Yarisley Silva: « J’ai
conscience du poids de la responsabilité »
Harold Iglesias
Manresa
LA sauteuse à la perche cubaine Yarisley Sivla a une
idée fixe en tête : s’attaquer aux 5 mètres en 2014. Une
hauteur que seules la star russe Yelena Isinbayeva (5,06
m réussis le 28 août 2009 à Zurich) et la Nord-américaine
Jennifer Suhr (5,02 m en salle à Albuquerque, le 2 mars
2013) ont dépassée.

La Cubaine
rêve de devenir la numéro un mondiale de la
perche, de franchir la barrière des 5 mètres,
et de d’obtenir un bon résultat aux Jeux
olympiques de Rio de Janeiro, au Brésil, en
2016. |
Il se trouve que la Cubaine a complété le 8 juin le
trio des perchistes ayant franchi 4,90 m, performance
réussie à Hengelo, aux Pays-Bas, et qui lui a valu de
prendre la tête du classement mondial pendant une bonne
partie de la saison, et de se présenter aux Championnats
du monde de Moscou avec le statut de favorite. En Russie,
Yarisley a arraché une médaille de bronze in extremis
avec un saut de 4,82 m.
C’est à cette dernière compétition qu’elle a resenti
tout le poids de la responsabilité. Elle nous a confié
que cette dose extra de pression a très probablement
influé négativement sur son rendement. Rappelons que ce
n’est qu’à son troisième essai qu’elle avait sauté les
4,55 m requis pour accéder à la finale. Il lui avait
ensuite fallu trois tentatives pour franchir les 4,65 m
et les 4,82 m.
Originaire de Pinar del Rio, Yarisley Silva, 1,61m et
60 kg, élue une nouvelle fois parmi les meilleurs
sportifs cubains de l’année, a eu la gentillesse de nous
livrer ses impressions sur ces derniers championnats du
monde et sur sa saison 2013 en général.
La saison 2013 et les Championnats du monde de Moscou ?
D’une grande intensité. Et aussi pas mal de pression.
Tous les regards sont braqués sur vous quand vous êtes
en tête du classement mondial. Ce qui demande un
investissement total, tant sur le plan psychologique que
physique. 2013 aura été la saison la plus intense de ma
carrière, avec 20 compétitions en été, et c’est
l’aboutissement de nombreuses années d’efforts pour
tenter de stabiliser mes résultats. À Moscou, j’ai dû
m’efforcer au maximum – 12 sauts à la finale, y compris
trois ratés sur 4,89 m – aussi bien aux éliminatoires
que lors de la lutte pour les médailles. Jamais je n’ai
eu autant de pression. Et ensuite je suis arrivée un peu
fatiguée aux deux dernières étapes de la Ligue de
diamant.
Votre programme d’entraînement et vos objectifs
immédiats ?
Je m’entraîne de lundi à samedi près de trois heures
par jour. Le mardi, le jeudi et le samedi je privilégie
la technique, combinée à une pratique physique. Le lundi
je fais des exercices d’acrobatie et de la course, et le
vendredi je m’entraîne sur la plage. Les Championnats du
monde en salle de Pologne (du 7 au 9 mars) seront mon
premier objectif en ce début de saison, tout comme
rester parmi l’élite mondiale, ce qui n’est pas facile.
Personnellement, je préfère concourir en salle, car on
se sent plus proche des gens et la compétition est plus
spectaculaire.
Que pouvez-vous nous dire de votre entraîneur
Alexander Nava ?
Il est comme un père pour moi. Il est très méthodique
et intelligent. Il y a près de dix ans que nous
travaillons ensemble et j’ai pleinement confiance en lui.
Nous sommes partis de presque rien pour développer cette
discipline et il nous a fallu surmonter de nombreux
obstacles.
Yelena Isinbayeva ?
Une athlète exceptionnelle. Elle a fait un retour
impressionnant. J’aime bien concourir avec elle, et
aussi avec Suhr et la Britannique Holly Bleadsdale (blessée
en 2013) et la Brésilienne Fabiana Murer. Je pense que
ce sont les meilleures, même s’il y a plusieurs jeunes
athlètes russes très prometteuses ».
Tel est l’avis de Yarisley Sivla, qui avait obtenu la
médaille de bronze aux Jeux centre-américains et de la
Caraïbe de Cartagenas de Indias (Colombie) en 2006, son
premier résultat international, et ensuite une superbe
troisième place aux Jeux panaméricains de Rio de Janeiro
en 2007 (4,30 m).
Parmi ses objectifs, la Cubaine rêve de devenir la
première spécialiste de la perche de la planète, de
franchir la barrière des 5 mètres, et d’obtenir un bon
résultat aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro, en 2016.