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La Havane. 18 Septembre  2014

La Schola Cantorum
au Festival Leo Brouwer

Mireya Castañeda

ALINA Urraca est une des figures essentielles dans l’histoire du chant choral cubain. Une femme de petite taille mais immense sur le podium, avec un éternel sourire sur les lèvres, qui reflète une intense satisfaction et une grande plénitude.

La directrice Alina Urraca.

Elle dirige depuis 20 ans le chœur Schola Cantorum, connu sous le nom de Coralina. Un excellent ensemble qui se distingue par la maîtrise technique de l’interprétation et la passion qui transparaît dans le chant.

À l’occasion du 6e Festival Leo Brouwer de Musique de chambre (28 septemble-12 octobre), nous avons dialogué avec Alina Urraca sur différents sujets, notamment sur sa présence à ce grand événement musical.

Au début le nom de la chorale a été difficile à accepter par certains…

J’ai décidé d’appeler le chœur Schola Cantorum, car c’est le nom d’une institution qui existe depuis le 4e siècle : des écoles de chant et de respiration furent créées près des cathédrales en Europe afin que les enfants – à cette époque des garçons – apprennent à chanter dans les chœurs des cathédrales. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi le nom de Schola Cantorum, car le projet initial était d’enseigner le chant aux enfants.

Actuellement, ce type d’école existe dans plusieurs pays. Par exemple, en Espagne, il y en a neuf, mais aussi une importante à Mexico et une autre à Caracas. À Cuba, il n’y en avait jamais eu, et c’est de là que vient l’idée de créer une école de chant, à laquelle je devais donner un nom. J’ai commencé à réfléchir : Chœur de La Havane ? de Cuba ? Il se trouve que j’ai dirigé le chœur de chambre de l’École nationale d’art (ENA) à partir de 1979, que les gens ont toujours appelé le Chœur d’Alina, si bien que j’ai associé les deux mots : coro et Alina. C’est sûr qu’au début, cela semblait un peu étrange, mais ce nom a plu et j’en suis heureuse.

Parlons du répertoire, de vos lignes de travail.


La Schola Cantorum Coralina a obtenu plusieurs prix internationaux.

Réellement, notre répertoire est très varié. Nous interprétons de la musique sacrée, de la musique contemporaine, populaire, cubaine et d’autres pays, principalement latino-américaine. Ce sont les lignes qui nous plaisent le plus, sans négliger toutefois la musique baroque, romantique ou classique.

Nous travaillons à partir de projets. Il y a quelques années, nous avons monté un projet de musique ancienne avec le compositeur catalan Josep Cabré et le groupe Ars Longa, et un autre projet pour le 200e anniversaire de la naissance de Franz Schubert.»

Tout au long de ces années, Coralina a participé à plusieurs projets, dont certains avec d’autres ensembles chorals prestigieux, dont les noms sont désormais inscrits au firmament de la musique de concert à Cuba : le chœur Exaudi, l’ensemble de musique ancienne Ars Longa et la Camerata Romeu. En 2005, lors d’un concert inoubliable, nous avons donné une série de concerts au cours desquels nous avons interprété le Magnificat de Bach, sous la direction de Zenailda Romeu.

Schola Cantorum Coralina revient au Festival à la demande de Leo Brouwer...

Leo Brouwer nous a fait un grand honneur en nous invitant à participer au Festival de musique de chambre, qui est plus qu’un événement musical : c’est un festival des arts cubains, mais aussi un festival international. Au-delà de son expérience en tant que musicien, de son intelligence et de sa très vaste culture, Leo va à la rencontre des artistes dans le monde. C’est quelqu’un qui s’y connaît en littérature, en arts plastiques, et qui, grâce à sa très vaste culture sait associer les arts entre eux. Ce Festival est bien plus qu’une fête, c’est une démonstration de culture générale.

Quel répertoire au programme ?

