Compañeras et compañeros,
Nous avons vécu ces derniers temps des journées
intenses et émouvantes.
Ce mois-ci, nous avons organisé avec succès le 5e
Sommet entre Cuba et la Communauté des Caraïbes (Caricom),
puis, dimanche dernier, le 13e Sommet de
l’Alliance bolivarienne pour les peuples de Notre
Amérique (ALBA), où nous avons rendu l’hommage qu’ils
méritaient à ses deux chevilles ouvrières : le cher
président bolivarien Hugo Chavez Frias et le commandant
en chef de la Révolution cubaine, le compañero
Fidel Castro Ruz (Applaudissements).
Nous avons parmi nous Gerardo, Ramon et Antonio, ce
qui est un motif de réjouissance et de joie profondes
pour tout notre peuple, mais je reviendrai sur ce point
important à la fin de mon intervention. Sont aussi
présents les compañeros Fernando et René, et les
proches des Cinq Héros, ainsi que le jeune Elian
Gonzalez, son père Juan Miguel et le colonel Orlando
Cardoso Villavicencio, Héros de la République de Cuba,
qui vécut à un emprisonnement rigoureux de plus de dix
ans en Somalie.
Comme de coutume aux sessions de notre Parlement, il
m’incombe de passer en revue l’évolution de notre
économie en cette année qui tire à sa fin, ainsi que le
Plan et le Budget pour 2015, dont les députés ont
profondément débattus dans les dix commissions et à la
séance plénière d’hier.
Le 9e Plénum du Comité central du Parti
tenu jeudi dernier ayant été aussi consacré à l’analyse
de ces questions, je n’y ferai qu’une brève référence.
Notre Produit intérieur brut (PIB), on le sait, a
enregistré une croissance de 1,3 %, inférieure aux
prévisions initiales, du fait, entre autres, des
résultats insuffisants du premier semestre pendant
lequel nous avons affronté de graves limitations
financières faute des revenus extérieurs escomptés, de
conditions climatiques défavorables et de carences
internes de la gestion économique. Nous sommes parvenus
au second semestre à inverser modestement cette tendance
et à atteindre des résultats supérieurs.
Le plan de l’an prochain raffermit et renforce cette
tendance d’une croissance plus solide de l’économie
cubaine, basée sur l’élévation des réserves d’efficience
internes, sur la relance des secteurs productifs, en
particulier de l’industrie manufacturière, sur
l’optimisation des porteurs énergétiques et sur des
investissements supérieurs en infrastructures et en
production matérielle, tout en préservant des services
sociaux essentiels à notre population, telles la santé
publique et l’éducation.
On prévoit pour 2015 une croissance du PIB légèrement
supérieure à 4 %, un objectif que nous pouvons atteindre
dans la mesure où nous disposons suffisamment à l’avance
de meilleures ressources financières qu’au début de
2014. Ce qui ne veut pas dire, tant s’en faut, que cela
sera facile. Nous devrons continuer d’affronter les
effets de la crise économique mondiale et du blocus
étasunien qui se maintient, ces deux facteurs entraînant
incontestablement des obstacles au développement de
notre économie.
Nous continuerons parallèlement d’honorer
rigoureusement les engagements que nous avons pris pour
restructurer nos dettes envers nos principaux créanciers
et contribuer ainsi à la récupération graduelle de la
crédibilité de l’économie cubaine dans l’arène
internationale.
Hier après-midi, l’Assemblée nationale a voté la Loi
budgétaire de l’État pour 2015, laquelle envisage un
déficit de 6,2 % du PIB, considéré acceptable dans les
circonstances actuelles. Elle incorpore de nouveaux
impôts et réduit la taxe fiscale qui frappe le système
d’entreprises en correspondance avec l’application
graduelle de la Loi fiscale.
Différentes mesures adoptées renforceront le contrôle
fiscal face aux indisciplines et à la fraude fiscale par
les personnes juridiques et naturelles.
