La
Russie pour le dialogue
pacifique en Ukraine
MOSCOU. — Le ministre russe des Affaires
étrangères Serguei Lavrov a réaffirmé le
mardi 8 la proposition de son pays de
promouvoir, dans un contexte multilatéral,
une solution pacifique à la crise en Ukraine,
tout en insistant sur la présence de
représentants politiques régionaux.

Selon Serguei
Lavrov, toute normalisation de
la situation est impossible tant
que les autorités ukrainiennes
continueront d’ignorer les
intérêts de ces régions. |
Dans un point de presse au terme des
conversations avec son homologue angolais
Georges Rebelo Chikoti, Lavrov a déclaré que
la Russie est prête à discuter de la
situation ukrainienne avec les représentants
de l’Union européenne, les États-Unis et
Kiev sous n’importe quel format.
Il a déclaré avoir évoqué d’éventuelles
négociations sous ce format avec le
secrétaire d’État des États-Unis, John Kerry,
sans toutefois préciser ni la date ni
l’agenda, soulignant que les parties
participantes n’ont pas été déterminées. La
contrepartie US a annoncé la convocation de
pourparlers dans les dix prochains jours.
Le chef de la diplomatie russe a souligné
que les régions de l’est et du sud devront
être représentées dans les conversations
internationales sur la crise de ce pays,
rappelant que Moscou se refuse à légitimer
une réforme constitutionnelle en Ukraine
« que personne n’a vue jusqu’à présent »,
négociée à huis clos et sans un consensus
national.
Lavrov a rappelé qu’il n’y aura pas de
normalisation de la situation tant que les
autorités ukrainiennes continueront
d’ignorer les intérêts de ces régions, avant
d’ajouter que la Russie ne refuse pas de
dialoguer avec le gouvernement installé à
Kiev à la suite du coup d’État du 22 février.
Depuis la fin de la semaine dernière, la
vague de mécontentement s’est accrue à
Donetsk, Kharkov, Lougansk, Marioupol et
Nikolaïev, où les manifestants demandent le
statut de fédéralisme en Ukraine, tandis que
d’autres secteurs exigent un référendum pour
décider de l’adhésion à la Russie.
Lors d’une conférence de presse, le maire
de Donetsk, Oleksander Loukiantchenko a
signalé que les nouvelles autorités de Kiev
ne comprennent pas ce qui se passe dans la
région du Donbass. « Les événements qui se
déroulent dans l’est du pays sont une
conséquence de la politique erronée de
Kiev », a indiqué le fonctionnaire.
« Ces événements sont les conséquences du
manque de volonté de comprendre et résoudre
les problèmes », a ajouté Loukiantchenko, en
faisant référence aux ferments de
séparatisme qui s’intensifient et des prises
de bâtiments publics.
Il a signalé qu’il aurait fallu répondre
à ces problèmes hier et non pas aujourd’hui,
exprimant son espoir que le gouvernement et
la Rada suprême (Parlement) seront à
l’écoute des gens d’ici, du Donbass et du
sud-est du pays. Il a averti que si dans un
bref délai les gens n’obtiennent pas de
réponse, ils iront trouver abri ou
protection dans l’État voisin.
Selon Loukiantchenko, une partie des
armes dont les manifestants s’étaient
emparés dans le bâtiment du Conseil de
sécurité régional ont été remises au terme
de négociations entre les activistes
rebelles, l’administration et le
commandement des troupes spéciales dépêchées
à Donetsk pour étouffer la résistance.
Par ailleurs, des effectifs du ministère
de l’Intérieur et des commandos spéciaux ont
assumé le contrôle de l’administration de la
ville de Kharkov, où une opération militaire
a été menée pour déloger les groupes
d’opposants au régime putschiste de Kiev.
Environ 70 activistes rebelles ont été
arrêtés et les opérations de nettoyage se
poursuivent pour débarrasser la ville des
foyers de résistance. Le président par
intérim Olexandre Tourtchinov a annoncé à
l’ouverture de la session de la Rada suprême,
en sa qualité de président de l’organe
législatif, que des actions similaires à
Dniepropetrvsk et Nikolaïev ont été jugulées.
Il a affirmé que dans peu de temps
l’armée reprendra le contrôle de
l’administration de Donetsk et du siège du
Conseil de sécurité à Lougansk.
L’un des députés du Parti Batkivshchyna
(Patrie), de Tourtchinov, a déclaré à la
presse qu’un régiment entier de commandos
spéciaux Jaguar avait été dépêché à Kharkov,
d’où proviennent les membres de la Garde
nationale ukrainienne, récemment formée par
des ultranationalistes et des fascistes.
Le Parlement ukrainien a adopté une
initiative législative visant à durcir le
code pénal en ce qui concerne les actes de
séparatisme, et à criminaliser le
mécontentement populaire. (PL)