LES 495
ANS DE SAN CRISTOBAL DE LA HABANA
La Havane… harmoniser le traditionnel et
le contemporain
Mireya Castañeda…
LES écrivains
ont reçu le don de découvrir le visage cachée des villes
que l’on parcourt quotidiennement. Ils parlent de leurs
énigmes, dont ils semblent être les seuls à détenir le
secret.
Alejo
Carpentier, un Havanais de souche, qui avait surnommé La
Havane, la Ville des colonnes, vantait la diversité de
ses styles architecturaux : « … l’ennui n’existe pas
dans ses rues. La rue havanaise est un éternel
spectacle : théâtre, caricature, drame, comédie… Mais il
y a en elle de la matière vive, de l’humanité, des
contrastes, qui peuvent faire les délices de tout
observateur ».
San
Cristobal de la Habana – son nom d’origine – fut la
dernière des sept villes fondée par le conquistador
espagnol Diego Valasquez, le 16 novembre 1519. Cette
date fait référence à son emplacement actuel, car
auparavant, entre 1514 et 1519, il y en eu au
moins deux autres : en 1514, l’une des premières cartes
de Cuba, celle de Paolo Forlano, situe la ville sur la
côte sud, puis elle apparaît à la Chorrera, dans le
quartier de Puentes Grandes, près de la rivière
Almendares.
La fondation
de 1516 est commémorée chaque année au Templete, un
monument, de caractère néoclassique, sur la Plaza de
armas, dont la construction date de 1827. À l’intérieur,
trois peintures murales de Jean Baptiste Vermay,
fondateur de l’Académie San Alejandro, évoque cette
fondation.
Tous les ans,
la veille du 16 novembre, selon la tradition, de
nombreux Havanais font trois fois le tour de la Ceiba
(fromager), plantée à l’entrée du Templete, jette une
monnaie au pied de ses racines et font un vœu en
silence.
Toute ballade
sur la Plaza de armas mène inévitablement au Château de
la Real Fuerza, non seulement parce que ce fut la
première forteresse construite en Amérique (1558-1577),
mais parce qu’au sommet de l’une de ses tours se dresse
le symbole de la ville : La Giraldilla, une gracieuse
girouette en bronze en forme de femme.
Le 20 décembre
1592, le roi Philippe II confère à La Havane le titre de
ville. Ainsi commence l’histoire d’une cité qui compte
aujourd’hui plus de deux millions d’habitants.
Depuis plus de
30 ans, le Bureau de l’Historien de la ville effectue
des travaux de restauration importants afin de conserver
la splendeur du Centre historique. « Nous devons
préserver la mémoire historique, car sans elle, nous ne
sommes rien », a déclaré Eusebio Leal, lors d’une
rencontre avec la presse à l’occasion du 495e
anniversaire de la ville, qui s’est déroulée au Palais
du Segundo. Un bâtiment qui, « une fois restauré et
sauvé des ruines, sera prochainement un des musées les
plus intéressants de la ville », a-t-il ajouté.
L’Historien a
d’abord mentionné les 20 travaux de restauration
achevés, dont le Théâtre Marti, fermé depuis 1977 et qui
a rouvert ses portes cette année ; le Sloppy Joe’s Bar ;
une partie du Capitole ; le monument dédié à l’un des
grands généraux de l’indépendance cubaine, Calixto
Garcia, situé sur le Malecon (front de mer) au bout de
l’avenue des Présidents et la Plaza Vieja, « qui
était totalement détruite et qui est aujourd’hui un
espace florissant ».
Eusebio Leal a
ensuite présenté les avancées des travaux de
restauration effectués sur l’allée de Paula, qui
respectent le plus possible son aspect originel ; le
Muelle de Caballeria jusqu’aux entrepôts San José, où se
trouvent d’anciens bâtiments comme, les Practicos del
Puerto et le Emboque de Luz, ou la plus grande partie de
structures métalliques a été conservée. Des
améliorations sont apportées à l’arrivée et au départ
des caboteurs qui relient la partie historique de la
ville aux petites villes côtières de Regla et
Casablanca. Quant aux anciens Entrepôts du bois et du
tabac, ce sont aujourd´hui une grande brasserie.
Sur ce
tronçon est prévu également le prolongement de la Place
Saint-François par une plateforme qui traversera la
voie. La construction de la basilique mineure, du même
nom, d’architecture baroque, a démarré en 1575 et s’est
achevée 200 ans plus tard.
À propos de
l’allée de Paula, Leal a indiqué qu’il est prévu
d’installer un môle flottant parallèle qui fera office
de promenade maritime pourvu d’un éclairage et de
mobilier, dont l’inauguration devrait avoir lieu vers la
mi-2015.
La
priorité, c’est de veiller à combiner de façon
harmonieuse l’aspect traditionnel de la vieille ville
avec le contemporain.
Dans sa plénitude, sa beauté et son mystère,
Saint-Christophe de La Havane, avance, en peine
rénovation, vers ses 500 ans. Concluons avec Alejo
Carpentier qui écrivit : « La Havane se dessine,
grandit, se définit, sur le ciel lumineux du lever du
jour ». |