La vision intégrale
de la rééducation neurologique
• En 25 ans depuis sa création à
l’initiative de Fidel, le Centre international de
restauration neurologique de La Havane a permis
d’améliorer la qualité de vie de plus de 120 000
patients de 91 pays, y compris Cuba
Lilliam Riera /
Photos Anabel Diaz Mena
LA reconnaissance de la communauté scientifique et la
gratitude des patients pris en charge au cours des 25
dernières années d’un travail opiniâtre et fructueux
font la fierté du Centre international de restauration
neurologique (CIREN) de La Havane, qui s’appuie sur une
vision intégrale de la rééducation des patients atteints
de maladies du système nerveux.

Le Dr
Emilio Villa Acosta,
président du CIREN. |
« Depuis son inauguration, le 26 février 1988,
jusqu’à nos jours, 120 000 patients de 91 pays – 105 000
Cubains et 15 000 étrangers – ont pu améliorer leur
qualité de vie grâce aux traitements proposés par notre
centre », a déclaré à Granma international le Dr
Emilio Villa Acosta, président de cette institution
scientifique médicale.
Le Dr Villa rappelle que le CIREN a été créé à
l’initiative du leader historique de la Révolution,
Fidel Castro, et qu’il s’agit de la seule institution au
monde à appliquer un système de rééducation intensive (jusqu’à
sept heures par jour) pour le traitement des séquelles
de maladies dégénératives.
Le CIREN se distingue par le haut niveau scientifique
de ses spécialistes, ainsi que par la disponibilité et
le dévouement de ses personnels qui travaillent au sein
d’équipes pluridisciplinaires placées sous la direction
de neurologues expérimentés.
Placé sous la juridiction du ministère de la Santé
publique (Minsap), le CIREN propose actuellement deux
importants programmes de traitement : le traitement de
rééducation neurologique et le traitement de rééducation
biologique générale (Rebioger).

Travail axé
sur la récupération des capacités cognitives
permettant la réalisation d’activités
fonctionnelles de base. |
Le traitement de rééducation neurologique est assuré
par cinq cliniques spécialisées, parmi lesquelles figure
l’unité de traitement des Troubles du mouvement et des
maladies neurologiques dégénératives – la seule à Cuba
et l’une des premières du continent –, consacrée aux
maladies telles que la maladie de Parkinson, dont la
fréquence augmente avec le vieillissement de la
population.
Cette maladie, qui se caractérise par l’apparition de
troubles moteurs : tremblements, lenteur des mouvements,
troubles de la marche et de l’élocution… est incurable,
mais des traitements peuvent améliorer la qualité de vie
du patient.
Les quatre autres cliniques sont spécialisées dans
les traumatismes de la moelle épinière, les maladies
neuromusculaires, cérébrovasculaires, les traumatismes
crânio-encéphaliques et la paralysie cérébrale infantile.
Le deuxième programme conçu pour les patients âgés de
plus de 30 ans, sains ou apparemment sains, a pour
objectif de corriger les effets associés au stress
oxydatif, par le biais d’un traitement à base de
médicaments mis au point par les scientifiques et les
médecins du CIREN.
Cette institution du Pôle scientifique de La Havane
privilégie d’autres objectifs comme la maîtrise des
technologies de pointe et l’élaboration de ses propres
solutions novatrices qui sont mises à la disposition du
Système national de santé et de la population, ainsi que
leur commercialisation.
UN PAQUET TECHNOLOGIQUE 100% CUBAIN POUR LES
CHIRURGIES DE POINTE

La
rééducation intensive jusqu’à 7 heures par
jour a pour but de diminuer les séquelles
des maladies dégénératives. |
Le CIREN est doté de la technologie médicale de
diagnostic la plus moderne employée dans les
neurosciences cliniques et expérimentales. Il a mis au
point un paquet technologique entièrement cubain pour la
réalisation de chirurgies mini-invasives précises,
efficaces et sans complication.
Ce paquet technologique comporte un cadre
stéréotaxique (Estereoflex), fixé sur la voûte crânienne
du patient à opérer – mis au point conjointement par le
CIREN et le Centre d’immuno-tests (CIE) –, de logiciels
cubains pour la planification chirurgicale
tridimensionnelle, du registre de l’activité électrique
neuronale dans les couches cérébrales profondes, et la
neurochirurgie vasculaire.
L’utilisation de cette technologie permet la
réalisation, à Cuba, de chirurgies fonctionnelles pour
le traitement de patients atteints de la maladie de
Parkinson à un stade avancé (4 et 5) ; la résection de
tumeurs du système nerveux ; les malformations
vasculaires intracrâniennes, les épilepsies et autres.
Le Dr Villa Acosta a expliqué que 970 patients
cubains et étrangers souffrant de la maladie de
Parkinson et d’épilepsies ont bénéficié de ces
technologies de pointe.
Il a ajouté par ailleurs que treize institutions du
pays, notamment dans les provinces de Cienfuegos, Villa
Clara, Holguin et Santiago de Cuba sont dotées du
matériel nécessaire et que leur personnel est
parfaitement apte à réaliser ce genre de chirurgie.
UNE TECHNIQUE CHIRURGICALE INNOVANTE CONTRE La
maladie de PARKINSON

