Yaima Puig Meneses
et
Leticia Martinez Hernandez
DES questions importantes liées à la mise à jour du
modèle économique cubain ont été examinées vendredi
dernier durant la réunion du Conseil des ministres,
présidée par le général d'armée Raul Castro Ruz.
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Raul,
assisté du vice-président du Conseil des
ministres Marino Murillo Jorge. |
Dans un premier temps, Leonardo Andollo Valdés,
responsable adjoint de la Commission permanente pour la
mise en œuvre et le développement, a exposé les concepts
de base qui devront régir les relations entre le Conseil
des ministres et les organismes de l'Administration
centrale de l'État (OACE), en ce qui concerne les
Organisations supérieures de la Direction d'entreprise (ASDE),
compte tenu de la nécessité de séparer les fonctions
d'État des fonctions imprésariales, de renforcer les
facultés des entreprises et d'élever leurs
responsabilités en terme d'efficacité et de contrôle des
ressources.
Andollo Valdés a signalé, parmi les principes de ce
perfectionnement institutionnel, que « les OACE ne
remplissent que des fonctions étatiques, alors que les
OSDE sont des organisations créées sur décision
gouvernementale, qui ne remplissent que des fonctions à
caractère imprésarial. Par ailleurs, les Conseils de
gouvernement sont des organes de direction de l'État
chargés du contrôle et de la prise en charge des OSDE,
afin d'en exiger de l'efficacité et de la discipline,
ainsi que le respect de la législation en vigueur ».
Andollo Valdés a précisé que ces principes seront
appliqués de manière soutenue et graduelle, en
corrélation étroite avec le perfectionnement fonctionnel
des organismes et du système des entreprises, qui est la
propriété de tout le peuple.
Le président du Conseil d'État et du Conseil des
ministres a reconnu la complexité de ce processus «
qu'il faudra continuer d'étudier ».
« Ce processus doit être progressif, afin d'éviter
les faux-pas », a-t-il dit.
À ce sujet, les ministres ont considéré comme une
priorité la formation de tous les dirigeants, car ils
sont chargés de mettre en pratique la réorganisation
institutionnelle, d'où l'importance d'inclure dans les
programmes de perfectionnement des cadres chacune des
politiques approuvées par le Conseil des ministres,
ainsi que leur mise à jour systématique.
LA POLITIQUE POUR LES LOIS DE FONCTIONS ET DES
SERVICES DE POLICE
Le Conseil des ministres a également pris
connaissance du projet de politique pour l'élaboration
de la Loi des fonctions et des services de police,
conformément à l'Orientation No 140 adoptée par le 6e
Congrès du Parti et destinée à assurer la tranquillité
citoyenne. « Nous travaillons à l'institutionnalisation
des fonctions et des services de politique », a signalé
Andollo.
Parmi les principales propositions approuvées par le
Conseil des ministres, il a mentionné la nécessité de
disposer d'une Loi permettant de garantir l'ordre
public, la défense et la protection des droits des
citoyens, en coopération avec les organes et les
organismes de l'État, les entités économiques, les
institutions sociales et les citoyens, ainsi que de
renforcer l'autorité, la protection et le soutien
juridique des forces impliquées dans cette mission.
Il a précisé que le document présenté contient les
concepts de base de l'action policière tels que le
respect de la Constitution et des lois, le traitement
professionnel, éthique et humain, l'identification
préalable, ainsi que la rapidité et la rationalité dans
les procédures.
LES COMPTES À PAYER ET À RECEVOIR
Lina Pedraza Rodriguez, ministre des Finances et des
Prix, a présenté une analyse de l'évolution et des
tendances des comptes à payer et à recevoir à l’échelle
nationale jusqu'au mois de décembre de l'année dernière.
« De manière générale, le processus de réorganisation
dans ce domaine s'est caractérisé par une diminution des
soldes arrivés à échéance par rapport à décembre 2012 »,
a-t-elle dit.
Elle a signalé qu'en 2013, on a observé une tendance
favorable à l'élimination de ces comptes, mais que les
résultats ne sont pas encore à la hauteur de nos
attentes, car les indisciplines persistent, tout comme
la mauvaise organisation, le manque de priorités, les
imprécisions et les formalismes dans les contrats, si
bien qu'il s'impose d'accorder davantage d'attention au
contrôle systématique de ce processus.
L'INSCRIPTION DES IMMEUBLES PUBLICS
Maria Esther Reus Gonzalez, ministre de la Justice, a
présenté quant à elle le rapport du plan d'inscription
des immeubles publics de l'année 2013, période durant
laquelle 63 396 immeubles sur un total de 65 329 ont été
inscrits dans les registres de propriété.
Elle a signalé que le plan prévoit l'inscription, de
2010 à 2014, de 302 801 immeubles, et que jusqu'à la fin
de 2013, 225 814 immeubles avaient été répertoriés dans
les registres, ce qui représente 76% des inscriptions.
À ce sujet, le président Raul Castro a rappelé que «
c'est une tâche à laquelle nous devons accorder la plus
grande importance, car elle contribue à l'organisation
territoriale du pays », a-t-il souligné.
L'UTILISATION EFFICACE DE L'EAU
Plus loin, Inés Maria Chapman Waugh, présidente de
l'Institut national des ressources hydrauliques (INRH),
a présenté une analyse sur l'utilisation de l'eau en
2013, en tenant compte de la productivité agricole,
industrielle et dans les services associés à cette
ressource, la nécessité d'une bonne gestion de l'eau
étant énoncée dans l'Orientation No 300 adoptée par le
6e Congrès du Parti, qui précise que le bilan des eaux
est un outil de planification qui sert à mesurer
l'efficience dans la consommation étatique et privée.
