Porochenko, président de toute l'Ukraine ?
Odalys
Buscaron Ochoa
LE nouveau président ukrainien Petro
Porochenko s’est engagé, lors de son
discours d’investiture devant le Parlement,
à maintenir l’unité d’un pays divisé,
entraîné dans une guerre et dont une partie
de la population opposée à l’ordre imposé
par l’Occident est soumise aux bombardements
et aux persécutions.
Le
nouveau président ukrainien Petro Porochenko,
qui a annoncé que son cap serait une entrée
à terme de l'Ukraine dans l'Union européenne,
est loin de faire l’unanimité dans l’est du
pays.
Porochenko est un homme d’affaires
proeuropéen ayant occupé plusieurs postes
ministériels, et l’un des oligarques qui ont
financé les révoltes antigouvernementales de
la place de Maidan à Kiev, qui ont débouché
sur le coup d’État contre le président élu
Viktor Ianoukovitch.
Petro Porochenko, qui s’est présenté en
candidat indépendant, ne cache pas ses
préférences pour ladite « clique de Kiev »
qui agit en étroite collaboration avec les
États-Unis et de connivence avec des groupes
fascistes, et il s’est prononcé contre « la
terreur séparatiste » prorusse, de plus en
plus vive dans l’est du pays.
Pour Viatcheslav Ponomarev, le maire
populaire de Slaviansk, ville de plus de 100
000 habitants au nord de Donetsk, devenue la
place forte des séparatistes dans l’est de
l’Ukraine, Porochenko n’est pas digne de
confiance et on ne peut lui prêter aucun
crédit.
Pour
Viatcheslav Ponomarev, le maire populaire de
Slaviansk, Porochenko n’est pas digne de
confiance.
« Je n’ai rien à discuter avec lui », a
répondu Ponomarev en réaction à la promesse
de Porochenko de dialoguer avec les « représentants
pacifiques du Donbass ». Avant d’ajouter que
personne dans ce territoire n’attend le
président milliardaire.
Selon le magazine Forbes, la fortune du
« roi du chocolat » serait estimée à 1,3
milliard de dollars.
À Donetsk, le Premier ministre de cette
république autoproclamée, Alexander Borodaï,
a déclaré en réponse à certains propos de
Porochenko selon lesquels l’Ukraine restera
un État unitaire et l’ukrainien y sera
l’unique langue officielle que ces
déclarations n’intéressent pas les
dirigeants de la République populaire de
Donetsk, car il s’agit de propos « tenus par
le président d’un autre État ».
« Je tiens à rappeler que le référendum
sur l’indépendance de la République de
Donetsk s’est déroulé le 11 mai, et que
depuis, notre république est un État
indépendant », a-t-il souligné.
À l’instar des États-Unis et de l’Union
européenne, les autorités de Kiev refusent
d’admettre le résultat des consultations
populaires de Donetsk et Lougansk, deux
régions où près de 90% des participants au
scrutin ont voté pour l’indépendance.
Kiev a également refusé la proposition
russe de fédéralisation de l’Ukraine pour
trouver une solution au conflit interne.
Les chefs des régions rebelles affirment
que toute négociation passe d’abord par la
cessation des combats et le retrait des
forces régulières et des commandos de
répression de ces territoires.

La population
russophone, majoritaire dans le sud-est et
le sud du pays, est favorable à une
fédéralisation de l’Ukraine et à la
sauvegarde de ses coutumes, notamment de la
langue russe.
Après s’être proclamé vainqueur des
élections présidentielles, Porochenko a
ordonné aux militaires de nettoyer les
régions de Donetsk et de Lougansk avant son
investiture, le 7 juin.
« Il s’agit de notre terre, de notre
religion, l’orthodoxie, de notre mode de vie,
de celui de nos aïeuls. Le peuple doit se
sentir libre. C’est notre terre et nous ne
la céderons à personne », a affirmé quant à
lui le maire de Slaviansk.
Pour le leader du mouvement alternatif
Sud-Est et député Oleg Tsariov, « le
gouvernement central n’est pas prêt à
dialoguer avec les habitants de l’est du
pays ».
« Des bombardements et des combats
intenses ont commencé le 7 juin à Slaviansk,
et, dans son premier discours en tant que
chef d’État Petro Porochenko n’a pas donné
l’ordre d’arrêter l’opération punitive », a
déclaré Tsariov à la chaîne Rossia 24.
Ce politicien de l’opposition poursuivi
par le régime de Kiev a averti que depuis
son investiture, Porochenko assume
juridiquement toute la responsabilité pour
les conséquences de l’opération militaro-policière
déclenchée depuis la mi-avril par les
autorités (de facto) ukrainiennes contre le
sud-est du pays.

Funérailles
de militants fédéralistes à Slaviansk.
« Il doit condamner les actions du
gouvernement précédent, les qualifier de
criminelles et ordonner une enquête. Telles
sont les conditions préalables à un éventuel
dialogue », a déclaré ce député de
l’opposition qui a été dépouillé de son
immunité parlementaire par la nouvelle
majorité législative.
Tsariov a signalé au quotidien russe
Izvestia, que ses accusations contre les
fascistes usurpateurs du pouvoir et leurs
crimes n’ont pas du tout plu aux gouvernants
ukrainiens.
« C’est pourquoi ils ont incendié ma
maison et mon bureau de député, ont levé mon
immunité parlementaire et veulent m’arrêter »,
a-t-il dit.
Il a précisé que le pouvoir actuel a
perdu tous les ressorts d’influence, et que,
réduit à l’impuissance, il est prêt à
adopter n’importe quelle mesure. De son avis,
Porochenko ne tiendra pas longtemps au
pouvoir.
Les propos du nouveau président n’ont pas
du tout plu à Lougansk, où le chef de la
République populaire autoproclamée de Valeri
Bolotov a déclaré au Service russe
d’information que les promesses de
Porochenko ont été accueillies avec méfiance
par les dirigeants et la population de cette
région soumise aux bombardements.
Une économie en faillite, un
mécontentement social grandissant et une
polarisation croissante du pays en raison
des actions répressives du pouvoir central,
ainsi qu’une guerre fratricide diminuent
d’autant les possibilité d’une solution à
court terme en Ukraine avec le cinquième
président au gouvernail. (PL)