FIHAV 2014
Un pont entre Cuba et le monde
Livia Rodriguez Delis
LA 32e édition de la Foire internationale de La Havane
qui vient de s’achever s’inscrit déjà comme l’une des
plus importantes en raison des nombreux projets qui
contribueront à la dynamisation de l’économie cubaine.
La FIHAV 2014 s’est affirmée comme une référence pour
construire de nouvelles relations commerciales, plus
solides et efficaces, avec des objectifs bien définis, à
partir de la présentation du portefeuille d’activités et
des garanties offertes par la Loi 118 sur les
investissements étrangers adoptée cette année, et les
progrès enregistrés dans la Zone spéciale de
développement de Mariel, située à une cinquantaine de
kilomètres à l’ouest de La Havane.
Lors de la cérémonie de clôture de la Foire, Ricardo
Cabrisas Ruiz, vice-président du Conseil des ministres,
a déclaré que cette année marquera un jalon important,
car il s’agit de la première de ces rencontres ayant été
consacrée à la promotion des investissements étrangers
dans l’Île. Il s’est félicité du bilan positif de la
FIHAV 2014, qui s’est traduit par un saut technologique
important et par une nette amélioration du niveau et de
la qualité des expositions.
Concernant le portefeuille d’affaires présenté cette
année, il a précisé qu’il ne s’agit pas d’un inventaire
de propositions d’investissement, mais d’objectifs bien
définis dans le Programme de développement économique et
social du pays, qui prévoit une participation importante
du capital étranger.
Il a expliqué que la priorité est notamment accordée à
la recherche de capitaux étrangers afin de contribuer à
une dynamisation de la production et des services, et il
a invité les responsables des entreprises cubaines à
pousser plus loin les contacts établis et à continuer la
prospection de pays avec lesquels pourraient s’établir
des relations d’affaires et de nouveaux contrats,
notamment en ce qui concerne l’investissement de
capitaux et les nouvelles technologies.
« Les responsables cubains des entreprises assument une
grande responsabilité, suite aux politiques et aux
décisions adoptées relatives à la séparation des
fonctions étatiques de celles des entreprises,
l’acquisition d’une plus grande autonomie et
l’élargissement des facultés de l’entreprise d’État
socialiste, qui garantissent un scénario de gestion plus
souple et moins centralisé », a-t-il dit.
Plus loin, il a salué la présence à la Foire d’un grand
nombre d’hommes d’affaires et de délégations
officielles, ce qui, a-t-il affirmé est « une preuve de
l’intérêt croissant que suscite ce rendez-vous
d’affaires au niveau international ».
LES LAURÉATS
Le dernier jour, a eu lieu la cérémonie de proclamation
des résultats et de remise des prix, en présence d’un
nombreux public. Plusieurs catégories étaient en lice :
Qualité du produit, Meilleur stand et Meilleur design,
entre autres. Cuba, le Brésil et l’Espagne figuraient
parmi les pays les plus récompensés, avec des médailles
d’or et des mentions pour la qualité de leurs produits
et leur design, entre autres.
Les prix du Meilleur stand ont été attribués à
l’Allemagne, au Brésil, à l’Argentine et au Mexique.
L’Espagne a été le pays le plus représenté avec 132
entreprises, et le Brésil, qui a montré la plus forte
progression de participation.
LES AVIS DES HOMMES D’AFFAIRES
« Aucun événement dans cette région n’a les capacités
d’organisation et de participation de la Foire de La
Havane »,
a déclaré à Granma international l’homme d’affaires
basque Ignacio Uriarte, président des entreprises Idurgo
y Capeans (couverts et vaisselle de luxe), et
représentant de la société Vicrila (cristallerie).
Ces entreprises – Idurgo, avec 55 ans sur le marché,
Capeans, avec 70 ans, et Vicrila, 125 –, sont réputées
en Espagne pour la qualité et la beauté de leurs
produits, présents aussi bien dans les foyers espagnols
qu’à la Maison royale.
« Ni le Chili, ni l’Argentine, ni la Colombie n’ont de
foire comme celle de La Havane, avec une telle quantité
d’exposants d’Amérique et d’Europe. Ici, nous avons
conclu des affaires avec une petite unité uruguayenne
pour leur transmettre notre savoir-faire. Cette Foire
est d’une importance vitale pour tous »,
a-t-il dit.
Concernant les opportunités d’affaires qui s’offrent aux
entreprises dans l’Île, il a signalé : « Nous sommes
présents à Cuba depuis 24 ans, et nous avons une
entreprise en partenariat avec le gouvernement cubain,
qui n’est pas encore en fonctionnement, mais nous tenons
à renforcer notre présence. De quelle manière ? Le 30
novembre nous allons mettre en service une fabrique de
couverts à Santiago de Cuba, une usine de fabrication de
vaisselle à l’Île de
la Jeunesse, ainsi qu’une fabrique de verrerie dans la
commune havanaise de La Lisa »,
a précisé M. Uriarte.