En l’occurrence, il ne faut pas se contenter de punir
les transgresseurs, puisque l’impunité équivaudrait à
encourager la violation des normes légales en vigueur ;
il faut aussi stimuler dans les institutions, les
entreprises, les coopératives et chez les travailleurs à
leur compte une culture du « civisme fiscal », pour
faire comprendre que les impôts constituent la formule
principale pour redistribuer le revenu national dans
l’intérêt de tous les citoyens.
Par ailleurs, nous avons continué de mettre en œuvre
les Orientations de la politique économique et sociale
du Parti et de la Révolution adoptées par le 6e Congrès.
Nous sommes entrés à cet égard, comme nous l’avons dit,
dans une étape qualitativement supérieure où l’on
abordera des tâches extrêmement complexes dont la
solution aura des retombées sur tous les aspects de
l’activité nationale.
Je veux parler, en premier lieu, de l’unification
monétaire en vue de laquelle nous avons solidement
progressé au second semestre du point de vue conceptuel
et tracé un train de mesures d’envergure pour éviter que
l’économie et la population en souffrent.
La décision de généraliser les ventes en pesos
convertibles (CUP) dans les magasins en devises a été
favorablement accueillie, et nous l’élargirons d’une
manière graduelle.
Je saisis l’occasion pour ratifier deux concepts
incontournables :
Tout d’abord, l’unification monétaire n’est ni la
panacée, ni la solution immédiate à tous nos problèmes
économiques.
Cette décision importante doit s’accompagner d’un
train de mesures macroéconomiques qui favoriseront la
réorganisation monétaire du pays par des instruments
capables de garantir l’équilibre des finances nationales,
ce qui contribuera de façon décisive à améliorer le
fonctionnement de notre économie et la construction à
Cuba d’un socialisme prospère et durable.
Le second concept n’est pas moins important : les
dépôts bancaires en devises étrangères, en pesos
convertibles cubains (CUC) et en pesos cubains (CUP),
ainsi que les liquidités aux mains de la population et
des personnes juridiques nationales et étrangères seront
garantis.
Nous n’ignorons pas que certains, dans le pays et à
l’étranger, n’ont cessé de se prononcer, parfois d’une
façon saine, parfois d’une façon absolument malsaine,
sur le rythme de la mise à jour de notre modèle
économique.
On n’a pas manqué non plus, depuis l’étranger, de
nous exhorter à hâter la privatisation, y compris des
principaux secteurs de production et de services, ce qui
reviendrait à baisser le pavillon du socialisme à Cuba.
Ces gens-là, à ce qu’il semble, n’ont même pas pris
la peine de lire nos Orientations, où il est écrit
clairement : « …le système économique qui prévaudra
continuera de reposer sur la propriété socialiste de
tout le peuple sur les moyens de production
fondamentaux, et le principe de distribution
socialiste : ’ De chacun selon ses capacités ; à chacun
selon son travail’ devra régir. »
Nous continuerons de mettre en œuvre les accords du
6e Congrès du Parti communiste de Cuba, en toute
responsabilité, fermement, à la vitesse dont nous
déciderons ici souverainement, sans mettre en péril
l’unité des Cubains, sans laisser qui que ce soit livré
à son sort, sans appliquer de thérapies de choc et sans
jamais renoncer aux idées de justice sociale de cette
Révolution des humbles, par les humbles et pour les
humbles.
Nous lancerons l’an prochain les préparatifs du 7e
Congrès du Parti, qui se tiendra en avril 2016, et en
vue duquel les militants communistes et tout le peuple
débattront de manière démocratique et ample de la mise
en œuvre de ces Orientations.
La mise à jour de notre modèle va étroitement de pair
avec la décentralisation graduelle – je répète :
graduelle – des facultés, depuis les ministères jusqu’au
système d’entreprises.
Impossible de le faire en un tournemain, si nous
voulons réussir. Nous devons nous donner le temps de
préparer et de former, comme nous le faisons, les cadres
à tous les niveaux, de modifier les mentalités
archaïques, de rejeter de vieilles habitudes, ainsi que
d’élaborer et mettre en place le cadre juridique et les
procédés précis qui permettront aux uns et aux autres de
contrôler si les décisions sont appliquées correctement,
de rectifier les erreurs en temps opportun et d’éviter
ainsi des reculs fâcheux.
