliés, à travers des jugements qui violent
le Droit international, est devenu un
instrument de punition, de menace et
d’obtention malhonnête de ressources
financières.
Si les gouvernements négligeaient la
défense de leur souveraineté et
l’application de leurs propres lois afin de
protéger les normes du système financier
international, les légitimes intérêts
nationaux et ceux de leurs compagnies et de
leurs citoyens, ils créeraient les
conditions pour l’augmentation de ces
pratiques qui mettent en danger
l’indépendance des tous les États et
l’empire du Droit international.
Les grands centres médiatiques, de plus
en plus liés aux objectifs hégémoniques des
puissances occidentales poursuivent leurs
campagnes de désinformation, manipulent les
faits de manière éhontée et cynique, et
créent des matrices d’opinion publique qui
favorise l’agression.
Un ordre international est indispensable,
sans aucune place pour la philosophie de
guerre
L’intervention étrangère en Syrie doit
cesser. Il n’est pas possible que des
puissances occidentales encouragent,
financent et arment des groupes terroristes
pour les lancer contre un État, et tentent
de combattre leurs crimes dans un autre,
comme cela se produit en Irak.
Le gouvernement des États-Unis enfreint
le Droit international quand il lance, en
marge de l’Organisation des Nations Unies,
des bombardements unilatéraux, sans
respecter les frontières ni les États
souverains, même s’il le dissimule derrières
des coalitions douteuses.
La tentative de déployer l’OTAN jusqu’aux
frontières de la Russie aura de graves
conséquences pour la paix et la sécurité
internationales, et pour la stabilité de
l’Europe. Les sanctions contre la Russie
sont immorales et injustes.
Le déploiement stratégique nord-américain
en Asie-Pacifique créera des dangers pour la
souveraineté de tous les pays de la région.
Les crimes d’Israël contre le peuple
palestinien, récemment dans la Bande de
Gaza, ne doivent pas rester impunis, sous la
protection du veto au Conseil de Sécurité.
Il est temps que Palestine soit un État
membre des Nations Unies, qui doit être
établi dans les frontières de 1967 et avec
pour capitale Jerusalem-Est.
(Applaudissements)
L’Assemblée générale se doit d’exercer
les prérogatives qui lui concède la Charte,
dans la dangereuse et instable situation
actuelle, lourde de menaces et de défis. Le
Conseil de Sécurité doit être reconstruit
sur des bases de démocratie, de
transparence, de juste représentativité des
pays discriminés du Sud en tant que Membres
permanents et Non permanents, de crédibilité
et dans le strict respect de la Charte des
Nations unies, sans double standard,
procédures obscures ni veto anachronique.
L’organisation des Nations Unies a besoin
d’une profonde réforme et de la défense de
ses principes. Le Secrétariat général doit
être le défenseur et le garant de la paix
internationale.
M. le Président,
Les 1,2 milliard de personnes qui vivent
dans l’extrême pauvreté, les 842 millions
qui souffrent de faim chronique, le 774
millions d’adultes analphabètes et les 57
millions d’enfants non scolarisés nous
confirment que les Objectifs du millénaire,
méthodologiquement contestables, ont été un
mirage.
Il a manqué et il manque la volonté
politique des gouvernements des États
industrialisés, dans lesquels prévaut un
égoïsme aveugle et inefficace. Des centres
transnationaux voraces ne cessent de
concentrer la propriété sur d’immenses
ressources. L’inégalité dans la distribution
de la richesse est de plus en plus brutale.
Il faut, inéluctablement, un nouvel ordre
économique international.
Dans ces circonstances, la concertation
de l’Agenda du développement ultérieur à
2015 pourra difficilement être un espoir.
Cependant, il faut le tenter comme la tâche
la plus impérative. Cela doit être le
résultat d’une négociation
intergouvernementale et inclusive. Le
document qui en résultera ne doit pas être
l’interprétation du consensus pour certains,
mais le consensus lui-même.
Il est urgent de donner la priorité à
l’Afrique sub-saharienne. Nous devons faire
face, de façon conjointe et déterminée, à
travers une coopération suffisante et
authentique, à l’épidémie d’Ébola qui touche
certains pays du continent.
