ZunZuneo
: l’histoire est plus
longue et continue...
Iroel
Sanchez
LE scandale déclenché par les révélations
de l’agence AP sur la création dans le plus
grand secret, par le gouvernement des États-Unis,
d’un réseau de messagerie appellé ZunZuneo,
qui utilisait la téléphonie mobile pour
renverser le gouvernement cubain, à travers
l’agence gouvernementale des États-Unis pour
l’aide au développement (USAID), ne cesse de
se répandre dans les médias malgré les
efforts de la Maison-Blanche et du
Département d’État pour étouffer l’affaire.
Pourtant, il reste bien des détails dont on
ne parle pas et des questions que l’on ne
pose pas.
Depuis le Nicaragua, le journal La Prensa
a publié dans un article que le
programmateur de Zunzuneo, un citoyen de ce
pays appelé Mario Bernheim, travaille à
l’ambassade des États-Unis à Managua.
Le journal costaricien La Nacion a révélé
que l’équipe chargée du projet a commencé à
opérer en 2009 depuis un bureau secret à San
José, à l’écart de l’ambassade des États-Unis,
bien que l’USAID n’ait pas de représentation
officielle au Costa Rica depuis 1996.
La Nacion présente Joseph (Joe) Duke
McSpedon, un employé de l’USAID qui se
rendit dans ce pays « à 42 reprises, entre
2009 et 2011, à bord de vols commerciaux et
privés » et rapporte que « deux autres
personnes travaillant au projet, engagées
par Creative Associated, une société de
consultation de Washington, se trouvaient
également à San José ». Selon le journal
costaricien, « il s’agit de Noy Villalobos
Echeverria, qui a séjourné dans ce pays
pendant trois mois, selon les registres
migratoires, et son frère Mario Berheim
Echeverria, un jeune programmateur qui mit
au point le système d’envoi de messages
massifs à Cuba ».
Le gouvernement du Costa Rica, par
l’intermédiaire de son ministre de la
Communication, Carlos Roverssi, a déclaré :

Glenn
Greenwald, qui publie les
révélations de l’ancien analyste
de l’Agence de Sécutité
nationale (NSA) Edward Snowden,
a qualifié ZunZuneo de « goutte
d’eau dans l’océan de propagande
sale sur Internet » |
« Nous devons enquêter sur cette affaire.
C’est très grave. Si ces révélations étaient
vraies, ce serait un grave affront pour le
Costa Rica. C’est une question qui concerne
le ministère des Affaires étrangères. Mais
il est clair que nous devons demander des
explications. »
Selon le site espagnol eldiario.es, la
société espagnole Lleida.net, signalée dans
l’enquête de l’agence AP comme l’entreprise
chargée d’envoyer les SMS de ZunZuneo, a des
liens avec la Garde civile espagnole. Cette
société a déclaré dans un communiqué, à
propos de celui qui s’est chargé d’exclure
les mots Cuba et ZunZuneo : « Si à un moment
quelconque un des usagers de Lleida.net a
commis un acte illicite, Lleida est, comme
elle l’a toujours été, à la disposition des
autorités compétentes pour fournir les
informations nécessaires, toujours selon les
voies légalement établies. »
L’avocat spécialiste d’Internet Carlos
Sanchez Almeida a déclaré à eldiario.es que
la Loi organique de protection des données,
dans son article 7 alinea 4, interdit en
Espagne l’utilisation d’informations pour
créer des listes de personnes basées sur
leur affiliation politique – un élément
qu’AP signale parmi les activités de
ZunZuneo –, comme des données requérant une
protection spéciale, et il a affirmé que les
activités mises en cause enfreignent les
lois espagnoles, car « l’équipe de
ZunZuneo avait collecté de façon illégale
des informations personnelles d’une liste de
téléphones et avait envoyé des messages non
sollicités par l’intermédiaire d’une
plateforme espagnole ».

La Maison-Blanche
du président Barack Obama ne
renonce pas à ses projets de
provoquer la chute du
gouvernement cubain à travers
des méthodes de subversion,
telles que le twitt ZunZuneo,
créé par l’USAID. |
Sur son compte Twitter qui a plus de
20 000 abonnés, Almeida a été très clair à
ce sujet : « Si les données des
citoyens cubains ont été traitées
illégalement en Espagne, la justice
espagnole doit intervenir. »
Par sa part, l’agence AP, dans une
nouvelle dépêche, a ajouté aux révélations
faites antérieurement que des personnes très
proches de la Section des intérêts des États-Unis
à La Havane faisaient partie du plan conçu
par l’USAID à travers ZunZuneo.
Aux États-Unis, le journal influent The
Newyorker a répondu aux déclarations de la
Maison-Blanche qui affirmait qu’il ne
s’agissait pas d’une opération secrète : «
Ce type de mensonge éhonté est risible… Il
ne semble pas y avoir de doute que ZunZuneo
fonctionnait comme une opération des
services secrets, destinée en dernière
instance à la subversion », alors que le non
moins prestigieux POLITICO Magazine
comparait ce qui venait de se passer avec
ZunZuneo avec le fiasco des États-Unis à
Playa Giron dans un article intitulé « Bay
of Tweets » (La Baie des Twitts).
Glenn Greenwald, qui publie les
révélations de l’ancien analyste de l’Agence
de Sécutité nationale (NSA) Edward Snowden,
a qualifié ZunZuneo de « goutte d’eau dans
l’océan de propagande sale sur Internet ».
Quant au journaliste étasunien Tracey Eaton,
il a publié dans son blog Along the Malecon
la facture qui démontre le détournement de
fonds destinés au Pakistan pour financer
ZunZuneo, à hauteur de 1,6 million de
dollars.
Les déclarations au journal Juventud
Rebelde d’Hilda Arias, directrice générale
des Services mobiles de l’opérateur de
télécommunication cubain Etecsa, qui a
signalé d’autres attaques de spams venues
des États-Unis depuis des espaces
administrés directement par le gouvernement
de ce pays, ont eu des répercutions dans
plusieurs médias internationaux.