C’est pour favoriser une plus grande autonomie de
l’entreprise publique socialiste que, entre autres
mesures, son objet social a été élargi et assoupli, que
les fonctions de l’État ont été définies et que des
facultés lui ont été concédées pour vendre ses excédents
de production. Par ailleurs, les limites administratives
concernant les salaires liés aux résultats ont été
supprimées.
Ces transformations devront s’exécuter graduellement,
sans hâte, dans l’ordre, la discipline et l’exigence.
La juste aspiration à de meilleurs salaires est une
question très sensible, et nous n’avons pas le droit de
nous tromper, ni de nous laisser emporter par des vœux
pieux ni d’improviser.
Nous nous réjouissons de voir s’élever peu à peu les
salaires de ceux qui travaillent dans les activités où
les résultats sont les plus efficaces et qui apportent
des bénéfices ayant un impact économique et social
spécifique.
Toutefois, qu’il soit bien clair que nous ne pouvons
distribuer une richesse que nous n’avons pas été
incapables de créer. Le faire aurait de graves
conséquences sur l’économie nationale et sur chaque
citoyen. Inonder les rues d’argent sans une croissance
équivalente de l’offre de biens et services provoquerait
une inflation, un phénomène qui, entre bien d’autres
effets, réduirait le pouvoir d’achat des salaires et des
pensions, et frapperait en premier lieu les plus
modestes. Et nous ne pouvons pas le permettre.
Durant la première année d’application de la nouvelle
politique salariale, de nombreuses entreprises ont violé
l’indice de dépense salariale ajustée au peso de valeur
ajoutée brute, autrement dit, elles ont payé des
salaires plus élevés sans la valeur correspondante en
production. Et c’est là, comme j’en ai averti à
plusieurs reprises, une indiscipline grave, très grave,
que les dirigeants administratifs et les organisations
syndicales doivent combattre résolument.
Dans notre système social, nul ne l’ignore, les
syndicats défendent les droits des travailleurs, et,
pour ce faire, ils doivent être les premiers à veiller
non seulement sur les intérêts d’un lieu de travail
déterminé, mais sur les intérêts de toute la classe
ouvrière, lesquels sont, par essence, les mêmes que ceux
que soutient la nation entière.
Nous ne pouvons laisser se développer et se renforcer
l’égoïsme et la cupidité chez nos travailleurs. Nous
voulons tous de meilleurs salaires, et nous en avons
tous besoin, mais il faut auparavant créer la richesse
pour pouvoir la distribuer ensuite selon la contribution
de chacun.
Bien entendu, je n’ai pas mentionné de nombreuses
autres questions liées à la mise à jour de notre modèle
économique : d’autres déviations se sont présentées que
nous devons rectifier à temps pour ne pas avoir à faire
marche arrière. Mais pour cela, nous devons travailler
avec beaucoup de sérieux et de sens de nos
responsabilités.
Personne au monde ne peut contester l’action
remarquable de Cuba, cette année-ci, dans l’arène
internationale. Le défi que nous avons à relever en tant
que Cubains est très grand : situer l’économie à la
hauteur du prestige politique que notre petite île des
Antilles a conquis grâce à la Révolution, à l’héroïsme
et à la capacité de résistance de son peuple. L’économie
restant l’examen qu’il nous faut encore réussir, nous
avons le devoir de l’acheminer définitivement vers le
développement durable et irréversible du socialisme
cubain.
Comme je l’ai dit au début, les députés et le peuple
tout entier ressentent une émotion et une joie énormes
devant le retour dans notre patrie de Gerardo, de Ramon,
d’Antonio, de Fernando et de René. La promesse de Fidel,
voilà maintenant treize ans, s’est accomplie ! L’exemple
de fermeté, de sacrifice et de dignité extraordinaire
des Cinq enorgueillit la nation tout entière, qui a
bataillé inlassablement pour leur libération et qui les
accueille aujourd’hui en véritables héros (Applaudissements).