Elle a expliqué qu'à la fin de l'année dernière, les
242 retenues d'eau du pays contenaient plus de 6
milliards de mètres cubes d'eau, soit environ 70% de
leur capacité.
Concernant le plan, elle a signalé qu'en 2013 le pays
n'a consommé que 85,8% de l'eau prévue. « Ce chiffre
n'est pas le résultat d'une économie d'eau, mais une
conséquence du système de contrôle en vigueur du bilan
des eaux, qui ne mesure que l'exécution réelle par
rapport au plan approuvé, sans tenir compte du fait que
la plupart des consommations enregistrées sont
supérieures aux normes fixées, l'efficience dans
l'utilisation de cette ressource naturelle n'étant pas
contrôlée », a-t-elle soulignée.
« Pour inverser cette situation, nous devons nous
doter d'un programme obligatoire d'évaluation du
rendement ou du niveau d'activité associé à
l'utilisation de l'eau, car jusqu'à présent seuls des
secteurs comme le tourisme, l'industrie sucrière ou
celui du nickel contrôlent le rendement de l'eau dans
leurs productions », a signalé la présidente de l'INRH.
Elle a expliqué que l'agriculture demeure le plus
grand consommateur, devant le système de distribution,
et qu’à eux deux ils utilisent 80% du total national.
Inés Maria Chapman a exposé les stratégies adoptées
en vue d'une gestion et d'une utilisation efficace de
cette ressource. Elle a rappelé qu'en 2012, 69 barrages
présentaient un mauvais contrôle du débit de l'eau, et
que ce chiffre a été ramené à 55 en 2013.
Une autre priorité sera l'entrée en service des
projets de transvasement. Elle a cité l'ouvrage de
transvasement de Sabanalamar-Pozo Azul, dans la province
de Guantanamo, qui a permis d'assurer la stabilité de
l'approvisionnement en eau pour l'irrigation et d'autres
secteurs d'activité, notamment dans la Vallée de
Caujeri.
La présidente de l'Institut national des ressources
hydrauliques a également fait référence à l'exécution du
programme de réparation des réseaux et des canalisations
du système d'adduction d'eau. « Nous avançons, mais nous
ne parvenons pas encore à mesurer son impact en termes
d'efficience en raison du manque de compteurs d'eau, des
fuites à l’intérieur des logements et des bâtiments
publics, ainsi que des tarifs inadaptés », a-t-elle
souligné.
Chapman Waugh a rappelé que l'adoption en décembre
2012, par le Conseil des ministres, de la Politique
nationale de l'eau, a marqué le début d'un processus de
réorganisation dans une nouvelle optique de gestion de
l'Institut national des ressources hydrauliques, visant
à garantir le contrôle de la productivité de l'eau dans
toutes les branches de l'économie, avec un accent
particulier dans l'agriculture.
Parmi les aspects qui limitent l'emploi de cet
indicateur comme un outil permettant d'assurer une
utilisation plus efficace de l'eau, elle a mentionné les
moyens inefficaces de mesurer l'eau consommée par les
usagers et la sous-estimation de sa valeur économique.
LE PROCESSUS D'UNIFICATION MONÉTAIRE
Marino Murillo Jorge, responsable de la Commission
permanente pour la mise en œuvre et le développement, a
informé les membres du Conseil des ministres du
processus de création des conditions pour l'unification
monétaire et des taux de change, qu'il a qualifié
d'extrêmement complexe.
Il a souligné que cette mesure à elle seule ne pourra
pas résoudre tous les problèmes de l'économie, et que «
son application est indispensable pour rétablir la
valeur du peso cubain et ses fonctions en tant que
monnaie ». Tout ceci ajouté aux autres politiques
approuvées contribuera à la réorganisation de
l'environnement économique et à l'évaluation correcte de
ses résultats, a-t-il dit.
Parmi les tâches menées en cette période initiale :
la réalisation de séminaires d'information dans
l'ensemble du pays sur les normes émises, auxquels ont
participé plus de 20 000 cadres et fonctionnaires. « Ce
processus a permis de prendre connaissance d’un ensemble
important de considérations et de mieux identifier les
problèmes pour relever ce défi », a-t-il ajouté.
Murillo a rappelé qu'il revient aux responsables des
OACE, des OSDE, des Conseils d'administration
provinciaux et des entités nationales de diriger ce
processus. « Il faut prévoir et anticiper tous les
problèmes pour savoir comment leur faire face. La
formation joue un rôle capital pour éviter les faux-pas
», a-t-il dit.
Finalement, Marino Murillo a présenté un exposé de la
politique pour le perfectionnement des salaires, des
pensions et autres revenus, énoncée dans plusieurs des
Orientations de la politique économique et sociale du
Parti et de la Révolution, et qui a trouvé sa première
expression dans la récente augmentation du salaire des
personnels de la santé.
Parmi les objectifs généraux de cette politique,: «
garantir que chacun reçoive un salaire proportionnel à
son travail ; encourager l'accès aux postes de direction,
et la promotion au sein des organes de gouvernement et
des entreprises, afin de combattre le phénomène de la "pyramide
inversée " », a-t-il conclu.