L’institution est dotée de gymnases spéciaux
utilisés à des fins thérapeutiques. |
Une première mondiale pour la technologie innovante
mise au point au CIREN : une nouvelle technique
chirurgicale pour le traitement de la maladie de
Parkinson, la sous-thalamotomie dorso-latérale sélective,
qui consiste à provoquer la « lésion » d’une structure
neuronale (noyau sous-thalamique), qui joue un rôle
essentiel sur les fonctions motrices.
Le CIREN compte également des produits médicaux et
pharmaceutiques de pointe et poursuit ses recherches
afin d’offrir la plus haute qualité possible.
Les résultats obtenus par cette institution dans ce
domaine et dans d’autres chirurgies fonctionnelles ont
été publiés par plusieurs importantes revues
spécialisées. Ils ont été présentés à des congrès de
neurologie et ils ont reçu la reconnaissance et la
coopération de l’Université d’Emory, d’Atlanta, aux
États-Unis, à travers les docteurs Mahlon DeLong et
Jorge Junco.
Par ailleurs, pendant de nombreuses années le CIREN a
bénéficié du soutien et de la coopération d’un autre
éminent spécialiste, le Dr José A. Obeso, de la Clinique
universitaire de Navarre, en Espagne, qui fut le
principal promoteur d’une réunion internationale de
spécialistes sur des thèmes associés à la maladie de
Parkinson, qui s’est déroulée il y a quelques années au
sein de cette institution cubaine.
« Le CIREN entretien également des liens étroits avec
des spécialistes du Mexique, d’Allemagne et du Royaume
Uni, entre autres, comme une forme saine de
mondialisation de la connaissance au service du
bien-être et de la santé des peuples », a souligné le Dr
Villa Acosta.
PROJETS DE COOPÉRATION INTERNATIONALE
Le Dr Villa Acosta a signalé qu’à l’heure actuelle
l’institution travaille à plusieurs programmes de
coopération avec des institutions étrangères, dont un
projet associé au diagnostic et au traitement de
l’autisme, auquel participent des spécialistes
espagnols, mexicains, brésiliens et argentins.
Il a précisé que des travaux sur l’épilepsie se
poursuivent actuellement avec le Mexique et le Canada,
et que des recherches sont menées avec des spécialistes
des États-Unis, d’Espagne et du Royaume Uni sur
l’utilisation de l’érythropoïétine et de nouvelles
variantes chirurgicales.
Il a ajouté que l’Institution qu’il dirige travaille
aussi étroitement avec l’Institut d’hématologie et
d’immunologie (placé sous la tutelle du ministère de la
Santé) et du Centre des neurosciences qui, avec le CIE,
fait partie du Groupe de l’industrie biotechnologique et
pharmaceutique (BioCubaFarma).
Le CIREN collabore avec les spécialistes de
l’Institut d’hématologie et d’immunologie à la
réalisation de transplantations de cellules souches
neurales utilisant des cellules de la moelle osseuse du
propre patient, dans le traitement de l’infarctus
cérébral. Cette institution développe ses propres
techniques de transplantation depuis 1987.
En collaboration avec le Centre des neurosciences
également, le CIREN a créé un laboratoire d’étude pour
le développement de solutions et de logiciels pour
faciliter le traitement en vue de la récupération des
capacités motrices, notamment des patients ayant subi
des traumatismes cérébraux.
« Le CIREN poursuit son travail et intensifie les
recherches et l’innovation dans les soins de santé. Les
défis sont nombreux, mais nous sommes fiers de nos
spécialistes, qui ont donné des preuves de leur
dévouement et de leur compétences, et sont résolus à
étendre les champs d’études aux frontières du savoir
humain. »