Le colonialisme, une
honte
qui perdure
Waldo Mendiluza
PLUS de quarante ans après la Déclaration de l’ONU
sur l’octroi de l’indépendance aux pays sous régime
colonial, environ une vingtaine de pays sont toujours
sous domination étrangère, une situation que le Sud
appelle à faire disparaître.
Le sujet est revenu avec force à l’Organisation des
Nations Unies (ONU) lors de la quatrième session de la
Commission de l’Assemblée générale, l’organe chargé des
questions de la décolonisation.
Ce comité a adopté 11 projets de résolution qui
doivent être examinés à l’Assemblée par 193 membres de
l’organisation.
Parmi ces projets, 6 d’entre eux ne sont pas soumis
au vote : le respect du droit des peuples à définir leur
futur statut politique, le contrôle de leur situation
économique et sociale, l’aide apportée à ceux-ci par le
système des Nations Unies et la responsabilité de les
informer sur leurs options d’autodétermination.
Lors des votes d’adoption de cinq textes, le rejet
des États-Unis, du Royaume-Uni et d’Israël a été
systématique. Des prises de position qui les ont isolés
devant la communauté internationale.
Pendant plusieurs jours, des délégués d’Afrique,
d’Asie, d’Océanie, d’Amérique latine et la Caraïbe ont
demandé aux puissances administratrices le respect de la
libre détermination, et la solution pacifique et
négociée des différents cas.
Selon l’ONU, 17 pays ne bénéficient toujours pas de
leur autonomie : Anguilla, les Bermudes, Gibraltar, les
Îles Caïman, les îles Malouines, les îles Turques-et-Caïques,
les îles Vierges britanniques, les îles Vierges nord-américaines,
l’île de Montserrat, la Nouvelle Calédonie, les îles
Pitcairn, la Polynésie française, le Sahara occidental,
les Îles Samoa américaines, l’île de Sainte-Hélène et
l’archipel de Tokelau.
En outre, il est demandé de mettre fin du statut
colonial de Porto Rico et de l’occupation de la
Palestine par Israël.
Éradiquer ce fléau a été l’une des priorités des
Nations Unies. Un contexte dans lequel le Mouvement des
pays non alignés reste déterminé à promouvoir des
réalisations concrètes au cours de cette troisième
décennie pour l’éradication du colonialisme (2011-2020),
a affirmé l’Iran, qui préside le groupe des 120 États du
Sud.
Intervenant au début des débats de la Commission, le
chargé d’Affaires iranien, Gholamhossein Dehghani, a
rappelé que le Mouvement exige aux puissances
d’occupation des compensations pour les dommages
économiques, sociaux et culturels infligés aux peuples.
Quant à l’ambassadeur cubain auprès de l’ONU, Oscar
Leon, il a qualifié le colonialisme, lors d’une session,
de « drame pour des millions d’êtres humains, qui
n’aurait jamais dû exister ».
Cuba a exhorté les États-Unis à assumer leur
responsabilité afin d’accélérer le processus permettant
aux Portoricains d’exercer leur droit inaliénable à
l’autodétermination et à l’indépendance.
Il a également réitéré son appui sans réserve à la
souveraineté de l’Argentine sur les îles Malouines,
occupées depuis 1833 par le Royaume-Uni, et qui refuse
le dialogue avec Buenos Aires dans la recherche d’une
solution.
Cuba a également défendu la libre autodétermination
du peuple du Sahara occidental, sous occupation
marocaine depuis 1975.
Pour le représentant du Mozambique, Antonio Gumende,
le droit à la souveraineté et à l’indépendance ne
saurait être remis en cause par aucune puissance
étrangère.
« À une époque où le monde s’ouvre au progrès humain
et au développement durable, le fait que 17 pays n’aient
toujours pas la possibilité de s’autogouverner constitue
une honte », a-t-il déclaré.
Dans deux mois, cela fera 44 ans que l’Assemblée
générale des Nations Unies a adopté la Déclaration sur
l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples sous
régime colonial.
« Après tant d’années, il n’y a pas de place dans ce
monde pour un fléau qui doit être éradiqué. Les hommes
et les femmes naissent libres et il est du devoir de
tous de veiller, depuis les Nations Unies, qu’il en soit
toujours ainsi », a souligné le délégué algérien,
Sabri Boukadoum, à la quatrième Commission.