Je tiens à réitérer ma profonde et sincère gratitude
à tous les mouvements et comités de solidarité qui se
sont battus pour arracher leur liberté, aux
gouvernements, aux parlements, aux organisations, aux
institutions et aux personnalités qui, en grand nombre,
y ont grandement contribué.
Le peuple cubain sait gré au président des
États-Unis, Barack Obama, de cette juste décision. Il a
levé ainsi un obstacle aux relations entre nos pays.
Le monde entier a réagi positivement aux annonces
faites mercredi dernier, appréciant leur importance pour
les relations internationales, surtout pour les
relations des États-Unis avec la région, ce qui a
suscité des déclarations favorables de gouvernements, de
présidents et de personnalités reconnues, ce dont nous
les remercions sincèrement.
Elles ont été le fruit de conversations soutenues au
plus haut niveau, dans la plus grande discrétion, et qui
ont bénéficié de la contribution du Pape François et des
facilités offertes par le gouvernement canadien.
Ce résultat découle aussi des profonds changements
intervenus en Amérique latine et dans les Caraïbes, dont
les gouvernements et les peuples réclament à l’unisson
que les États-Unis suivent une autre politique envers
Cuba.
Nous nous félicitons de la décision du président
Obama d’écrire un nouveau chapitre dans les relations
entre nos deux nations et d’opérer dans la politique
étasunienne les changements les plus marquants de ces
cinquante dernières années.
Nous apprécions comme elle le mérite sa disposition
d’engager au Congrès un débat sur la levée du blocus,
ainsi que son souhait d’instaurer un avenir meilleur
pour nos deux peuples, pour le continent et pour le
monde.
Nous partageons l’idée qu’une nouvelle étape peut
s’ouvrir entre les États-Unis et Cuba, à commencer par
le rétablissement des relations diplomatiques qui
devront reposer sur les conventions relatives aux
relations diplomatiques et consulaires régissant la
conduite des missions correspondantes et de leurs
fonctionnaires.
Nous assisterons aux contacts de haut niveau entre
les deux gouvernements dans un esprit constructif, de
respect et de réciprocité, afin de progresser vers la
normalisation des relations bilatérales.
Comme je l’ai dit le 17 décembre, un pas important a
été fait, mais reste à régler l’essentiel : la levée du
blocus économique, commercial et financier imposé à
Cuba, et qui s’est renforcé ces dernières années,
surtout dans le domaine des transactions financières où
les États-Unis ont infligé des amendes aussi énormes
qu’illégitimes à des banques de différents pays.
Compte tenu des conditions qui ont été annoncées,
notre peuple doit comprendre qu’il s’agit là d’une lutte
longue et difficile, qui exigera que la communauté
internationale se mobilise et que la société étasunienne
continue de réclamer la levée du blocus.
Tous les sondages indiquent que la majorité des
Étasuniens et une majorité encore plus large de
l’émigration cubaines sont favorables à la normalisation
des relations bilatérales. Au Congrès, qui a converti en
loi les dispositions du blocus, grandit aussi
l’opposition à cette politique.
Nous espérons que le président Obama utilisera avec
décision ses prérogatives exécutives pour modifier
substantiellement les aspects du blocus qui n’exigent
pas l’approbation du Congrès.
Pour notre part, nous étudierons la portée et les
modalités d’application des mesures exécutives positives
que le président Obama a annoncées.
L’instruction qu’il a donnée de réviser l’inscription
injustifiable de Cuba sur la liste des États parrainant
le terrorisme est encourageante. Les faits prouvent que
Cuba a justement été victime de nombreux attentats
terroristes, dont beaucoup des auteurs, comme on le
sait, jouissent aujourd’hui de l’impunité, et qui ont
occasionné parmi notre peuple des milliers de morts et
de mutilés.
Les prétextes avancés à ces fins sont absolument
infondés, comme le sait le monde entier. Ils ne servent
que d’arguties à certains intérêts politiques pour
justifier la recrudescence du blocus, notamment dans le
secteur financier.