Cuba a décidé de maintenir sa coopération
médicale dans les 32 pays africains où plus
de 4 000 spécialistes prêtent leurs
services, et de l’étendre, sous la direction
de l’OMS, aux autres pays les plus touchés,
comme nous l’avons indiqué. Nos médecins et
personnels de médecine le feront de façon
volontaire.
Nous appelons la communauté
internationale, notamment les États
industrialisés, qui disposent de grandes
ressources, de répondre énergiquement à la
convocation des Nations Unies et de
l’Organisation mondiale de la Santé, afin de
pouvoir compter immédiatement sur les
ressources financières, sanitaires et
scientifiques nécessaires pour éradiquer ce
fléau et empêcher qu’il ne fasse davantage
de victimes.
Ils doivent également apporter les
ressources nécessaires pour soutenir
l’Agenda 2063 de l’Union africaine, qui fixe
la feuille de route pour le développement de
cette région.
Au cours de ces cinq décennies, 325 000
travailleurs cubains de la santé ont apporté
leur aide à 158 pays du Sud, dont 38 pays
africains, où 76 000 coopérants ont prêté
leurs services. Par ailleurs, 38 000
médecins ont été formés de 121 pays, parmi
lesquels 3 392 originaires de pays africains.
Si Cuba, un petit pays pauvre et soumis
au blocus l’a fait, que ne pourrions-nous
faire en faveur de l’Afrique avec la
coopération de tous, notamment des pays les
plus riches ?
M. le Président,
Au 2e Sommet de la Communauté
des États latino-américains et caribéens, à
La Havane, nous sommes convenus que, pour
atteindre l’objectif de sociétés plus justes
et inclusive, il est indispensable d’assurer
une meilleure distribution de la richesse et
des revenus, d’éradiquer l’analphabétisme,
de garantir une éducation de qualité pour
tous, une véritable sécurité alimentaire et
des systèmes de santé à couverture
universelle, entre autres droits humains.
La Proclamation solennelle de l’Amérique
et la Caraïbe comme Zone de paix, signée par
le chefs d’État et de gouvernement, consacre
le respect des principes et des normes du
Droit international ; la promotion d’une
culture de paix, du désarmement nucléaire et
du désarmement général et total, ainsi que
le droit inaliénable de chaque État à
choisir son système politique, économique et
social.
Nous avons également pris l’engagement de
faire de l’Amérique latine et la Caraïbe un
territoire sans colonialisme, et défendons
le droit inaliénable du peuple de Porto Rico
à l’autodétermination et à l’indépendance.
Le Sommet de La Havane a reconnu que les
crises économique, financière, et
environnementale actuelles frappent avec une
force particulière les petits États
insulaires en développement, dont les
nations de la Caraïbe. Leurs efforts pour
améliorer le bien-être de leurs populations
ne devraient pas être punis, en les
qualifiants de pays à rente moyenne à
travers le calcul schématique des revenus
per capita, sans que leurs particularités et
leurs vulnérabilités ne soient prises en
compte.
Dans la CELAC, la région de l’Amérique
latine et de la Caraïbe a trouvé un espace
autochtone et légitime où forger, depuis sa
riche diversité, l’indispensable unité pour
réaliser les rêves de ses Héros illustres
d’obtenir l’indépendance définitive de
« Notre Amérique » et d’apporter une
contribution substantielle à l’ « équilibre
du monde ».
Des événements importants ont joué un
rôle significatif dans cet effort, comme la
rencontre BRICS-UNASUR, la réunion des
dirigeants de Chine et des pays d’Amérique
latine et les Caraïbes, et la constitution
du Forum CELAC-Chine à Brasilia, en juillet
dernier, comme il avait été décidé à La
Havane.
Nous saluons la Déclaration de Forteleza,
également adoptée à ce même moment au
Brésil, au 6e Sommet des BRICS,
dont les économies représentent 25% du PIB
mondial et qui regroupent près de 40% de la
population de la planète, ainsi que la
constitution de la Nouvelle Banque de
développement et d’un Fonds commun de
réserves de devises, qui sont essentiels
pour le pays du Sud et pour la construction
d’une nouvelle architecture financière
internationale.
