Camarades,
Nous avons effectué des réunions importantes ces
dernières semaines, dont le Conseil des ministres, le 21
juin, et le 8e Plénum du Comité central du
Parti, jeudi dernier. Ces deux événements, et en
particulier la réunion du Conseil des ministres, ont été
largement couverts par les médias.
Pour
leur part, depuis mercredi, les députés, au sein de
leurs commissions respectives, ont débattu en profondeur
des principaux sujets liés à l’activité nationale. C’est
pourquoi mon intervention sera brève.
Comme il a été informé, durant le 1er
semestre l’économie cubaine a poursuivi sa progression
discrète ; le Produit intérieur brut (PIB) a augmenté de
0,6%, ce qui traduit une décélération du rythme de
croissance de cet indicateur en raison du non-respect au
niveau des recettes extérieures, l’incidence des
conditions climatiques, ainsi que la persistance
d’insuffisances internes dans la gestion économique.
Malgré la croissance enregistrée dans les secteurs du
transport, des communications, des activités agricoles,
de l’industrie sucrière et du tourisme, l’activité
minière et la production industrielle ont baissé, cette
dernière du fait de défaillances sensibles dans le
financement et par l’entrée tardive de matières
premières importées.
Par ailleurs, nous avons continué de subir les effets
négatifs de la crise économique mondiale, et le blocus
économique nord-américain s’est durci, notamment la
traque financière contre les entités ayant des relations
avec notre pays, un sujet sur lequel je reviendrai plus
tard.
Au milieu de ces circonstances incontestables, nous
avons honoré, dans les délais fixés, les engagements
financiers résultant du rééchelonnement des dettes
contractées envers nos principaux créanciers, ce qui
favorise la restauration soutenue de la crédibilité
internationale de notre économie.
Nous sommes également parvenus à préserver les
conditions d’équilibre monétaire interne, tant dans le
secteur de la population que dans l’économie dans son
ensemble. La tendance au rétablissement de la discipline
financière en matière d’encaissements et de paiements se
consolide.

Pour atteindre à la fin de l’année une croissance du
PIB de 1,4%, il faudra travailler plus et mieux au cours
du second semestre, et accroître l’utilisation de nos
réserves d’efficacité, encore insuffisamment exploitées.
Les résultats obtenus ne nous satisfont pas, mais
cela nous décourage pas non plus le moins du monde. Face
à ces circonstances complexes, il s’impose de lutter
avec fermeté et optimisme pour renverser la situation et
récupérer les rythmes de croissance qui garantissent le
développement socialiste sur des bases durables et
irréversibles.
À cette fin et dans le cadre de l’application des
Orientations adoptées par le 6e Congrès du Parti, le
Conseil des ministres a approuvé les bases du programme
de développement économique et social de notre pays à
long terme, à l’horizon 2030, qui servira de plate-forme
pour l’élaboration des plans quinquennaux.
Parmi les principes de ce programme de développement
figure le maintien de la propriété sociale sur les
moyens de productions, et la construction d’un modèle de
développement, axé sur l’efficacité dans tous les
secteurs, dans le but d’assurer à tous les Cubains le
bien-être, l’équité et la justice sociale.
Concernant la mise à jour de notre modèle économique,
nous nous trouvons à une phase qualitativement
supérieure, dans laquelle sont évaluées des décisions
d’une complexité et d’une portée plus importantes. C’est
le cas, entre autres, de la création de conditions
visant à assurer le succès de l’unification monétaire
qui, comme il a déjà été expliqué, ne signifie pas la
solution magique à tous les problèmes de l’économie,
mais est appelée à devenir un facteur décisif pour une
amélioration considérable de l’efficacité et de la
productivité du travail et permettra, en même temps, une
répartition plus juste des richesses.