Cuba n’a jamais organisé, ou financé, ou exécuté un
seul acte terroriste contre aucune personne, aucun
intérêt ni aucun territoire des États-Unis, et elle ne
le permettra pas. Chaque fois que nous avons eu des
informations sur des plans terroristes contre ce pays,
nous en avons informé son gouvernement auquel voilà des
années que nous proposons d’établir un accord de
coopération en la matière.
Nous avons toujours été disposés à un dialogue
respectueux et réciproque, sur un pied d’égalité, afin
de traiter les points les plus divers, sans la moindre
atteinte à notre indépendance et à notre
autodétermination, et sans renoncer, comme l’a toujours
signalé Fidel, à un seul de nos principes.
Il ne sera possible de progresser, je le répète, que
dans le respect mutuel, lequel implique l’observation
des principes du Droit international et de la Charte des
Nations Unies, dont l’égalité souveraine des États,
l’égalité en droits et l’autodétermination des peuples,
le règlement des différends internationaux par des voies
pacifiques, le non-recours à la force ou à la menace de
la force contre l’intégrité territoriale ou
l’indépendance de n’importe quel État, l’obligation de
ne pas intervenir dans les affaires relevant de la
juridiction des États, ce qui implique que toute forme
d’ingérence ou de menace visant les facteurs politiques,
économiques et culturels d’un État constitue une
violation du droit international.
La Proclamation de l’Amérique latine et des Caraïbes
comme Région de paix, signée par les chefs d’État ou de
gouvernement des pays membres de la Communauté des États
latino-américains et caribéens (CELAC) au Sommet tenu le
29 janvier dernier à La Havane, affirme que tout État a
le droit inaliénable de choisir son système politique,
économique, social et culturel sans aucune forme
d’ingérence de la part d’un autre État, ce qui constitue
un principe du droit international. Ce document a été
signé ici, à La Havane, par tous les chefs d’État ou de
gouvernement de ce sous-continent, exception faite, bien
entendu, des États-Unis et du Canada, qui n’y
assistaient pas.
De profondes différences séparent les gouvernements
étasunien et cubain, entre autres des conceptions
distinctes sur l’exercice de la souveraineté nationale,
sur la démocratie, sur les modèles politiques et sur les
relations internationales.
Nous réitérons notre disposition à un dialogue
respectueux et réciproque sur nos divergences. Nous
avons des convictions arrêtées et de nombreuses
inquiétudes sur ce qu’il se passe aux États-Unis en
matière de démocratie et de droits de l’Homme, et si
nous acceptons de discuter, à partir des fondements déjà
énoncés, de n’importe quel point que les États-Unis
voudraient aborder, eh bien nous le ferons, sur les
réalités d’ici, mais aussi sur celles de là-bas.
Que l’on ne prétende pas, pour une amélioration de
ses relations avec les États-Unis, que Cuba renonce aux
idées pour lesquelles elle a lutté plus d’un siècle
durant, pour lesquelles son peuple a versé beaucoup de
sang et au nom desquelles elle a couru les plus grands
périls !
Que l’on comprenne bien que Cuba est un État
souverain, dont le peuple a voté librement par
référendum une Constitution qui a décidé de son cap
socialiste et de son système politique, économique et
social ! (Applaudissements.)
De la même manière que nous n’avons jamais demandé
aux États-Unis de changer leur système politique, de la
même manière nous exigeons qu’ils respectent le nôtre !
En tant que gouvernements, nous devons adopter des
mesures mutuelles à même de prévenir et d’éviter des
faits qui pourraient entraver les progrès escomptés dans
les relations bilatérales, dans le respect des lois et
de l’ordre constitutionnel de chaque partie.
Nous n’ignorons pas que le président Obama, une fois
ces mesures annoncées, a dû supporter des critiques
virulentes de la part de forces qui s’opposent à la
normalisation des relations avec Cuba, dont des
législateurs d’origine cubaine et des meneurs de
groupuscules contre-révolutionnaires qui refusent de
perdre le train de vie que leur ont procuré des dizaines
d’années d’affrontement entre nos pays. Ils feront tout
leur possible pour saboter cette évolution, et il faut
s’attendre à des provocations de toute sorte. De notre
côté, nous ferons preuve d’une conduite prudente,
modérée, réflexive, mais résolue (Applaudissements).
