Catalogne : le débat
sur l'indépendance se durcit
Miguel Lozano
LE conflit entre la Catalogne et le
gouvernement espagnol se durcit avec le
renforcement des positions de chaque camp.
Un conflit que certains qualifient de «
collision frontale entre deux trains » et
d’autres de « voie sans issue ».
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Mariano Rajoy
et Artur Mas fermement opposés
sur l'avenir de la Catalogne. |
D’un côté, le président de la Catalogne,
Artur Mas, a confirmé sa décision de
réaliser un référendum pour l’indépendance
de cette région autonome, alors que de
l’autre le président du gouvernement
espagnol, Mariano Rajoy, ne cesse de répéter
qu’il n’autorisera ni la consultation ni la
séparation de la Catalogne.
« Le referendum prévu le 9 novembre se
réalisera d’une façon ou d’une autre, et
toujours dans le cadre légal », a affirmé
Mas lors d’une interview à la chaîne de
télévision La Sexta, alors que Rajoy a
déclaré à une convention du Parti populaire
(PP) au pouvoir que le référendum n’aurait
lieu sous aucun prétexte.
Selon Artur Mas, même si la majorité des
Catalans ont voté massivement pour la
Constitution il y a 30 ans, ils ne se
sentent pas représentés, à cause du recul en
terme d’autonomie et du mépris, parfois
humiliant, des différents gouvernements du
PP envers les Catalans.
Pour la présidente de l’Andalousie,
présidente également du Parti socialiste
ouvrier espagnol (PSOP), il s’agirait d’une
véritable « collision frontale entre deux
trains », tandis que le PP, estime que Mas –
qui insiste pour organiser la consultation
de façon légale, alors qu’il n’a pas le
soutien du Parlement, est engagé dans une
« voie sans issue ».
Le PP et le PSOE – le principal parti
d’opposition espagnol – sont d’accord sur le
fait que le referendum est impossible car,
selon la Constitution, ce sont tous les
Espagnols qui doivent décider de la
structure territoriale.
Par ailleurs, le parti Gauche unie (IU),
la troisième force politique, défend le
droit au referendum mais rejette l’idée de
séparation.
Au cœur de cette dispute, il existe une
troisième voix défendue par le PSOE, la
gauche et d’autres forces, qui préconisent
une réforme de la Constitution afin de
l’adapter aux conditions actuelles et aux
différentes caractéristiques des 17
communautés autonomes.
Dans certaines des idées exprimées dans
ce sens apparaît la nécessité de remplacer
le système des communautés autonomes par une
fédération, même si la différence entre les
deux concepts reste peu claire.
Selon le parti Gauche unie, cela ne
résoudrait pas les problèmes de l’Espagne,
et il attribue la responsabilité
fondamentale des conflits au système
capitaliste et à la politique suivie par les
gouvernements du PSOE et le PP au détriment
des régions.
À l’autre extrême du pendule se trouvent
certains secteurs qui proposent une plus
grande centralisation, notamment le secteur
le plus à droite du Parti populaire. Une
position défendue par des dissidents du PP,
qui ont fondé récemment le parti Vox, qui se
définit comme de centre droite, mais qui, au
vu de ses prises de position, se situerait
plutôt à droite de Rajoy.
Le parlement catalan a ouvert une
nouvelle étape en demandant au Parlement
espagnol d’autoriser la Generalitat (gouvernement)
de Catalogne à convoquer un référendum,
cependant la réponse ne fait pas de doute,
compte tenu de l’opposition de PP et du
PSOE.
Ce résultat prévisible, déjà annoncé par
les autorités catalanes, ne signifiera pas
l’arrêt des aspirations indépendantistes
dans cette région du nord-est de l’Espagne,
qui entrerait sans doute alors sur le
terrain glissant de la légalité défendue par
les deux parties. (PL)