À ce propos, il n’est pas inutile de rappeler que les
comptes en banque en devises étrangères, en pesos
cubains convertibles (CUC) et en pesos cubains (CUP)
seront garantis, tout comme l’argent liquide en
possession de la population et des personnes juridiques
nationales et étrangères.
Le 28 juin dernier, la nouvelle Loi sur les
Investissements étrangers est entrée en vigueur. Elle
avait été adoptée par cette Assemblée au cours d’une
session extraordinaire, le 29 mars, de même que les
normes de régulation. Cette législation crée un cadre
juridique qui offre de plus grandes facilités et
garanties aux investisseurs. Il revient aux organismes
et aux entreprises d’actualiser le dossier
d’opportunités afin d’attirer et concrétiser, le plus
rapidement possible et sur des bases mutuellement
avantageuses, des projets d’investissements de capitaux
étrangers appelés à dynamiser la gestion de la
production et des services.
Par ailleurs, le perfectionnement des structures et
des fonctions des organismes de l’Administration
centrale de l’État et d’autres entités nationales s’est
poursuivi, et à l’heure actuelle l’on procède à leur
application dans le premier groupe constitué de 20 de
ces organismes.
Nous continuons d’avancer dans le domaine de la
séparation des fonctions étatiques de celles des
entreprises, et un ensemble de mesures est mis en place
afin de donner une plus grande autonomie et de larges
facultés à l’entreprise étatique socialiste.
À ce propos, j’estime important de souligner que pour
que ce processus soit couronné de succès, il nous faut
procéder selon une gradualité adéquate, comme nous le
disions ce matin, et il doit être accompagné d’un
contrôle et d’un suivi permanent de la part des
différentes structures du Parti et du gouvernement à
chaque niveau, ainsi que d’actions systématiques pour le
perfectionnement de la formation des dirigeants et des
fonctionnaires qui assument de nouvelles responsabilités
dans un contexte de gestion plus souple et moins
centralisé.
De même, la tendance croissante du travail à son
compte et des coopératives non agricoles se maintient,
ces dernières toujours en phase expérimentale.
Au cours de la dernière réunion du Conseil des
ministres, nous avons approuvé l’actualisation de la
politique pour la mise en œuvre de la gestion sous des
formes non étatiques dans les secteurs de la
gastronomie, des services techniques et personnels. Ce
qui se traduira par une amélioration de la qualité et de
la variété de l’offre à la population, et aussi par une
réduction des pertes et des vols, si fréquentes dans ce
secteur, et permettra à l’État de se consacrer à
d’autres questions plus importantes pour le
développement du pays.
Dans ce domaine nous ne devons par non plus laisser
de place ni à la précipitation ni à l’improvisation. La
gradualité n’est pas un caprice, et moins encore le
désir de retarder les changements que nous devons
effectuer. Bien au contraire, il s’agit d’une nécessité
pour assurer l’ordre et pour éviter des vides qui nous
conduisaient directement à des erreurs qui
dénatureraient les objectifs que nous nous étions fixés.
À présent, j’aborderai aussi des questions concernant
la politique extérieure.
Malgré le rejet international croissant – en
particulier en l’Amérique Latine et dans les Caraïbes,
et même aux États-Unis –, suscité par le blocus
économique, commercial et financier exercé contre Cuba,
une telle politique, loin d’être rectifiée, demeure
pleinement en vigueur, alors qu’elle constitue une
violation des principes de la Charte des Nations Unies.
Le harcèlement à l’encontre des institutions
commerciales et bancaires qui entretiennent des
relations avec notre pays s’est intensifié et il revêt,
dans bien des cas, un caractère extraterritorial
agressif, affectant y compris des alliés des États-Unis,
comme l’a montré la récente amende de 8,97 milliards de
dollars infligée à la banque française BNP-Paribas, la
plus importante de France. Il s’agit d’une nouvelle
violation de la souveraineté des États, des normes du
libre-échange et du Droit international, comme il a été
souligné dans la Déclaration de notre ministère des
Relations extérieures du 2 juillet.