Et d’ajouter : « Ces trois entreprises entreront en
service en 2015 et seront équipées de technologie
moderne et de matériel de dernière génération. Elles
auront dans un premier temps une capacité de production
de 300 millions de verres et d’environ 30 millions
d’assiettes. »
« À cette date, l’entreprise de Santiago de Cuba ne sera
plus une entreprise mixte ; elle sera totalement gérée
par Idurgo et, comme pour les autres entités, nous
apporterons notre savoir-faire et l’équipement, tandis
que Cuba se chargera de la main-d’œuvre qualifiée. Et
après une période de trois ans, ces entités seront
entièrement placées sous gestion cubaine »,
a-t-il dit.
Pour M. Ignacio Uriarte la matérialisation des projets
dans le secteur touristique constitue une bonne base
pour renforcer leur positionnement sur le marché cubain
et développer les échanges.
« À présent, avec la nouvelle Loi sur les
investissements étrangers, les conditions sont optimales
pour investir dans l’Île, grâce aux incitations fiscales
et à d’autres garanties offertes par le gouvernement
cubain. Ceci nous intéresse, et après 24 ans à Cuba,
nous n’allons pas laisser passer notre chance »,
a-t-il conclu.
ESPAGNE : INGÉNIERIE DE PRÉCISION
L’entreprise familiale Escribanos est installée dans les
environs de Madrid depuis 1998. Son directeur, M. Juan
Manuel Garcia, a décidé de venir à la Foire de La Havane
avec une stratégie d’entrée sur le marché assez
particulière.
Cette entreprise espagnole est spécialisée dans
l’usinage et la fabrication de pièces mécaniques de
haute précision destinées à l’industrie et
l’aviation.
Sa capacité de précision permet à Escribanos de livrer
du matériel aux fabricants de trains d’atterrissage, et
d’apporter des solutions spécifiques dans n’importe
quelle branche de l’économie.
C’est pourquoi sa présence à Cuba ne répond pas
seulement au besoin de vendre du matériel, mais de
construire des alliances stratégiques avec des
entreprises clés, auxquelles elle pourrait transférer de
la technologie et des connaissances leur permettant de
développer leur capacité industrielle et doter le pays
de l’autonomie suffisante pour bien gérer le cycle de
vie de ces systèmes.
« Nous ne pouvons pas fournir du matériel en espérant
d’obtenir des bénéfices à moyen ou long terme, si bien
que nous concevons le transfert de technologie, de
savoir et d’assistance à l’industrialisation comme un
véhicule beaucoup plus efficace et important pour le
pays récepteur »,
a-t-il dit.
« Il y a d’autres avantages supplémentaires : vous créez
une main-d’œuvre, vous accumulez de la technologie
susceptible de servir de base à la diversification des
pièces pour les équipements d’autres secteurs, plus
sophistiqués ou de nature spécifique pour les
entreprises cubaines »,
a-t-il ajouté.
En plus des contacts qui ont été établis, la FIHAV a
donné aux entreprises présentes l’occasion de se réunir
avec les responsables d’entreprises cubaines désireuses
de proposer à leurs cadres une formation professionnelle
plus poussée. « On nous a demandé notre aide pour la
formation concrète dans l’usinage et le maniement des
outils et des mécanismes, entre autres », a-t-il
indiqué.
UN SITE DE STOCKAGE DE DERNIÈRE GÉNÉRATION À MARIEL
La société française Pirs, qui depuis une trentaine
d’année fabrique des structures de dernière génération à
des fins diverses, notamment des moyens de stockage,
était présente pour la première fois à la FIHAV 2014,
intéressée par les investissements dans la Zone de
Mariel.
« Trois entreprises seulement au monde sont spécialisées
dans la fabrication de ce genre de structures, deux
nord-américaines et le groupe français Pirs, qui a
construit des ouvrages dans une quinzaine de pays »,
a déclaré Julio Cesar Gonzalez, représentant pour
l’Amérique latine et la Caraïbe.
Il a souligné que leur présence à Cuba avait pour but,
notamment, l’implication du cette société dans la zone
de stockage en vrac de Mariel, ajoutant que les
solutions que peut apporter l’entreprise sont idéales
pour cette tâche.
À la différence des dispositifs traditionnels de
stockage tels que les silos métalliques, les
propositions du groupe français sont en forme de dôme,
résistants à la corrosion et inoxydables ; ils
permettent de contrôler la température et les niveaux
d’humidité des produits et possèdent des systèmes
automatiques de charge et de décharge.
Parmi d’autres avantages : la résistance de ces
dispositifs aux vents violents et aux mouvements
telluriques. Ces systèmes sont plus performants pour le
sucre, le maïs et les graines, même s’ils permettent de
stocker tout type de produits.
Durant la Foire, où des contrats ont également été
conclus dans des secteurs comme le nickel, les hommes
d’affaires ont rencontré des fonctionnaires des
ministères de l’Industrie alimentaire et de
l’Agriculture, auxquels ils ont fait part de leur
volonté de contribuer à améliorer les capacités de
stockage de Cuba.
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