Cuba compte de nombreuses et diverses organisations
de masse, syndicales et sociales, de paysans, de femmes,
de lycéens et d’étudiants, d’écrivains et d’artistes,
qui sont même représentées au Conseil d’État, ainsi que
des organisations non gouvernementales dont beaucoup
sont représentées à cette Assemblée de députés, et qui
s’offenseraient qu’on puisse les confondre avec quelques
centaines d’individus qui reçoivent de l’argent, des
instructions et de l’oxygène de l’étranger.
Nous continuerons de défendre devant les organismes
multilatéraux, telle l’Organisation des Nations Unies,
la paix, le droit international et les causes justes,
ainsi que de dénoncer les menaces à la survie de
l’espèce humaine que constituent les changements
climatiques et les arsenaux atomiques.
Nous continuerons de promouvoir la jouissance, par
toutes les personnes, des droits de l’Homme, dont les
droits économiques, sociaux et culturels, ainsi que le
droit des peuples à la paix et à l’autodétermination.
La Révolution cubaine sait profondément gré aux
peuples, aux partis et aux gouvernements qui lui ont
témoigné une solidarité invariable et permanente, et
elle continuera de fonder sa politique extérieure sur la
fidélité indéfectible à ses principes
(Applaudissements).
Les relations spéciales que nous entretenons avec la
République bolivarienne du Venezuela en sont tout un
symbole. Nous continuerons de l’appuyer face aux
tentatives de déstabilisation que souffre son
gouvernement légitime, dirigé par le compañero
président Nicolas Maduro Moros, et nous rejetons les
prétentions d’imposer des sanctions à cette nation sœur
(Applaudissements).
Nous sommes prêts, comme je l’ai dit voilà quelques
jours, à coopérer avec les États-Unis de manière
multilatérale et bilatérale face aux dangers qui exigent
des interventions humanitaires collectives et efficaces,
qu’on ne devrait jamais politiser.
C’est le cas de la lutte contre l’épidémie à virus
Ébola en Afrique de l’Ouest et de sa prévention dans les
Amériques, comme l’a affirmé le Sommet extraordinaire de
l’ALBA sur ce thème, qui s’est tenu en octobre dernier à
La Havane.
Je répète ce que j’ai dit aux récents Sommet de la
Caricom et de l’ALBA : je remercie le président
panaméen, Juan Carlos Varela, de m’avoir invité à
participer au 7e Sommet des Amériques, et je
confirme que j’y assisterai pour exprimer les positions
de Cuba, sincèrement et en y respectant tous les chefs
d’État ou de gouvernement sans exception.
La participation de Cuba est le fruit du consensus
solide et unanime de l’Amérique latine et des Caraïbes,
qui vivent une époque spéciale et qui se sont unies dans
leur diversité au sein de la CELAC, que Cuba s’est
honorée de présider l’an dernier.
Nous n’oublions pas que l’ALBA, en le réclamant
inlassablement avec le concours de tous les pays de la
région, a réussi à faire éliminer les vieilles et
honteuses sanctions imposées à Cuba en 1962 par
l’Organisation des États américains, et ce au Honduras
où, à peine un mois après, son président, le
compañero Zelaya, était renversé par un coup d’État.
Compañeras et compañeros,
Nous fêterons dans quelques jours le Nouvel An et le
56e anniversaire de la Révolution ; voilà seulement deux
jours, le 18 décembre, nous avons évoqué le 58e
anniversaire de ma rencontre avec Fidel à Cinco Palmas
de Vicana, en plein cœur de la Sierra Maestra (Applaudissements)
et de son exclamation historique, quand il eut appris
que nous pouvions compter sur sept fusils pour reprendre
la lutte : « Cette fois, la guerre est gagnée ! » (Applaudissements.)
La confiance inébranlable en la victoire que nous a
inculquée Fidel continuera de guider tout notre peuple
défendant et perfectionnant l’œuvre de sa Révolution.
Je vous félicite pour le Nouvel An !
Saluons l’An 57 de la Révolution cubaine !
Je vous remercie. (Ovation.)