Nous exprimons toute notre solidarité à
la Révolution bolivarienne et chaviste qui
lutte et se défend des actions de
déstabilisation et de l’ingérence
extérieure, sous la direction du président
Nicolas Maduro.
Nous appuyons la digne bataille de
l’Argentine contre le fonds spéculatifs et
nous opposons aux décisions des Cours
étasuniennes constituant des formes
d’ingérence et une violation du Droit
international. De même, nous réaffirmons
notre ferme soutien aux droits légitimes de
l’Argentine sur les Îles Malouines.
Je renouvelle notre soutien invariable à
la lutte que livre l’Équateur face à la
spoliation et aux dommages écologiques
provoqués par l’activité des
transnationales.
À la veille de la Décennie internationale
des Afro-descendants (2015-2024), nous
aimerions rappeler que nous fêtons cette
année le 210e anniversaire de
l’indépendance d’Haïti, dont la Révolution
antiesclavagiste et indépendantiste fut le
signe avant-coureur des mouvements de
libération en Amérique latine et dans les
Caraïbes. Haïti mérite une contribution
spéciale pour sa reconstruction et son
développement, sous la direction souveraine
de son gouvernement, et nous exhortons la
communauté internationale en ce sens. Nous
appuyons la demande de la Caraïbe d’obtenir
réparation des puissances étrangères pour
les horreurs de l’esclavage.
M. le Président,
Le Département d’État a une nouvelle fois
inclus Cuba dans sa liste unilatérale et
arbitraire des États soutenant le terrorisme
international. Son but véritable est de
durcir la traque de nos transactions
financières internationales dans le monde
entier et justifier sa politique de blocus.
Au cours de l’actuelle administration, il
s’est opéré un durcissement sans précédent
du caractère extraterritorial du blocus,
avec un accent marqué et sans précédent dans
la sphère financière, à travers des amendes
multimillionnaires à des entités bancaires
de pays tiers, comme par exemple l’amende
scandaleuse et injuste infligée à la banque
française PNB Paribas.
Il ne renonce pas non plus à promouvoir
la déstabilisation à Cuba ; il destine
chaque année des budgets millionnaires et
recourt de plus en plus fréquemment à des
méthodes secrètes, à travers les
technologies de l’information et des
communications.
Le projet ZunZuneo, de l’USAID, qui viole
non seulement les lois cubaines, mais celle
de son pays, en est la preuve la plus
récente.
Les dernières révélations sur le
recrutement de jeunes de notre continent
pour des actions de subversion à Cuba,
financées et exécutées par l’USAID,
confirment les nombreuses accusations du
gouvernement cubain sur la poursuite des
projets illégaux destinés à renverser
l’ordre interne, et qui constituent une
violation de la souveraineté cubaine et de
pays tiers, ainsi que du Droit
international.
Il est indispensable de rappeler que, ce
mois-ci marquera les 16 ans de l’injuste
incarcération de trois Cubains du groupe des
Cinq – Gerardo, Ramon et Antonio –, qui ont
fait face avec le plus grand altruisme aux
plans terroristes organisés sur le
territoire des États-Unis contre notre pays.
Je le répète, au nom du peuple et du
gouvernement de Cuba, nous n’aurons pas de
répit tant qu’ils ne seront revenus dans la
Patrie.
Cuba, pour sa part, demeure sereine et
prête à participer à un dialogue
mutuellement respectueux, responsable, sur
des bases réciproques, avec le gouvernement
des États-Unis.
En même temps, notre pays avance dans le
processus de mise à jour de son modèle
socio-économique, au milieu d’un contexte
international adverse, marqué par la crise
économique mondiale et le durcissement du
blocus.
La mise à jour du modèle économique
cubain a pour but d’assurer le bien-être,
l’équité, la justice sociale pour tous les
Cubaines et les Cubains. Les changements que
nous réalisons cherchent à préserver les
conquêtes de la Révolution, pour lesquelles
tant de générations ont lutté. Ils ont pour
but la construction d’un socialisme cubain
chaque fois plus juste, prospère et durable.
Merci beaucoup (Applaudissements).