Le
gouvernement du Costa Rica, par
l’intermédiaire de son ministre
de la Communication, Carlos
Roverssi, a déclaré : « Nous
devons enquêter sur cette
affaire. C’est très grave »,
faisant référence aux actes de
subversions de l’USAID contre
Cuba à travers le programme
d’envoi de SMS, ZunZuneo. |
« La dénommée CAN SPAM Act, Loi publique
108, adoptée par le Congrès des États-Unis
en décembre 2003, et immédiatement signée
par le président George Bush, interdit
expressément d’envoyer des messages à
caractère commercial ou d’un autre type sans
que le destinataire en ait exprimé son
consentement. »
« Cependant, les promoteurs de sites tels
que Martinoticias, ainsi que d’autres
projets de subversion comme Cubasincensura
ou Diario de Cuba, semblent croire que
lorsqu’il s’agit de Cuba, ils sont au-dessus
de toute Loi ».
« Jusqu’à octobre 2013, selon des données
obtenues par Etecsa concernant la provenance
de la messagerie de texte, 219 envois
massifs de spams avaient été effectués, ce
qui représente un total de 1 055 746 SMS
adressés à des usagers cubains », a-t-elle
dit.
Par ailleurs, Juventud Rebelde fait
référence à un projet appelé Commotion pour
lequel « entre septembre 2012 à septembre
2015, l’USAID avait prévu de fournir 4,3
millions de dollars à plusieurs sociétés
sous-traitantes, destinés à la création de
réseaux sans fils clandestins à Cuba », à
savoir le recyclage de ZunZuneo à travers un
réseau semblable, en utilisant également les
SMS, appelé Piramideo, et lancé depuis le
bureau des transmissions vers Cuba en 2013,
ainsi que d’autres projets tels que
Hablasinmiedo ou La Singularidad.
Il n’est donc pas surprenant que les
destinataires de ce financement destinés aux
spammers, comme Diario de Cuba ou Marti
noticias, aient été parmi les quelques voix
qui se sont élevées en faveur des actions
illégales du gouvernement des États-Unis.
Diario de Cuba – financé par le gouvernement
nord-américain à travers la National
Endownment for Democracy – signalait dans un
éditorial que ZunZuneo « a un semé un
trouble international injustifié ».
Quant au site Marti Noticias, il a
reconnu dans un communiqué signé par son
directeur, Carlos Garcia Perez, qu’il n’y a
pas d’espace numérique absent de ses envois
à Cuba. « Piramideo est un outil de
communication supplémentaire, comme la
radio, la télévision, les DVD, les clefs USB,
le courrier électronique et les SMS. Ce que
TV et Radio Marti offrent à leur audience
est un outil de communication supplémentaire,
comme la radio, la télévision, les DVD, les
clefs USB, le courrier électronique et les
SMS ».
Selon Tracy Eaton, Piramideo a été
construit par Washington Software Inc., à
Germantown, Md. pour Radio et TV Marti, pour
un coût de 3,2 millions de dollars. En avril
2013, le journaliste affirmait dans son blog
que dans le cadre des efforts vers Cuba, The
Broadcasting Board of Governors (BBG) avait
versé à cette même entreprise.
- 531 576 dollars pour créer les serveurs
Proxy d’Internet.
- 500 987 dollars pour créer un service
de messages courts (SMS), le réseau social.
- 451 796 dollars pour détourner le
blocage de sa messagerie électronique par le
gouvernement cubain.
- 173 074 dollars pour envoyer des
messages de texte à Cuba via SMS.
- 96 028 dollars pour programmer des
ordinateurs.
- 84 000 dollars pour la conception et
l’opération d’un système de SMS.
- 83 050 dollars pour financer un ordre
d’opération non spécifiée est inclus dans
« la stratégie de TI (technologies de
l’information) et l’architecture ».
- 60 275 dollars pour envoyer des
courriers électroniques massifs.
- 2 580 dollars pour payer les coûts des
passerelles pour Internet.
Eaton précisait alors que « les documents
n’indiquent pas combien de messages de texte
ont été envoyés à Cuba à travers ce
programme. Selon les informations d’un
fichier, BBG a payé 14 474 dollars pour 361
873 messages de texte en octobre 2011 à
Washington Software ».
Cependant, la vocation de spammer de
Martinoticias ne se limite pas aux SMS et à
Piramideo. En août 2012, bien que je ne
fasse pas partie de son audience –, j’ai moi-même
dû dénoncer une attaque de spams depuis le
compte twitter de ce site.