Hommage à deux
légendes, Pedro Vargas et Benny Moré
Mireya
Castañeda
PEDRO Vargas et Benny Moré ont partagé la scène
et les studios d’enregistrement au Mexique et à
Cuba. Leurs empreintes et leurs héritages sont
incontestables, à l’heure où le 25e Festival
international Boléros d’Or leur rend hommage.
Benny
Moré au Hollywood Palladium de Los Angeles en 1958,
où il était accompagné par l’orchestre de Tito
Puente.
Le président de ce rendez-vous, José Loyola, a
rappelé que Pedro Vargas, connu comme El tenor de
las Americas (Le ténor des Amériques), et Benny Moré
comme El barbaro del ritmo (Le génie du rythme) sont
les piliers du boléro et de sa projection
internationale.
Deux dates sont l’occasion de rendre hommage à
ces deux légendes : les 25 ans de la disparition de
Pedro Vargas (Mexique 1906-1989) et les 95 ans de la
naissance de Benny Moré (Cuba, 1919-1963).
Par ailleurs, il s’agit de la 25e édition de
Boléros d’Or, et un « quart de siècle d’existence
donne la mesure de l’importance de ce genre musical,
apprécié par ces deux grands artistes, sinon cela
ferait longtemps qu’il aurait disparu », a souligné
José Loyola.

Benny Moré et Pedro
Vargas ont chanté en duo des boléros d’or, composés
par le Mexicain Agustin Lara, le Cubain Arsenio
Rodriguez et le Portoricain Pedro Flores.
Pedro Vargas et Benny Moré ont enregistré trois
boléros en duo : Solomente una vez, du Méxicain
Agustin Lara ; La vida es un sueño du Cubain Arsenio
Rodriguez et Perdon du Portoricain Pedro Flores. «
Trois compositeurs qui ont porté le boléro au sommet
».
Le Festival, organisé par l’Association des
musiciens de l’Union des écrivains et des artistes
de Cuba (UNEAC), aura lieu à La Havane, du 25 au 29
juin, et sera la preuve éloquente que, né à Cuba, le
boléro s’est très rapidement répandu dans toute
l’Amérique.
Un gala est prévu pour rendre hommage au Tenor de
las Americas, auquel participera le célèbre chanteur
mexicain Carlos Cuevas qui, accompagné de son
ensemble, interprètera des thèmes cubains que Pedro
Vargas a rendu populaires.
José Loyola a rappelé que Carlos Cuevas est venu
à Cuba au début de sa carrière. « On peut dire que
Cuba l’a lancé. Puis, il a gagné le concours OTI ».
En visite à La Havane avant le concert, Pedro
Vargas fils et Pedro Vargas petit-fils ont annoncé
la projection de quatre à cinq films dans lesquels
le chanteur fut la vedette. En effet pendant
l’époque d’or du cinéma mexicain, le chanteur a joué
dans plus de 70 films.
Pedro
Vargas, le Ténor des Amériques.
Par ailleurs, une exposition de photographies sur
la vie et le parcours professionnel de Pedro Vargas
sera présentée à l’Hôtel National. Dans un entretien
avec la presse pour présenter le programme de
l’hommage, le petit-fils de Pedro Vargas a demandé à
toutes les personnes qui possèdent des photos de son
grand-père à Cuba de les prêter à l’UNEAC, afin
d’enrichir l’exposition photographique.
La chanteuse cubaine Omara Portuondo, présente
lors du point de presse à l’UNEAC lui a remis une
photo sur laquelle on peut voir le quatuor Las
D’Aida auquel elle appartenait, aux côtés de Pedro
Vargas lors de l’un de ses concerts à Cuba.
L’actuelle diva de Buena Vista Social Club a
déclaré en aparté : « Pedro Vargas a beaucoup
travaillé avec nous (Las D’Aida) au cabaret
Montmartre et ensuite aussi à Mexico. C’était un
homme fantastique, merveilleux ».
Miguel Barnet, président de l’UNEAC, a annoncé
qu’un buste en bronze de Pedro Vargas, donné à Cuba
par la famille, sera érigé dans un parc de la
Vieille Havane, patrimoine de l’Humanité, où est
déjà exposée une statue du compositeur mexicain
Agustin Lara.
Pedro Vargas a visité La Havane en 1933 pour la
première fois, accompagné par Agustin Lara et «Toña
la Negra ». Ensuite, pendant de nombreuses années,
il a travaillé avec le compositeur et pianiste
Ernesto Lecuona et il a interprété des compositions
d’autres grands de la musique cubaine, comme Osvaldo
Farrés, Luis Marquetti ou Miguel Matamoros.
Pedro Vargas a été l’un des chanteurs les plus
talentueux et appréciés d’Agustin Lara, dont il a
interprété notamment Granada, Solomente una vez,
Santa ou Noche de ronda.
Le Tenor des Amériques a su imposer son style
personnel et conquérir le public avec sa voix
incomparable. Grâce à ses interprétations de boléros,
il est devenu une idole. Il était connu pour la
phrase : « Merci beaucoup, merci beaucoup, merci
beaucoup... », avec laquelle il terminait ses
concerts.
Quant à Benny Moré, il possède un riche
répertoire de boléros. Il suffit de mentionner
quelques chansons mythiques : Tu me sabes
comprender, Conoci la paz, Dolor y perdon.
Un sens inné de la musique, une voix fluide de
ténor et son phrasé ont fait de lui un maître dans
tous les genres de la musique cubaine, mais il se
distingua particulièrement dans le son montuno, le
mambo et le boléro.
Superbe interprète, il a laissé un héritage
inoubliable. Pour bien connaître cet artiste
légendaire, il est indispensable d’écouter le disque
Benny Moré, 20 boleros de oro, produit par Artex en
1994.
On y retrouvera avec bonheur Mucho corazon,
d’Enma Elena Valdelamar ; A media noche, de Pablo
Cairo ; Oh, Vida!, de Luis Yañez et Rolando Gomez ;
Mi Corazon Lloro, de Frank Dominguez, Dolor y Perdon
et Mi Amor Fugaz, deux chansons de Benny Moré.
Le 25e Festival international Boléros d’Or nous
fera toucher du doigt que Hoy como ayer (qu’aujourd’hui
comme hier), Pedro Vargas et Benny Moré sont des
idoles éternelles.