L'ANC
conserve sa majorité parlementaire en
Afrique du Sud
Jorge V.
Jaime
LE Congrès national africain (ANC) a fêté
les 20 ans de gouvernement démocratique
multiethnique en Afrique du Sud avec une
nouvelle victoire électorale qui ouvre la
porte à un second mandat au président Jacob
Zuma.
Après le traitement des données
recueillies auprès des 22 263 bureaux de
vote répartis à travers le pays, la
Commission électorale indépendante (IEC) a
officiellement annoncé la victoire de l’ANC
dans huit des neuf provinces du pays, avec
près de 62,7% des suffrages.
Le mouvement de libération qui a renversé
l’apartheid, et dont Nelson Mandela fut la
figure de proue, a montré au monde que son
empathie avec le peuple de la nation arc-en-ciel
n’a pas diminué après 20 ans de pouvoir, en
dépit de l’usure politique qu’entraîne
logiquement une telle responsabilité.
Plus de 16 millions de bulletins ont été
vérifiés par la Commission électorale, soit
plus de 95% du total national.
Ainsi, l’ANC a obtenu trois fois plus de
votes que la deuxième force politique du
pays, le parti de l’opposition DA (Alliance
démocratique), à majorité blanche, qui reste
aux commandes de la province de Western
Cape, dans le sud du pays, et dont le
chef-lieu, Cape Town, est la deuxième ville
la plus peuplée d’Afrique du Sud après
Johannesburg.
L’affluence massive aux urnes du peuple
sud-africain est interprétée comme une
réponse positive aux nombreux programmes mis
en œuvre par l’ANC contre le chômage, la
pauvreté et la pénurie des soins de santé et
en faveur de la justice sociale en général.
Ce soutien majoritaire de la population a
fait taire les voix qui, dans les rangs de
l’opposition, annonçaient l’échec cuisant de
Zuma et de l’ANC à ces cinquièmes élections
législatives de l’ère démocratique.
Fondé le 8 janvier 1912 dans la petite
église de Waaihoek Wesleyan, à Bloemfontein,
l’ANC compte aujourd’hui environ un
demi-million de membres et des centaines de
milliers d’activistes volontaires à travers
le pays.
Membre de l’Internationale socialiste,
l’ANC demeure le mouvement de libération
national le plus ancien du continent. Son
principal programme est basé sur la
proclamation de la Révolution démocratique
et revendique un système social favorisant
l’épanouissement intellectuel, éducatif et
économique des citoyens.
Depuis l’arrivée de l’ANC à l’Union
Building (siège de la présidence de la
République), en 1994, la proportion des
Sud-africains en situation de pauvreté a
diminué de 41% à 31%, selon les statistiques
de la Banque mondiale. À l’heure actuelle
plus de 16 millions de personnes reçoivent
des subventions du gouvernement.
Depuis le premier gouvernement
démocratique, présidé par Nelson Mandela,
l’économie sud-africaine a enregistré une
croissance moyenne annuelle de 3,3%, et son
Produit intérieur brut est de l’ordre de
525 milliards de dollars par an.
Environ 15 millions de personnes ont
actuellement un travail en Afrique du Sud,
ce qui représente le taux d’emploi le plus
élevé de son histoire. Plus de 650 000
emplois ont été créés en 2013 dans ce pays,
qui est la première puissance économique du
continent.
À l’issue des élections nationales du 7
mai, trois nouveaux partis politiques
minoritaires auront, pour la première fois,
au moins un député au Parlement : l’EEF (Combattants
pour la liberté économique), le National
Freedom Party et l’African Independent
Congress.
L’autre surprise, c’est que la Democratic
Alliance a battu l’Inkatha Freedom Party (IFP)
des traditionalistes zoulous dans leur fief
du KwaZulu-Natal, une très mauvaise nouvelle
pour le chef Mangosuthu Buthelezi, à la tête
de ce mouvement depuis 1975.
L’Afrique du Sud est une république
parlementaire, où il n’existe pas
d’élections présidentielles : ce sont les
élections législatives qui tranchent en
confiant la présidence de la République au
parti ayant la majorité des sièges à
l’Assemblée nationale. Les Sud-africains
viennent de choisir leurs représentants au
Parlement et au Conseil des provinces
(Chambre haute) qui, dans les prochains
jours, éliront le président de la République.