Un
front commun contre l’Ébola
LA recherche de stratégies
conjointes dans la lutte et la prévention du virus Ébola
aura marqué les interventions des présidents, ministres
de santé et autres personnalités réunis à La Havane dans
le cadre du Sommet extraordinaire de l’Alliance
bolivarienne pour les peuples de Notre Amérique-Traité
de commerce des peuples (ALBA-TCP), pour donner une
réponse face à ce fléau.
Dans son discours d’ouverture,
le président cubain Raul Castro a exprimé sa conviction
que si cette menace n’est pas freinée avec une réponse
immédiate, efficace et des moyens suffisants, sous la
coordination de l’Organisation mondiale de la santé et
des Nations Unies, elle pourrait devenir l’une des
pandémies les plus graves de l’histoire de l’humanité.
Le président vénézuélien Nicolas
Maduro a signalé quant à lui que la réponse de l’ALBA-TCP
se doit d’être préventive, et il a fait l’éloge du geste
solidaire de Cuba d’envoyer des brigades médicales aux
pays frappés par l’épidémie.
Il a rappelé que l’ALBA, comme
l’a dit le commandant Hugo Chavez, est l’épicentre d’un
nouveau théâtre pour l’union où il y a la plus grande
volonté pour relever ensemble les nouveaux défis.
Il a cité plusieurs exemples de
la manière dont ce groupe régional a réagi face aux
menaces, comme la crise énergétique, avec l’apparition
de Petrocaribe, le tremblement de terre en Haïti, ou
l’Opération miracle, qui a rendu la vue à plus de 3
millions de personnes.
Maduro a proposé à la présidence
tournante de la Communauté des États américains et de la
Caraïbe, actuellement assumée par le Costa Rica, de
convoquer une réunion d’urgence des autorités sanitaires
du continent pour coordonner toutes les actions des pays
de la région dans la lutte et la prévention contre le
virus Ébola.
L’ONU INVITE À SUIVRE
L’EXEMPLE DE L’ALBA-TCP
M. David Nabarro, envoyé spécial
du Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a souligné
le rôle d’avant-garde joué par Cuba et le Venezuela dans
la coordination des actions pour éviter la propagation
de l’épidémie en Amérique latine.
M. Nabarro a salué la réponse de
Cuba dans la lutte contre l’Ébola à travers l’envoi de
255 spécialistes en Afrique de l’Ouest, un nombre plus
important que ceux dépêchés par Médecins sans frontières,
la Croix-Rouge, les États-Unis, le Royaume Uni et la
Chine.
Le Dr Nabarro a appelé la
communauté internationale à se mobiliser dans cet effort
pour venir à bout de l’épidémie. « Il s’agit d’un
problème mondial qui exige un effort mondial », a-t-il
souligné.
Il a également remercié le
Venezuela pour les 5 millions de dollars alloués à la
prévention de la propagation de l’Ébola.
L’OPS APPELLE A ÉVITER LA
TRANSMISSION DANS LA RÉGION
L’Organisation panaméricaine de
la Santé (OPS) a insisté sur la nécessité de prendre
toutes les mesures qui s’imposent pour éviter la
propagation de l’épidémie sur le continent.
Lors de son intervention au
Sommet, Mme Carissa Etienne, directrice générale de
cette organisation, a déclaré qu’il est indispensable
d’instaurer une communication étroite entre les pays
face au danger.
Elle a expliqué que l’Amérique
latine a besoin de se doter de laboratoires, de centres
de diagnostic et de prise en charge conformes aux
standards internationaux.
Mme Carissa Etienne a également
félicité Cuba pour avoir accueilli cette réunion, à la
demande du président vénézuélien Nicolas Maduro.