Le fait qu’à cause du blocus financier, le Section
consulaire de Cuba à Washington ait été privée des
services bancaires est quelque chose d’insolite. Cette
situation porte préjudice aux Cubains qui vivent aux
États-Unis et entrave leurs liens familiaux et les
voyages dans notre pays.
Les États-Unis ne renoncent pas non plus à la
subversion contre Cuba, à travers l’utilisation de
méthodes secrètes et des nouvelles technologies de
l’information et des télécommunications, comme l’ont mis
en évidence les récentes révélations sur le projet
Zunzuneo, ce qui constitue une violation de notre
souveraineté et du Droit international.
Il est temps que les États-Unis comprennent que ces
politiques sont vouées à l’échec et qu’ils doivent
respecter la volonté et le droit des Cubains à
construire leur avenir en paix.
Actuellement, le Venezuela résiste et sort victorieux
face aux moyens les plus sophistiqués de subversion et
de déstabilisation, y compris des tentatives de coup
d’État, selon les conceptions de la guerre non
conventionnelle appliquées par les États-Unis dans
plusieurs régions du monde. La Révolution bolivarienne
et chaviste et le gouvernement du président Nicolas
Maduro, reçoivent de nombreux témoignages de solidarité
régionale et internationale, et de soutien au peuple
vénézuélien qui défend ses acquis.
Notre pays a récemment exprimé, à travers une
Déclaration du ministère des Relations extérieures, sa
solidarité et son soutien à la République argentine et à
sa présidente Cristina Fernandez face aux attaques
associées à des fonds spéculatifs, protégés par des
décisions inacceptables et interventionnistes de cours
des États-Unis.
L’Amérique Latine et les Caraïbes serrent les rangs
dans la défense de ce pays frère, conscient que cette
agression contre le peuple argentin vise aussi les
efforts d’intégration régionale et la souveraineté de
tous les pays du Sud.
Les accords auxquels sont parvenus jusqu’à présent le
gouvernement colombien et les Forces armées
révolutionnaires de Colombie (FARC) à la table de
dialogues, sont très importants. Jamais ce pays n’a
autant avancé dans la voie conduisant à la paix, pour
mettre fin à un conflit qui dure depuis plus de 50 ans
déjà. À la demande des deux parties, Cuba continuera à
jouer son rôle de garant et de siège de ces
conversations, et elle continuera à offrir toutes les
facilités nécessaires à leur bon déroulement.
Nous saluons aussi la phase exploratoire entamée par
ce gouvernement et par l’Armée de libération nationale
(ELN), à laquelle nous continuerons de contribuer.
La tenue du 2e Sommet de la CELAC [Communauté des
États latino-américains et caribéens], en janvier, qui a
coïncidé avec le 161e anniversaire de la naissance de
José Marti, a été un succès pour le peuple cubain en
raison du niveau élevé de participation de chefs d’État
et de gouvernement, de l’importance des questions
débattues et des documents adoptés, comme la Déclaration
de La Havane et le Programme d’action, qui témoignent de
notre unité dans la diversité et de la volonté politique
d’avancer sur la voie de l’intégration latino-américaine
et caribéenne.
La signature, par tous les chefs d’État et de
gouvernement de la Proclamation de l’Amérique latine et
des Caraïbes comme Zone de Paix, a marqué un jalon d’une
importance historique, qui réaffirme le respect des
principes et des normes du Droit international, et des
objectifs et des principes de la Charte des Nations
Unies, ainsi que notre engagement permanent envers la
solution pacifique des différends afin de bannir à
jamais de notre région le recours ou la menace du
recours à la force.
