Alejandro Pérez
: le projet Lucas a été déterminant pour le clip
cubain
Abel Castillo Noriega
et
Raudelis Sarmiento Villalon
ALEJANDO Pérez fait sans aucun doute partie des
innovateurs de l’audiovisuel cubain. Un réalisateur
dont les productions artistiques remarquables ont
été très bien accueillies par la critique. Derrière
la lentille de sa caméra, se profile un créateur
prolifique qui fait des longs métrages et des clips,
de véritables œuvres d’art d’une grande valeur
esthétique, visuelle et communicative.
Alejandro
Pérez durant le tournage d’un clip.
Il a été directeur et réalisateur de photographie
dans plus d’une vingtaine de créations
audiovisuelles. Des films comme Habanastation, Viva
Cuba, Fabula et Conducta portent sa marque.
Quand avez-vous commencé à penser le monde en
images ?
D’abord, je dois dire que même si je suis connu
en tant que réalisateur de clips, en réalité je suis
instituteur. Enseigner est l’une des professions les
plus belles et les plus altruistes du monde. Avoir
été diplômé dans ce domaine m’a beaucoup aidé dans
le monde de l’audiovisuel, car diriger un groupe de
personnes est très semblable à enseigner dans une
salle de classe. Comme je l’ai expliqué auparavant,
dès mon plus jeune âge, je me suis intéressé à
l’enseignement, mais il est arrivé un moment dans ma
vie où sans m’en rendre compte, j’ai eu envie de
faire des incursions dans l’art. J’ai commencé par
être directeur de photographie jusqu’au jour où j’ai
pris le risque de réaliser un clip, et comme il a
été bien accueilli par le public, j’ai continué dans
l’audiovisuel. Je m’impose constamment des défis et
en ce moment je prépare mon premier long métrage.
Quelle est l’importance d’une base théorique à
l’heure de réaliser un clip ?
Le
projet Lucas a été déterminant pour l’évolution du
clip cubain, affirme Alejandro Pérez.
Je vous dirais que la théorie est importante,
mais que la pratique est le critère de la vérité,
comme l’a affirmé Karl Marx. La théorie te donne les
outils, mais le quotidien sur le terrain est ce qui
te fournit la maîtrise nécessaire pour réaliser
n’importe quel projet.
Ces dernières années, le nombre de jeunes qui se
consacrent à la réalisation de clips a augmenté. Que
pensez-vous de cet intérêt croissant pour l’audio
visuel cubain ?
À l’heure actuelle, beaucoup de gens font des
incursions dans le monde de l’audiovisuel. Cette
nouvelle génération de réalisateurs issue des écoles
d’art de notre pays a envie de montrer ce qu’elle a
appris dans ces centres de formation. Les
institutions doivent soutenir davantage ces
réalisateurs et leur fournir tout l’appui nécessaire
pour leur permettre de réaliser les projets dans
lesquels ils sont engagés. J’aime beaucoup ce que
font Joel Guillian, José Rojas, Joseph Ortega Ros et
Manolito Ortega. Certains de ces artistes ont obtenu
plus de résultats que d’autres, mais en général,
j’estime qu’ils font un travail cohérent en fonction
des exigences de nos médias.
D’après votre expérience, que signifie le projet
Lucas pour les réalisateurs cubains ?
Le
jeune réalisateur Joseph Ross fait partie de cette
nouvelle vague de réalisateurs issus des écoles
d’art qui a redonné une nouvelle vigueur au clip
cubain.
Actuellement, on ne conçoit pas une chanson sans
un clip. Au niveau international, les artistes
sortent un DVD qui contient tous les titres de
l’album, avec un concert en direct ou une série de
clips pour faire la promotion de l’album. Une
chanson, si connue qu’elle soit, ne parviendra pas
au succès sans le complément audiovisuel.
Le projet Lucas [émission de télévision qui
diffuse des clips cubains à laquelle est associée un
concours annuel] a été décisif pour l’évolution du
clip cubain. Cette émission dirigée par Orlando
Cruzata nous a donné une plate-forme pour présenter
et promouvoir les productions audiovisuelles de
notre pays. Lucas, avec ses réussites et ses erreurs,
a joué un rôle fondamental dans la promotion de la
musique cubaine.
Quelles sont les principales qualités d’un
réalisateur audiovisuel ?
Une personne qui s’engage dans l’audiovisuel doit
être observatrice et en constante recherche, parce
que souvent l’idée pour réaliser un travail se
trouve dans notre environnement. À plusieurs
reprises, j’ai été coincé, car je n’étais pas
satisfait de ma première idée pour réaliser un
clip ; et tout à coup, il se trouve qu’en regardant
autour de moi, l’idée de projet est apparue. Une
autre des qualités indispensables d’un réalisateur,
c’est d’être prêt à travailler à tout moment et en
toutes circonstances. Si on veut avoir des résultats
dans ce métier, il faut s’y consacrer complètement.
Le
projet Lucas, avec ses réussites et ses erreurs, a
joué un rôle essentiel dans la promotion de la
musique cubaine.
Vous êtes devenu le réalisateur de clips cubains
le plus connu. Récemment, vous avez eu l’occasion de
tourner avec plusieurs artistes étrangers les plus
importants sur le marché latino-américain. Décrivez-nous
votre expérience avec Enrique Iglesias ?
Son équipe m’a contacté et nous avons commencé
l’enregistrement de sa version de la chanson
Bailando. Enrique Iglesias est un homme
extraordinaire. Lors de notre première rencontre, il
m’a dit qu’il avait vu plusieurs de mes productions
sur Youtube et qu’il avait été impressionné par mon
travail. Filmer avec Enrique en République
Dominicaine fut une expérience enrichissante. Ce
chanteur, malgré son statut d’homme public très
connu, est une personne simple qui a fait en sorte
que le tournage soit un succès. Dès le premier jour,
nous avons eu une bonne relation de travail et dans
les intervalles des enregistrements où j’ai pu
échanger avec lui sur divers sujets, il s’est avéré
être un grand admirateur et connaisseur de la
musique cubaine. (Tiré de CubaDebate)
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