L’UNION FAIT LA FORCE
« Unis, nous sommes plus forts »,
a déclaré M. Didacus Jules, directeur général de
l’Organisation des États de la Caraïbe orientale (OECO),
avant de remercier les présidents de Cuba et du
Venezuela pour leurs efforts dans l’organisation de
cette réunion, qu’il a qualifiée d’« initiative
nécessaire pour répondre à l’épidémie d’Ébola qui sévit
en Afrique de l’Ouest »
Il a signalé que la crise
d’Ébola nous rappelle qu’il existe des maladies qui ne
respectent aucune géographie, aucune frontière, si bien
que les actions à prendre par les pays de la région dans
le domaine de la prévention sont fondamentales.
« La crise de l’Ébola doit nous
amener à modifier notre perspective de la santé
publique », a-t-il souligné.
CUBA PRÊTE À ÉTENDRE SON AIDE
SOLIDAIRE
Le Dr Roberto Morales Ojeda,
ministre cubain de la Santé publique, a réaffirmé la
volonté de son pays d’étendre son aide à d’autres
peuples face à la menace du virus Ébola.
Le Dr Morales a précisé que Cuba
s’est proposée, dans le cadre d’un effort conjoint, de
créer des capacités pour le diagnostic de maladies ayant
besoin de laboratoires de haute sécurité, ainsi que
d’aider à la sélection et formation de personnels
d’autres pays pour leur permettre de mettre en œuvre un
programme national.
Il a également appelé à étendre
aux pays de l’ALBA et de la Caraïbe le programme de
formation actuellement en cours en Afrique dans les pays
où il existe des brigades médicales, afin de contribuer
à la prévention de cette terrible épidémie, rappelant
que plus de 9 000 cas ont été recensés : 5 000 confirmés
et 4 000 morts.
Le ministre a renouvelé
l’engagement de l’Île à envoyer 256 coopérants de la
brigade internationaliste Henry Reeve en Afrique, dont
165 sont déjà au Sierra Leone, et 53 étaient attendus au
Libéria et 38 en Guinée.
Il a précisé que, dans les pays
les moins affectés de ce continent où il existe déjà des
brigades médicales, un programme de prévention est en
cours et des professionnels de santé ont été envoyés
comme conseillers.
Le président nicaraguayen,
Daniel Ortega, a remercié le peuple cubain pour la
solidarité déployée dès les premières années après le
triomphe de la Révolution, et notamment aujourd’hui dans
la lutte contre l’Ébola. « Nous sommes convoqués à
l’appel de Chavez et de Fidel, qui ont jeté les bases de
cette Alliance », a-t-il déclaré.
Il a exprimé sa certitude que
notre région aura les médecins nécessaires, avant de
préciser qu’une délégation de spécialistes cubains se
trouve déjà au Nicaragua pour contribuer à la formation
de 120 spécialistes, qui à leur tour formeront d’autres
personnels.
Ortega a rappelé que, comme
l’avait signalé Fidel dans son dernier message, c’est
une bataille pour l’Humanité, pour la paix dans le
monde, qui va bien au-delà de n’importe quelle
différence politique, de n’importe quelle différence
idéologique.
Il a souligné que l’on est
encore loin d’un grand front mondial de lutte contre
l’Ébola qui rassemble les pays développés, dont certains
pourraient contribuer à la santé des peuples du monde au
lieu de destiner de nombreuses ressources à leurs
aventures guerrières.
Le président de la Bolivie, Evo
Morales, a qualifié le Sommet d’une excellente
convocation qui reflète les principes de « vie,
solidarité et complémentarité » que Fidel et Chavez,
dans l’Alba-TCP, ont créé avec beaucoup de réussite.
Evo Morales a fait remarquer que
le Plan d’urgence contre l’Ébola conçu par Cuba est
important et constitue une référence pour la région et
le monde, dans la prévention et la capacité d’éviter que
le virus se propage dans nos pays.
« Les pays de l’Alba ont une
énorme responsabilité dans cette bataille », a-t-il dit.
Quant au président haïtien
Michel Martelly, il a affirmé que ce Sommet contre
l’Ébola était nécessaire afin de préparer une réponse
collective face à cette urgence. Il a rappelé qu’aucun
pays ne peut se croire à l’abri de ce virus.
