Cuba-USA : négociations migratoires dans
un esprit constructif
• À l’ordre du jour : les discussions
sur le rétablissement des relations diplomatiques et
l’ouverture des ambassades
Claudia Fonseca et Sergio Alejandro Gomez
Les chefs
de délégations qui ont pris part hier à la 28e
ronde de conversations migratoires entre Cuba et les
États-Unis ont qualifié le dialogue de respectueux et
constructif, et ont reconnu avoir accomplis des progrès
dans des domaines spécifiques.

La 28e ronde de conversations
migratoires entre les États-Unis et Cuba s’est
tenue le 21 janvier à La Havane. Photo: Juvenal Balán
La directrice
générale du Département chargé des
États-Unis
au
ministère
des Relations extérieures (Minrex),
Josefina Vidal Ferreiro, a
annoncé que la première journée a été consacrée à
l’évaluation de plusieurs aspects des relations
migratoires, y compris l’exécution des accords en
vigueur depuis 1994 et 1995, ainsi que les octrois de
visas d’immigration et pour les
visites temporaires.
Selon la
responsable de la délégation cubaine qui participe à ces
deux jours de conversations visant à baliser le terrain
en vue du rétablissement des relations diplomatiques
entre les deux pays, il a également été question des
résultats des actions menées par les deux parties pour
faire face à l’émigration illégale, le trafic de
personnes et la falsification de documents.
Pour sa
part, le sous-secrétaire d'État
adjoint pour les
Amériques,
Edward Alex Lee, a indiqué qu’au cours des discussions
Cuba et les États-Unis ont souligné leur engagement en
faveur « du
maintien d’une migration sûre, légale et ordonnée
entre les deux
pays ».
Il a rappelé qu’il s’agit des premières négociations
entre les deux parties depuis les changements annoncées
le 17 décembre par les présidents Barack Obama et Raul
Castro, affirmant que cette rencontre a témoigné de ce
nouvel esprit de dialogue et de participation conjointe.
« Le
fait que les discussions aient été productives et se
soient déroulées dans un esprit de coopération prouve
qu’en dépit de leurs divergences, les États-Unis et Cuba
peuvent trouver des occasions pour continuer à
travailler sur des questions d’intérêt mutuel, et
poursuivre un dialogue respectueux et profond »,
a-t-il dit.
En plus
d’avoir discuté de l’application bilatérale des accords,
M. Lee a signalé que les deux parties ont eu des
échanges de vues sur d’autres questions comme le retour
de personnes d’origine cubaine qui se trouvent sur le
territoire de ce pays et que les autorités
jugent « expulsables », c’est à dire
inadaptables, incompatibles avec le système de vie aux
États-Unis,
le
Cuban
Family Reunification Parole Program,
un programme d'admission sous condition aux fins de la
réunification des familles cubaines, ainsi que le suivi
des citoyens rapatriés.
Au Palais
des Conventions de La Havane, la directrice
générale du Département chargé des
États-Unis
au Minrex a souligné que Cuba reconnaît que le
gouvernement de ce pays a respecté les engagements
contractés quant à l’octroi de pas moins de 20 000 visas
par an à des émigrants cubains et également
l’augmentation du nombre de visas accordés à des
citoyens cubains pour des visites temporaires aux
États-Unis.
Par
ailleurs, elle a signalé que Cuba a fourni des
informations qui prouvent le déroulement satisfaisant
des nouvelles procédures migratoires mises à jour en
2013.
« Nous
avons reconnu l’augmentation de la coopération et de la
communication entre les agences compétentes des deux
pays pour faire face à l’émigration illégale, au trafic
de personnes et à la fraude migratoire », a-t-elle
ajouté.
La
délégation cubaine a proposé la tenue, dans les
prochains mois, d’une rencontre technique entre experts
sur la fraude de documents migratoires.
« Les deux
parties ont salué les résultats favorables des échanges
techniques et professionnels qui ont eu lieu récemment
entre le Service de la Garde côtière des États-Unis et
les Troupes garde-frontières de Cuba, notamment en vue
d’élargir la coopération », a affirmé la fonctionnaire
cubaine.
Le
sous-secrétaire d'État
pour les Amériques
Edward Alex Lee a déclaré quant à lui que son pays
maintiendra
la Loi d’ajustement cubain et la politique dite des « pieds
secs-pieds mouillés ».
Lee a affirmé que l’actuelle administration
nord-américaine est engagée dans le maintien de ces
normes qui continuent de régir la politique migratoire
des USA à l’égard de Cuba.
La partie cubaine a regretté la persistance de la
politique des « pieds
secs-pieds mouillés »
et de la Loi d’ajustement cubain, deux normes
incompatibles avec la lettre et l’esprit des Accords
migratoires, malgré les mesures adoptées par les deux
parties.
« Cuba
aspire à une relation normale avec les États-Unis dans
le domaine migratoire »,
a déclaré Josefina Vidal Ferreiro, après avoir affirmé
que ces deux instruments juridiques constituent le
principal stimulant de l’émigration illégale vers le
territoire nord-américain, ainsi que pour les entrées
clandestines dans ce pays de citoyens cubains s’étant
rendus légalement dans des pays tiers.
À cet égard, elle a rappelé que tous les émigrants
cubains interceptés en haute mer ne sont pas restitués à
Cuba, ce qui est contraire aux Accords migratoires en
vigueur.
« Il s’agit
d’une politique et d’une loi qui n’accordent un
traitement préférentiel, exclusif et unique qu’aux
citoyens cubains, un traitement dont ne bénéficie aucune
autre nationalité du monde, ce qui nous amène à la
conclusion que c’est l’élément essentiel qui incite et
continue d’encourager ces départs illégaux »,
a souligné la diplomate en réponse à une question de la
presse.
« Les
“pieds secs-pieds mouillés” relèvent d’une politique, si
bien que le gouvernement et le pouvoir exécutif sont
parfaitement habilités à décider de son application. En
ce qui concerne la loi, il est vrai que seul le Congrès
des USA est habilité à la modifier, mais le président
peut se prononcer sur son mode d’application »,
a-t-elle dit.
Plus loin,
la responsable de la délégation cubaine a renouvelé
l’opposition de son pays à la poursuite de la politique
visant à encourager des professionnels et des
techniciens cubains de la santé à abandonner leurs
missions dans des pays tiers.
Elle a
signalé que cette pratique blâmable de vol de cerveaux,
qui a également pour but de priver de ressources
humaines essentielles beaucoup de pays bénéficiant de la
coopération cubaine, ne convient nullement au contexte
bilatéral actuel.
Ce jeudi
ont également lieu au Palais des Conventions de La
Havane les conversations pour l’analyse du processus de
rétablissement des relations diplomatiques, et pour
traiter d’autres questions bilatérales.
La
délégation nord-américaine sera conduite par la
Secrétaire
d'État
adjointe pour l'Amérique latine,
Roberta Jacobson, et celle de Cuba par Josefina Vidal.
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