LA danseuse et chorégraphe Irene
Rodriguez est devenue sans conteste une
figure importante de la danse à Cuba. Depuis
sa création, il y a trois ans, chaque
présentation de la compagnie surprend,
séduit et attire le public.
Bien que de tempérament fougueux sur
scène, Irene Rodriguez est une jeune femme
aimable et d’accès facile. La présence de sa
compagnie au Festival de Ballet de la Havane
n’est pas une nouveauté. Lors de la
précédente édition, en 2012, elle est
arrivée avec une lettre de créance
irréprochable : le ballet « Le crime a eu
lieu à Grenade », premier prix au 8e
Concours ibéro-américain de chorégraphie
Alicia Alonso, décerné par la Fondation des
auteurs de la Société générale des auteurs
et des éditeurs espagnols et le Ballet
national du Cuba.
Selon Alicia Alonso, présidente du jury,
qui lui a remis la récompense, « la
chorégraphe associe, de façon originale le
flamenco, la danse espagnole et la danse
contemporaine, à une interprétation d’une
précision d’horloge. »
À cette occasion, Irene Rodriguez a
signalé qu’elle a tenté de saisir l’essence
dramatique du poème d’Antonio Machado,
publié en 1937, qui met en scène la mort
poète espagnol Federico Garcia Lorca
assassiné par la dictature de Franco.
Lors de la conférence de presse de
présentation du Festival, nous avons
rencontré la directrice de la compagnie,
dont le travail, dit-elle, s’oriente vers la
création « de nouvelles tendances pour
faire évoluer la danse espagnole, en la
fusionnant avec tous les éléments
susceptibles d’élargir le vocabulaire
scénique ». Elle a bien voulu nous
donner quelques informations sur le ballet
Aldabal, dont la première aura lieu durant
le Festival.
«Tout d’abord, je souhaiterais dire que
c’est une chance immense de pouvoir
présenter ma plus récente création durant un
événement d’un tel prestige international,
auquel seront présentes des figures
prestigieuses de la danse de nombreux pays.
Être invitée de nouveau au Festival par
Alicia Alonso est un grand honneur. »
Irene Rodriguez a précisé qu’Aldabal, « s’inspire
d’un lieu rempli de heurtoirs avec lesquels
on frappe aux portes. Il s’agit d’une
seguiriya, considérée comme le principal
chant du "cante jondo" ‘flamenco), pour la
profondeur de son chant et sa gravité
déchirante. Un des styles du flamenco, avec
la solea et la buleria ».
La pièce est interprétée par l’ensemble
de la compagnie, avec une musique de notre
nouveau guitariste, le compositeur de talent
Noel Gutierrez, qui a écrit toute la
musique, a précisé la chorégraphe.
« On pourra entendre une seguiriya, un
rythme flamenco, mais avec une inspiration
électro-acoustique, ce qui lui donne cette
couleur contemporaine que défend notre
compagnie. »
Et d’ajouter qu’une autre valeur de la
pièce est que « la danse est accompagnée
par des castagnettes, typiques de la danse
espagnole, que les compagnies ont tendance à
abandonner ces derniers temps et que j’ai
voulu reprendre, avec la plus grande
virtuosité. »
Quiconque a eu la possibilité de voir les
œuvres d’Irene Rodriguez sait que pour la
chorégraphe, il ne saurait y avoir de
mouvement qui ne soit pas lié à l’émotion.
Aussi, on peut imaginer que la première
mondiale d’Aldabal ne laissera pas le
public impassible dans son fauteuil.
Parmi les pièces de la compagnie Irene
Rodriguez, signalons : Al Andalus
(flamenco) ; Asturias ; Guajira de
Lucia ; La Danza Final del Sombrero
de Tres Picos (style classique espagnol)
; Allegranza ; 5 x Bulerias ;
Solera ; Emigrantes (danses
afro-cubaines, danse néoclassique et
flamenco) et le spectacle Coincidencias
(flamenco, jazz et tango).
Pour donner le ton, le public pourra
assister au concert Symphonie espagnole
du classique au flamenco, avec
l’Orchestre symphonique national, dirigé par
Enrique Pérez Mesa. Ce spectacle a été
inscrit au Livre d’Or du Grand théâtre de La
Havane, après sa première en 2012.
Irene Rodriguez, une chorégraphe à la
recherche constante « de son propre style
au sein de l’éventail des compagnies qui
revendiquent nos racines espagnoles », a
signé presque toutes les œuvres.
Sa compagnie est composée de 10 danseurs
– cinq hommes et cinq femmes –, qui montrent
une vaste maîtrise des différents styles de
la danse, qu’elle soit espagnole, classique
ou contemporaine. On la reconnaît par sa
présence scénique puissante, comme le
flamenco, et par ses chorégraphies toujours
très dynamiques et une relation parfaite
entre l’aspect chorégraphique et
l’artistique.
Aldabal, première mondiale de la
compagnie Irene Rodriguez : taconeos
(percussion avec les talons) et bras
éloquents, accents, énergie, rythme et
passion.