Martelly a ajouté que son pays
est témoin de la qualité humaine des médecins cubains,
et il a remercié la coopération cubaine, notamment de
ses spécialistes, qui permet de maintenir sous contrôle
le virus du choléra.
Ralph Gonsalves, Premier
ministre de Saint-Vincent-les-Grenadines, a adressé ses
remerciements à Fidel, Raul et Nicolas Maduro pour leur
contribution au Sommet, et il a salué la participation
d’organismes comme l’ONU, l’OMS et l’OPS.
Il a énuméré plusieurs
difficultés auxquelles est confronté son archipel pour
faire face à l’épidémie. « Nous avons 24 points
d’entrée, entre les aéroports et les ports, dans un pays
de 110 000 habitants », a-t-il dit.
« Je ne pense pas qu’aucun pays
dans la Caraïbe, excepté Cuba, soit préparé. Nous avons
un défi terrible à relever », a-t-il affirmé.
Pour sa part, Kenny Anthony,
Premier ministre de Sainte-Lucie, a signalé que tous les
pays doivent s’unir dans cette lutte, « à un moment où
seule l’Alba pouvait nous réunir ».
Il a signalé que jusqu’alors ils
s’étaient concentrés sur la surveillance des aéroports,
mais qu’ils n’avaient prêtés encore que peu d’attention
au trafic maritime entre les îles et les ports, un
problème qui peu à peu, a été modifié.
Le ministre de l’Agriculture et
des Forêts du Commonwealth de la Dominique, Matthew
Walters, a mis en garde sur le fait que l’Ébola en
Afrique représente une menace pour tout le monde.
« Plusieurs cas ont déjà été recensés en Europe et aux
États-Unis. Et je dois rappeler que la plus grande
partie de nos touristes viennent des États-Unis »,
a-t-il déclaré.
Clarisse Modest, ministre de la
Santé publique de la Grenade, a souligné la nécessité
d’établir des mécanismes de coopération dans la région.
« L’Ébola est un risque de santé international qui exige
une réponse internationale. Cette réunion est très
importante et c’est une étape dans la bonne voie »,
a-t-elle affirmé.
Dans son intervention, Molwyn
Joseph, ministre de la Santé d’Antigua et Barbuda, a
indiqué que rare furent les occasions où l’Humanité a eu
à livrer une bataille ans sans perdants. « C’est une
guerre contre la mort et la destruction, et elle a pour
objet de sauver des vies, c’est pourquoi je tiens à
féliciter les présidents Maduro et Raul Castro pour
avoir convoqué ce Sommet et d’en faire une réalité dans
le contexte des petites îles de la Caraïbe dotées de
ressources insuffisantes pour faire face à l’Ébola »,
a-t-il déclaré.
Carina Vance, ministre de la
Santé de l’Équateur, a renouvelé l’engagement de son
pays à contribuer à éviter la propagation de la maladie
dans la région, dans la mesure des possibilités du
système de santé équatorien.
Le Vice-premier ministre de la
Fédération de Saint-Kitts-et-Nevis, le Dr Earl Asim
Martin, a quant à lui souligné l’importance que l’ALBA
accorde à la Caraïbe, et la solidarité dont elle a
toujours fait preuve.
« M. le président, je suis à la
tête d’une délégation de trois membres et j’aimerais
vous dire que nous tous avons été formés ici, à La
Havane », a déclaré Asim Martin, sous une salve
d’applaudissements.
« Voici le Dr Trent Shut,
diplômé à Cuba de médecine interne ; notre ambassadeur a
lui aussi été formé à Cuba, et nous tenons à vous
exprimer nos remerciements pour ce qu’ont fait le peuple
et le gouvernement cubains », a-t-il dit.
« Nous aimerions aussi remercier
le gouvernement du président Maduro pour sa contribution
à la lutte contre l’Ébola aux Nations Unies », a-t-il
conclu.
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