Je suis très satisfaite car nous avons dû dépoussiérer certaines partitions que nous avions à notre répertoire, mais nous ne les avions pas chantées depuis des années, et c’est très agréable. Au concert En la ruta de la danza oculta, nous allons interpréter la pièce Water Night, du compositeur nord-américain Eric Whitacre, sur un texte du poète Octavio Paz, à l’occasion du 100e anniversaire de la naissance de ce grand intellectuel mexicain, prix Nobel de Littérature. Whitacre a écrit une œuvre magnifique, très difficile pour un grand chœur, et pour nous, c’est un grand défi, parce que nous chantons sous un format de chœur de chambre. Je suis très heureuse que Leo nous ait demandé de l’interpréter. »

Whitacre a réalisé plusieurs compositions chorales sur des poèmes d’Octavio Paz A boy and a girl, Cloudburst, Little Birds, et Water Night.

Le titre original du poème est De l’eau nocturne dont une des strophes dit :

La nuit des yeux de cheval qui tremblent dans la nuit,

la nuit des yeux d’eau sur le champ endormi,

est dans tes yeux de cheval qui tremble,

est dans tes yeux d’eau secrète.

Coralina sera également au concert L’arc et la lyre, un autre hommage à Octavio Paz, où nous interprèterons Rytmus, du compositeur Ivan Hrusovsky (1927-2001). Rytmus est une des trois études du compositeur slovaque, très intéressante pour les chœurs qui souhaitent inscrire des pièces différentes à leur répertoire, comme c’est la cas de Coralina.

Mais de plus, nous interprèterons les Aleluyas criollas para coro de voces blancas, de Leo Brouwer (I. El pequeño músico II. El pequeño pregonero III. El pequeño filósofo), écrites en 1965.

J’ai toujours adoré les trois Aleluyas criollas. Je me souviens lorsque Carmen Collado les chantait à l’époque où j’étais étudiante à l’ENA, et qu’elle dirigeait le Chœur féminin Amadeo Roldan. Même si mon chœur n’est pas féminin, les femmes de Coralina vont chanter les trois Aleluyas de Leo.

Ce n’est pas tout. Les femmes de Coralina vont chanter avec Haydée Milanés dans son concert Palabras. Homenaje a Marta Valdés en su 80 aniversario, où elles interprèteront la chanson Aida, sur des arrangements d’Haydée, dédiée à cette grande chanteuse,

Marta a écrit cette chanson en 1973, dédiée à Aida Diestro (La Havane 1924-1973), pianiste et directrice de chœur, fondatrice en 1952 du quartette D’Aida, composé d’Elena Burke, Omara et Haydée Portuondo et Moraima Secada.

La chanson dit :

Aida, après tout ce que nous avons dit, tu vois

ta vie s’en est allée entre tes mains.

Aida, derrière la fumée, le sourire

malgré toute cette hâte.

Aida, la lune s’est est allée de ton paysage

Aida, mais tu as chanté pendant tout le voyage

Aida, en offrant toujours de l’harmonie

Au cours de ses vingt années de travail, la Schola Cantorum Coralina a reçu de nombreux prix internationaux, dont le Grand prix du Concours polyphonique Guido d’Arezzo 2006, l’un des plus importants du monde, du Concours de Habaneras et Polyphonies de Torreviejas (Espagne) en 1999 ; le concours de l’Île Marguerite (Venezuela) ; le concours de Trelew, (Patagonie argentine) et à Miltemberg (Allemagne.

L’ensemble a réalisé des tournées en Suisse, France, Espagne, Italie, États-Unis, Argentine, Chili, Mexique, Venezuela, Équateur, Allemagne et Danemark ; il a été invité à chanter au Vatican, en tant que chœur principal lors de l’Audience publique, ainsi qu’à la messe du Corpus Christi, célébrée par le Pape, après la visite de Jean Paul II à Cuba.

Coralina a enregistré plusieurs CD, avec des titres comme Oh Magnum Mysterium, des œuvres sacrées d’auteurs universels, latino-américains et cubains ; Canteme, des chansons de Silvio Rodriguez, la preuve que les chansons de Silvio peuvent être, et le sont de fait, des œuvres pour chœur comme n’importe quel madrigal du 16e siècle ; Chants de la messe du Pape à La Havane, (1998 / Jade, France) ou De qué cantada manera, 2003, des textes du poète national cubain, Nicolas Guillen.

La Schola Cantorum Coralina jouit d’une grande reconnaissance pour sa qualité professionnelle, mais elle se distingue par d’autres caractéristiques, notamment la sensibilité de ses interprétations.

Le Festival Leo Brouwer nous offre la possibilité de l’écouter dans une vaste démonstration de son répertoire.
 

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