Nous nous engageons également au strict respect de
l’obligation de nous abstenir d’intervenir, directement
ou indirectement, dans les affaires intérieures de
n’importe quel autre pays, et de respecter les principes
de souveraineté nationale, de l’égalité des droits et de
la libre détermination des peuples, ainsi qu’au plein
respect – établi dans ces documents – du droit
inaliénable de tout État de choisir son système
politique, économique, social et culturel, comme
condition essentielle pour assurer la coexistence
pacifique – c’est la première fois que ce principe est
recueilli dans un document paraphé par tous les chefs
d’État de l’Amérique Latine et des Caraïbes – ; la
promotion d’une culture de paix et le désarmement et la
promotion du désarmement nucléaire et du désarmement
général et total, afin de favoriser le renforcement de
la confiance entre les pays.
À présent, au sein du quatuor de la CELAC, formé par
le Costa Rica, qui occupe la présidence tournante, de
Cuba qui l’a occupée jusqu’au dernier Sommet, et de
l’Équateur qui succèdera à l’actuelle présidence, plus
Saint-Vincent-et-les-Grenadines en qualité de
représentante de la CARICOM, c’est-à-dire, des Caraïbes,
notre pays continue de soutenir le travail de
consolidation et de renforcement de la Communauté.
En mai, le ministre de la Santé publique, Roberto
Morales Ojeda, a présidé avec succès, au nom de Cuba, la
67e Assemblée mondiale de la Santé, la plus
haute instance de l’Organisation mondiale de la Santé,
ce qui constitue une haute reconnaissance des acquis de
notre pays dans ce domaine, tant au niveau national que
dans la coopération internationale assurée par des
dizaines de milliers de compatriotes.
Le Sommet du Groupe des 77 et la Chine, en Bolivie,
au mois de juin, a montré le remarquable leadership
populaire et international du président Evo Morales Ayma,
a adopté d’importantes décisions dans la défense des
intérêts des pays du Sud et a rendu hommage au
commandant Ernesto Che Guevara pour l’anniversaire de sa
naissance.
En témoignage de nos liens favorables, solidaires et
croissants et de l’identité d’objectifs et d’intérêts
avec la Communauté des Caraïbes, à laquelle nous nous
sentons profondément liés, la représentation
diplomatique à la Havane de ses États membres été
complétée par l’ouverture, par le Premier ministre
Denzil Douglas, de l’ambassade de Saint
Christophe-et-Nevis.
Nous travaillons déjà aux préparatifs du 5e
Sommet CARICOM-Cuba qui se tiendra dans notre pays le 8
décembre de cette année, où nous commémorerons le jour
où, de façon simultanée, la Barbade, le Guyana, la
Jamaïque et Trinité-et-Tobago ont établi des relations
diplomatiques avec notre pays, et ont apporté ainsi une
contribution notoire à notre insertion régionale. Ce pas
a eu un grand poids à un moment où rares étaient les
pays qui avaient des relations diplomatiques avec le
nôtre.
En effet, le Mexique ne fut plus le seul à ne pas
avoir rompu ses relations, avec Cuba, mais il y en eut
plusieurs autres.
Avec la satisfaction du retour dans la Patrie de René
et Fernando, qui ont purgé la totalité de leurs injustes
peines, nous réaffirmons l’engagement de poursuivre à
leurs côtés nos efforts pour la libération de Gerardo,
Ramon et Antonio, une cause à laquelle nous continuerons
à accorder la plus grande priorité.
Pour conclure, camarades, le 26 juillet prochain,
nous commémorerons, aux côtés de la population
d’Artemisa, le 61e anniversaire des attaques des
casernes Moncada et Carlos Manuel de Céspedes, dans la
jeune province qui fut le berceau de nombre de courageux
protagonistes de cette épopée. À cette occasion, il
reviendra à l’un d’entre eux, au Commandant de la
Révolution Ramiro Valdés Menéndez, de prononcer le
discours national.
Travaillons pour préserver les acquis de la
Révolution, pour lesquels tant de générations de Cubains
ont lutté, et pour construire un socialisme prospère et
durable.
C’est tout pour l’instant.
Je vous remercie.